Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.


Probablement un des plus beaux (et le plus intéressant) lieu que j’ai jamais visité. Pour des raisons de conservation, les gens qui m'ont fait découvrir cet endroit m'ont demandé de ne pas donner sa localisation. Le nom du domaine est fictif, je l'ai inventé lors de ma première visite, et je vous propose de vous faire découvrir cet endroit comme si je vous vous le visitiez. On commence par ma première visite le 2 Juin 2011, et ça commence par entrer dans le domaine. On attends qu’il n’y ait pas trop de voitures qui passent, on s’engouffre dans les buissons, on enjambe un fossé qui n’a plus rien d’un fossé, on passe par-dessus un grillage ne dépassant pas un mètre de haut, et nous voilà dans le domaine. Au loin, à travers la végétation envahissante, on distingue une masse, une sorte de vieux bâtiment. C’est le plus décrépi des trois trucs à voir dans le Domaine. En très mauvais état, je n’aimerais pas m’y promener par grand vent ou sous un orage.






















Ci-dessous l'autre partie de la statue, prise en photo par Philippe LM en 2019 :



La toiture est archi-défoncée, la végétation a tout envahi, des arbustes (voir des arbres, tout court) poussent dessus, dedans, en travers… Le lierre a infiltré la pierre au fil du temps, on touche à peine aux murs et on sent qu’on pourrait en renverser un en tapant fort dedans. Ici et là, des morceaux se sont désolidarisés, et ne tiennent encore que parce que le lierre forme un filet accolé à la bâtisse.

























A l’intérieur, la surprise qui tue : presque pas de tags. Tout juste trois ou quatre grafs. Plutôt réussis, ils apportent une touche artistique pas déplaisante. C’est pas comme si des gens étaient venus écrire leurs pseudos pour dire qu’ils sont passés par là... L’intérieur offre d’autres surprises : un lit, un sac, des restes de papier peint, un vieux poêle, un coffre-fort rouillé (!), d’autres choses que j’ai oublié. L’accès aux étages (il y en a deux, ou trois je crois) est malheureusement compromis par l’état désastreux de l’escalier central. Alors quoi, on s’en va ? On continue la visite en allant voir le deuxième bâtiment ? Pas si vite, regardez là-bas, c’est l’entrée de la cave. Lampe obligatoire, et j'espere que vous n'avez pas peur du noir...





















Après avoir descendu des marches plus qu’émoussées, on découvre des pièces toutes les plus obscures les uns que les autres. Ce qui est bien avec les endroits abandonnés, c’est qu’on retrouve souvent des choses dans les caves. Pourquoi ? Parce que tout le monde n’emmène pas une lampe de poche… Ici, beaucoup de bouteilles, dont une ou deux avec encore des étiquettes. Là, du charbon minéral, des restes de charbon de bois, et à un endroit, une nuée de moustiques collés au mur, dormants, silencieux et immobiles. On passe sans les déranger. On pourrait ressortir et se diriger tout de suite vers le deuxième bâtiment, mais au détour d’un couloir… Une petite porte. On l’ouvre, et devant nous s’étant un long couloir de service. Il court jusqu’au deuxième bâtiment. Nous l’empruntons.

Et c’est donc par l’intérieur que nous pénétrons dans «Les Communs». Ce bâtiment dont la topographie est facilement identifiable offre lui aussi de belles choses à voir. A commencer par les écuries, que l'on trouve dans la première pièce juste après le couloir. Beaucoup de choses sont encore là, on devine encore la couleur des peintures. Des machines trainent à coté. En face, de l’autre coté de la cour, des carcasses de voitures, un établi avec une scie circulaire, et, surmontant un des flancs, un petit pigeonnier pittoresque.

























Dans les pièces s’amoncèlent des objets, des trucs, des bidules, cela prendrait un temps fou à tout décrire. Niveau conservation, les communs sont assez délabrés. Parcourir le premier étage n’est pas rassurant du tout. On voit le rez-de-chaussée à travers les trous dans le plancher, ça craque, ça grince…

Au milieu de la court envahie de mauvaises herbes et de ronces : des chaises. Qui vient ici ? Dans certaines pièces, des vis plantés à même le sol, recouvertes de peinture orange fluo semblent indiquer que les communs risquent d’être purement et simplement rasés (ou réhabilités ?). On ressort par une petite porte opposée à la grande, impraticable, et on emprunte un petit sentier qui conduit au troisième bâtiment de cette visite.

































