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Il y a des lieux qui prennent une journée entière à visiter, voire deux pour peu que l'on ait envie d'en explorer les moindres recoins. Cet immense site industriel fait partie de cette catégorie, et cette aventure s'est déroulée en deux temps : une première courte visite en fin d'après-midi alors que la lumière commençait déjà à décliner, puis une seconde visite le lendemain, en commençant tôt pour se laisser le temps de bien tout visiter. Le tout en période hivernale, ce qui n'arrangeait pas les choses en terme de lumière (ou de température).

Pénétrant de façon discrète sur le site, la première visite commença par entrer dans un convoyeur nous permettant d'arriver pile à l'intérieur d'un des premiers bâtiments. La neige était (un peu) de la partie lors de la première visite, ce qui nous a permis de voir des traces de pneus à quelques endroits, signe que le lieu était gardienné. Mais qui dit pneus dit gardiennage en voiture, et une personne qui se promène en voiture ne regarde pas aux mêmes endroits qu'une personne à pied qui regarde dans toutes les directions... Léger avantage pour nous, donc. Bien à l'abri dans le premier bâtiment, nous avons ainsi pu observer différents bâtiments, dont un bien massif, cinquième photo ci-dessous.









La vision de tout ce qu'il y a à explorer dans un lieu comme celui-là donne un peu le tournis (plus tard elle donnera même le vertige en montant au sommet de certains bâtiments) et si la vigilance est de mise en ce qui concerne le gardiennage, on se demande aussi par quoi commencer tant il y a à découvrir. Cachés par la végétation, nous nous dirigeons vers un autre convoyeur nous permettant d'arriver un peu plus au centre de l'usine. Tout cela est vraiment immense, je crois bien que je n'avais jamais ressenti une telle sensation d'immensité depuis mes multiples visites de l'Usine Renault sur l'île Seguin.









Du béton, des tuyaux rouillés, des détritus, un peu de neige... C'est en silence que nous découvrons la grande salle abritant le fourneau, immense structure aujourd'hui endormie qui devait faire un bruit monstrueux lorsqu'elle était active. Avec tout cet enchevêtrement de tuyaux on a l'impression d'être en face du Château Ambulant, sauf qu'il aurait été capturé et enfermé dans une gigantesque et sombre structure métallique. T'es là-dedans, Calcifer ?





La visite continue juste à côté, dans une zone qui nous permet d'observer d'autres bâtiments au loin. La lumière commence déjà à baisser et je documente ce que je peux. Toute cette rouille mélangée à la neige est vraiment photogénique, mais c'est toujours étrange de visiter des sites industriels fermés. On pense à l'activité qui s'arrête, les plans dits "sociaux", les pertes d'emploi, la dépression, le suicide pour certains... Tout un monde qui disparait.













Au loin nous distinguons un grand bâtiment : et si on grimpait en haut pour avoir une jolie vue d'ensemble avant qu'il ne fasse complètement nuit ?

Perdu, le temps de monter tout en haut (sept ou huit étages sans vraiment prendre le temps d'inspecter les différentes pièces du bâtiment) l'usine est plongée dans l'obscurité... Mais les lumières de la ville tout autour permettent de faire une photo de nuit permettant de voir un peu mieux ce qui nous attendra le lendemain. Fin de la première visite.

C'est par un brumeux matin que débute la seconde visite. Le temps est aussi gris que la veille, et quelque part ça colle parfaitement avec l'ambiance quelque peu lugubre qui règne ici. Entrant de la même façon que pour la première visite, nous empruntons le même convoyeur et apercevons au loin ce que nous escaladerons un peu plus tard. Ci-dessous, voilà l'objectif :

Une fois entrés dans le gros bâtiment massif aperçu la veille, je me retourne et fait une photo du premier bâtiment visité le jour d'avant. La météo a vraiment un caractère sépulcral ce jour-là. Espérons que ça change un peu.

Gravissant les étages, nous explorons un véritable dédale de couloirs sombres, sales et rouillés. Beaucoup d'objets sont encore là, des fois imposants, des fois petits, nous renseignant à chaque fois sur l’activité qui régnait ici. La taille de cet édifice est vraiment énorme, les photos ne rendent vraiment pas compte de la sensation de gigantisme qui nous envahit en visitant ce lieu. C’est vraiment quelque chose à visiter en vrai.

