Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.

Ce fut par une radieuse matinée que je me suis rendu en compagnie de collègues explorateurs urbains sur un site étonnant, poétique et très particulier. Habitué à visiter des usines, des châteaux ou des manoirs, j'avais hâte de découvrir quelque chose de jamais vu auparavant, quelque chose qui puisse provoquer de nouvelles sensations, quelque chose qui interpelle le regard. Quelques minutes après avoir traversé un champ puis marché le long d'un chemin forestier, j'aperçus quelques marches : ça y est, nous y étions.

Après avoir gravi le vieil escalier, j'ai réalisé que nous étions sur un haut coteau (ou une petite falaise, c'est selon). Au travers des arbres, je distinguais un fleuve plus loin. Ici et là, quelques pierres formaient de petits murets aujourd'hui en assez mauvais état, mais c'est en descendant un autre escalier, celui-ci bien plus long que le premier, que le spectacle commença, jugez plutôt :

La première impression qui me vint à l'esprit fut que je me trouvais dans les ruines d'un ancien château fort, mélange du Château dans le Ciel et de Minas Tirith. Ne voulant pas explorer cela trop précipitamment, je me suis un peu attardé pour contempler cet immense arbre dont les branches les plus basses tombaient plus bas, par-dessus le rebord (ou à travers, à un endroit). Je m'imaginais la construction de ce site, les ouvriers plantant cet arbre ici, sans se douter qu'il serait immense presque deux cent ans plus tard, et que ses racines ou ses branches pourraient compromettre la stabilité du site.

Passant sous une arche et descendant d'autres marches, j'arrive à la partie la plus spectaculaire du site : un magnifique promontoire avec vue imprenable sur le fleuve en contrebas. Ici encore, impossible de ne pas penser à Minas Tirith, cette ville du Seigneur des Anneaux comprenant un élément similaire (bien plus grand évidemment). Voici des photos de ce superbe point de vue :

La vue que l'on a en se retournant n'est pas mal non plus, on a vraiment l'impression d'être dans une ancienne forteresse oubliée.

Depuis ce promontoire on aperçoit très bien la voie de chemin de fer, ouverte au milieu du XIXème siècle. La voie passe au travers de la falaise (qui avance en forme de triangle vers le fleuve) via un tunnel creusé dans la roche. Inutile de vous dire que lorsqu'un TGV passe, ça vibre pas mal, et il n'est guère étonnant que le site soit moins stable après plus de 150 années de passages... Des protections empêchent que des débris ne viennent s'écraser sur la voie. Ces protections seront-elles efficaces en cas de gros effondrement ? Je crains que non.

La visite continue en parcourant d'autres terrasses, de tailles et de formes différentes, certaines vides, d'autres ornées de cyprès, de figuiers... Des buissons sauvages poussent par endroits, ainsi que des plantes, des fleurs, des fougères. On se sent souvent privilégié quand on visite des endroits interdits d'accès : ici c'est pareil, l'ambiance paradisiaque en plus. C'est assez fou d'imaginer que ce lieu n'a été construit que dans un but purement esthétique.

Nous voici arrivés en bas du site. D'ici, on se rend encore mieux compte de l'aspect "forteresse" de la chose. J'aime beaucoup le fait que l'on ne puisse pas réellement se rendre compte du plan du lieu, des recoins des passages, des escaliers... On déambule sans vraiment trop savoir où l'on va arriver, comme dans un jardin anglais, et c'est très agréable.

Les terrasses suivantes n'étant pas accessibles (grillagées, mais surtout trop dangereuses) nous continuons en retournant vers la forêt. Un rapide coup d'oeil permet de voir qu'il y a encore d'autres choses à voir. Le temps de descendre d'autres marches nous apercevront des étais (probablement posés ici il y a une dizaine d'années d'après les informations recueillies plus tard) et nous dirigeons vers cette nouvelle partie.

D'autres marches à monter...

Nous voici à présent devant cette partie du site appelée "Le Temple". Un faux temple évidemment, le lieu tout entier étant une "fausse" ruine, devenue bien réelle aujourd'hui, comme l'Île du Domaine des III Colonnes. Il me semble que des statues étaient à l'origine disposées dans l'alcôve du Temple (ainsi que les autres alcôves aperçues avant), mais je n'en suis pas certain.

En se tournant sur la droite, surprise, un magnifique escalier se dresse là, orné de deux magnifiques (et massifs) contreforts faisant encore une fois très fortement penser à un château fort. Le look "Château dans le Ciel" est ici très présent, difficile de ne pas penser au film d'Hayao Miyazaki avec ces tourelles rondes. Les deux arbres poussant pile au sommet de ces deux tourelles forment une très belle (et naturelle) décoration.

Ci-dessous, deux images tirées du Château dans le Ciel d'Hayao Miyazaki.

Ci-dessous, une vue depuis le haut du grand escalier, avec au loin, au milieu de l'image, l'alcôve du Temple. Juste après cette photo, ce que l'on aperçoit si on tourne la tête à gauche: un autre promontoire, sympathique, mais évidemment moins spectaculaire que celui vu plus haut.

Et voilà, visite terminée. La question que je me posais après avoir parcouru ce lieu était la suivante : urbex or not urbex ? Techniquement nous avions exploré un lieu à l'abandon depuis plus de dix ans et interdit d'accès, mais le site semblait un peu entretenu... Mais l'était-il vraiment ? Un collègue me dit que le site avait été ouvert deux fois depuis son abandon, pour les Journées du Patrimoine, ce qui pouvait laisser supposer un possible entretien juste avant cette ouverture au public le temps d'un week-end. Un peu léger pour dire qu'un site est entretenu, ou actif. Alors, exploration urbaine ? A mon sens, oui, et arpenter ces terrasses fut une très belle expérience.