On l’aperçoit directement depuis le sentier. L’herbe du domaine a été coupée, et les nombreux arbustes qui obstruaient la vue ont été coupés. On se prend donc la façade du grand manoir en pleine face, et c’est impressionnant. Autant le premier manoir (celui qui communique avec les communs via un tunnel) est assez banal d’un point de vue architectural, autant le grand manoir est un émerveillement pour les yeux. C’est le plus beau manoir que j’ai jamais vu. Ci-dessous, une photo prise lors de sa construction, probablement entre 1910 et 1913.







































Le regard se perd parmi toutes ces fenêtres, cette toiture si particulière… Et cette ambiance de ruine que renforcent les motifs qu’on trouve ici et là. On entre par une grande entrée et on est sidéré par la hauteur sous plafond. C’est immense. Prenons à droite, on découvre d’autres pièces où subsiste encore des décorations (notamment une peinture d’arbuste dorée encore bien conservée) et on arrive à un magnifique cloître avec ses jolies voutes et son bassin au centre dont le fond boueux doit certainement contenir des artefacts que personne n’a encore jamais vu.

Le rez de chaussée est un enchantement et se prolonge plus bas via un escalier pour nous faire entrer dans le quartier des domestiques. Encore une fois, c’est un régal : si il ne reste plus grand-chose en terme d’objets, et on a du mal à croire que ce grand manoir est resté dans cet état depuis aussi longtemps - depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale d’après mes recherches.





































Par la cuisine on accède à une immense cave. Je ne plaisante pas, la cave est immense. Elle est aussi grande en termes de surface que le rez-de-chaussée, et contient (comme la cuisine) sa part de merveilles. Si certaines pièces sont vides, celles qui contiennent des choses contiennent de très belles choses. Comme par exemple cette immense citerne de fioul (qui fut installée là dès que la cave fut finie) et cette salle incroyable avec toute cette machinerie… La cave contient encore d’autres pièces, avec d’autres objets, elle est vraiment très grande. Mais pourquoi toute cette immense machinerie ? Pour comprendre, il faut monter au premier étage…

























Le grand escalier n’existe plus mais on peut accéder au premier étage via l’escalier de service. Et c’est en découvrant une à une les chambres du grand manoir de cet étage que l’on comprend pourquoi le système de chauffage est aussi immense : chaque chambre contient sa propre salle de bain. Ca a l’air bête comme ça mais imaginez que ce manoir contient un peu plus d'une dizaine de chambres, et qu’il fallait que le manoir ait (dans l’absolu) la capacité de chauffer de l’eau au cas où une dizaine de personnes prendraient un bain en même temps, ou tout simplement chauffer dix chambres.













Autre détail qui tue : presque chaque salle de bain possède sa propre couleur de mosaïque couvrant les murs. Je ne suis pas du tout un expert en carrelage mais c’est diablement joli et bien conservé. A un endroit, le carrelage d’une salle de bain a été pillé, pourquoi pas les autres ? Le carrelage de la chambre «des parents» est encore là lui aussi. Cette salle de bain est hallucinante de beauté. Beauté malheureusement gâchée par un graf que j’aimerais bien effacer. On continue la visite et on trouve un bureau (d’après mes recherches c’est bien le bureau) avec des fresques au plafond. Et une ambiance religieuse un peu bizarre pour un bureau, mais c’est bien un bureau d’après ce que je sais.















D’autres pièces s’offrent à nous, d’autres objets, il y a tant à voir, ça donne le tournis. Puis un grenier pas si inaccessible que ça où l'on trouve de vieux meubles. Et voilà, la visite est finie. On ressort, on fait le tour de la bâtisse, si grande et si belle, avec son lac qui lui fait face. Si vous avez un bon zoom vous verrez qu’il y a une île où sont posées trois colonnes grecques.


.
Ci-dessous, une vidéo tournée le 29 Juin 2011.








Ci-dessous un montage avant/après fait en 2014 :



Automne 2015 : Depuis le temps que j'en rêvais, j''ai enfin pu aller sur l'île !
Et ça valait le coup. Pour la visite, cliquez ici ou sur la photo ci-dessous.



Hiver 2015 : Grâce à un gentil lecteur j'ai pu découvrir d'autres colonnes dans la forêt ainsi qu'une très belle surprise recouverte de mousse... Cliquez ici ou sur l'image ci-dessous pour voir tout ça.



Ci-dessous, des photos de nuit (2016) avec Nico de Accès Interdit !





Septembre 2016 : Sur le domaine existent d'autres choses à voir et en particulier quelque chose que je n'avais vues lors de mes visites précédentes : une citerne ! Une étrange citerne un peu décrépie située à l'écart, tellement à l'écart que c'est bizarre qu'elle soit située aussi loin. Peut-être alimentait-t-elle un verger situé à cet endroit ? Le mystère demeure. Merci à Bar à Ruines pour m'avoir signalé ça, cliquez ici ou sur l'image ci-dessous pour admirer cette citerne.




Mars 2018 : Ci-dessous, trois photos des communs. Un grand merci à Terre d'Urbex !







Mars 2018 : Bravo à Urbex Connection pour la vidéo ci-dessous !