Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.


La première fois que j’ai vu ce lieu, c’était dans une vidéo de Zeiurbex. L’architecture atypique de la grande bâtisse et les petites fenêtres m’ont aussitôt plu. Ok le lieu était très tagué et avait déjà été visité par à peu près tout le monde depuis la nuit des temps, mais qu’importe, le lieu avait un look trop atypique pour passer à coté.

La première fois que je suis venu sur place, ce fut à l’occasion d’un «apéro urbex» (photos souvenir ici et ). C’était début Juillet 2017, il faisait bien chaud, le soir commençait à tomber… Parfait pour voir la tête du lieu, et commencer à chercher son histoire, des vues aériennes et autres informations en attendant de revenir. Toute cette végétation d’été était sympa, mais on ne distinguait pas assez la forme de la bâtisse. Je décidais donc de faire ma deuxième visite quand il n’y aurait plus de feuilles aux arbres. Quelques mois plus tard, par un ensoleillé matin d'hiver, toutes les conditions étaient réunies pour documenter cet étrange lieu. Après avoir marché quelques minutes dans un bois tout ce qu’il y a de public (et visité par des randonneurs, des cyclistes etc) je me trouvais face au curieux bâtiment.

Ce qui me plait avec cette bâtisse, à priori pas bien intéressante, c’est que comme quelques manoirs que j’ai eu la chance de visiter, les quatre faces sont différentes. Quel que soit l’angle où l’on se trouve, le lieu offre un spectacle différent. Visuellement, le lieu parait assez basique, comme une simple maison. Mais une maison bien massive, comme on peut s'en rendre compte au fur et à mesure que l'on s’en approche. La toiture ayant disparu, il ne reste plus que des formes en diagonales au sommet (ainsi que des cheminées) donnant un aspect moderne plutôt curieux à l’ensemble, presque comme une sculpture géante.










Faisant le tour de l’édifice, je documente quelques détails. Rien de bien passionnant : du béton armé, de la brique, des parpaings… Si la bâtisse semble solide, l’ensemble fait tout de même un peu peur en regardant de plus près un des piliers du balcon principal.













En venant à l’apéro urbex en Juillet 2017 on m’avait dit que la Mairie avait tenté de détruire le site, mais n’y était pas parvenu, le lieu étant bien trop solide. A un endroit de la maison, on voit effectivement un balcon effondré. C’est vrai qu’il n’y a pas de raison pour qu’un balcon (soutenu par des piliers) s’effondre comme ça, on parle tout de même de béton armé. Quand a eu lieu cette tentative de destruction ? Nous le verrons après la visite.



Je profite de ce que je parle de béton armé pour évoquer l’appellation «fortifié par les Allemands durant la Deuxième Guerre Mondiale» que j’ai relevé un peu partout sur Internet au sujet de ce lieu : je ne sais pas d’où sort cette histoire de fortification, mais sur la toute première vue aérienne où le lieu apparait (1932, quelques années avant 1939-1945, donc) il a déjà le même look qu’aujourd’hui. S’il a été fortifié, c’est donc de l’intérieur. Ou alors c’est une légende urbaine. Vous verrez cette vue de 1932 un peu plus bas. Ci-dessous, je m'approche un peu plus de l'édifice et m'apprête à entrer à l'intérieur.








Si l'extérieur était assez carré mais possédait quelques angles intéressants (toiture, cheminée, fenêtre) l'intérieur est complètement basique et sans originalité. Bon, il y a bien quelques arches, mais ça se limite à ça, le lieu est fonctionnel de A à Z, sans fioritures. Absolument partout, des tags, des grafs, des restes de soirées... Rien de bien étonnant vu la popularité du site et son accessibilité. Par endroits, certains grafs sont pas mal à observer, et donnent un peu de vie à un lieu vraiment très sombre. Les symboles blancs peints sur les murs noirs donnent un charme ésotérique plutôt cool.

















Direction l'étage. Pas compliqué à atteindre, s'y promener est en revanche déconseillé vu le nombre de trous un peu partout. L'escalier central ayant disparu, il n'est pas possible de visiter le dernier étage.














Ici aussi il ne reste plus rien du passé du lieu. Aucun objet, aucune trace, aucune décoration, rien. Vraiment rien ? Il reste bien ces volets en bois qui n'ont miraculeusement pas brûlé, mais à part ça, le spectacle est bien apocalyptique comme l'on peut s'y attendre en venant visiter un lieu tel que celui-ci. C'était la même chose au Domaine de Bois-Maison, lui aussi tagué et dégradé après des années et des années d'abandon, de soirées, d'airsoft, de paintball etc.

















La visite étant terminée, je range mes affaires et fait une dernière photo du lieu.

Et maintenant, un peu d'histoire. Construit par le directeur d'un journal ayant disparu un peu avant la fin de la Seconde Guerre Mondiale, de nombreux sites indiquent que la maison fut édifiée dans les années 20. Comme on peut le voir sur les vues aériennes ci-dessous, le lieu fut construit entre 1923 (pas de maison) et 1932 (maison). Je n'ai pas trouvé de vues entre ces deux années. Le directeur du journal était également président d’un consortium regroupant les plus grands journaux de Paris, mais aussi producteur de cinéma (des films tirés des feuilletons publiés dans son journal). Ces postes multiples expliquent qu'il ait eu les moyens de se faire bâtir une aussi grande maison. De nombreux autres détails sur sa vie sont disponibles sur Internet, mais sans réel rapport avec la maison, donc je n'en parlerais pas. Ci-dessous, une très jolie carte postale ancienne envoyée par Urbex Paradise. Merci !




Ci-dessous une autre photo ancienne :






Le fait marquant concernant ce lieu est sa réquisition par l'Armée Allemande durant la Seconde Guerre Mondiale pour en faire un bordel (il n'y a pas d'autres mots). Comme j'en avais parlé en début de page, de nombreux articles disent que les Allemands ont "fortifié" la maison, hors, sur les vues ci-dessus, le lieu a la même forme que nous lui connaissons dès 1932. Il s'agit donc probablement de fortifications internes, ou alors c'est tout simplement une légende urbaine. A la Libération, le lieu fut pillé et saccagé. Ci-dessous, le lieu en 1947 et 1956.



Ci-dessous, la maison les pieds dans l'eau lors d'une crue de la Seine. Cette vue est intéressante pour deux raisons : 1) la zone est inondée, mais, surtout, 2) la toiture a disparu. A cause d'un incendie ? Peut-être bien, puisque de nombreux articles parlent de saccage et de pillage après la Libération.

Ci-dessous, des photos allant de 1961 à 1970. Il est difficile de dater quand la Mairie a tenté de démolir le site, mais la vue de 1961 semble être la dernière à montrer le balcon intact.









Ci-dessous, trois magnifiques vues datant de 1971. La végétation est partout, et les chemins qui permettaient à des véhicules de se garer devant la maison sont tous engloutis par la verdure.








Ci-dessous, une vue de 1972. Cette année-là il semble qu'il y eut un peu de ménage fait aux abords de la maison. Est-ce qu’en 1972 la Mairie a une nouvelle fois tenté de démolir le lieu ? Aucune idée.

Enfin, ci-dessous, des vues allant de 1987 à 2011 et montrant le lieu disparaissant peu à peu dans la forêt, tandis qu'à coté est construit un pont autoroutier.