L'avantage des visites de lieux industriels, c'est qu'on ne sait pas trop sur quoi l'on va tomber. Dans un château ou un manoir on sait déjà qu'on va voir un hall, un salon, une cuisine, des chambres... Ici tout est plus ou moins enigmatique, même si l'on connait un peu le fonctionnement d'une usine. Et cette enigme donne un vrai charme au lieu, comme un jeu vidéo où l'on ne sait pas ce qui se cache derrière chaque porte ou au détour d'un couloir. Autre avantage à visiter un site industriel : nous ne sommes pas chez "quelqu'un", ce qui enlève un stress considerable en cas de rencontre avec un vigile.















Quelques étages plus hauts, nous voici enfin sur le toit, et la montée valait la peine, car nous ne découvrons rien de moins que deux couloirs à ciel ouvert particulièrement beaux semblant tout droit sortis de Blade Runner ou Aliens. Admirez-moi cette forme octogonale et cette belle couleur industrielle... Me disant que je ne croiserais pas de sitôt quelque chose de similaire, je prends la pose le temps d'une photo.





Ci-dessous trois photos prises sur le toit. La dernière est prise depuis l'intérieur d'une cuve vide dont la moitié a disparu. L'effet est sympa avec l'autre cuve en face. Comme si l'on observait une planète depuis un grand télescope.





Ci-dessous une vue sur le reste du site, qui est (pardon de me répéter) immense. Tous ces tuyaux, tous ces convoyeurs, toute cette structure labyrinthique, c'est à en perdre la tête, et encore, j'imagine qu'il doit y avoir d'autres sites industriels bien plus grands.

Le temps de redescendre les innombrables escaliers du grand bâtiment exploré, nous nous dirigeons un peu hasard, appréciant les différents points de vue, le fait de se sentir un peu perdu... Et un peu d'adrénaline aussi avec ces traces de pneus disparues à présent que la neige a fondu. Toujours pas de vigiles en vue ? On dirait bien que non, mais restons vigilants. Nous passons devant un bassin gelé bien beau avec ces fissures crées par des objets jetés dedans, puis trouvons une jolie turbine bleue dans un sombre hall.









La promenade continue en contemplant de jolis wagons bien rouillés et un peu couverts de mousse. Sur certains il y a même des arbustes qui poussent, c'est dire si ils sont là depuis un petit moment.

Petit moment de vertige : où aller ? Tout est si vaste.

Nous choisissons de visiter une zone circulaire aperçue depuis le toit du grand bâtiment. A quoi servait exactement cette partie de l'usine ? A part que c'était une structure tournant sur elle-même, aucune idée, mais c'est magnifique. Pour peu que l'on aime le mélange de rouille et de végétation, ici on est aux anges. Regardez-moi ces boulons, cette verdure, ces petites pousses, cette immense machinerie à présent hors d'usage et silencieuse. Qu'adviendra-t-il de tout ça ? Comme écrit plus haut, c'est diablement beau et triste à la fois d'observer la nature reconquérir cette usine en pensant dans le même temps aux gens qui travaillaient ici et qui ont perdu leur travail.













Allez, direction le sommet de l'usine. et pour ça, nouveau passage dans la grande salle, le temps de s’attarder un peu sur quelques détails avant de commencer l’ascension.





Grimper les nombreux escaliers est l’occasion d’admirer encore une fois les bâtiments vus avant. Ci-dessous celui où j’ai fait une photo de nuit la veille, puis le bâtiment avec les deux couloirs octogonaux au sommet.



L’escalade est assez facile (il suffit de monter plusieurs escaliers métalliques) mais fortement déconseillée si l’on a le vertige. La hauteur se fait bien sentir, et le fait d’évoluer sur des caillebotis vibrant sous nos pieds peut faire réellement peur. Le vent joue aussi beaucoup. Au fur et à mesure de la montée on distingue bien les différents éléments de la structure : chevalement, gros câbles… En cas de chute, c’est la mort assurée.









Après quelques longues minutes le point de vue sur le site est à couper le souffle. Je ne mets pas ci-dessous les vues sur les différents bâtiments (on les a bien assez vus plus haut), mais juste un point de vue sur la partie qui fait le plus «labyrinthe» de l’usine. Regardez-moi ces convoyeurs mêlés aux tuyaux eux-mêmes mêlés aux poutres métalliques, le tout bien rouillé et recouvert de mousse par endroits :



La visite touchant à sa fin, je me rends compte que nous avons eu la chance de nous promener sur le site un peu plus de six heures sans être inquiétés le moins du monde. Nous redescendons du chevalement et prenons le temps d’admirer une dernière fois ce lieu incroyable qui pourrit sur place en attendant une destruction plus ou moins proche. Adieu, majestueuse usine...