Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.


Il y a des explorations qui réservent de superbes surprises, et celle-ci en fait partie. Tout commença par une recherche sur Google Maps. Me promenant au hasard, je crus apercevoir quelque chose qui m’interpella : une vague forme grise avec de la végétation autour. Ce pouvait très bien juste être un reste de bout de ferme, ou un simple abri, difficile de se faire une idée en vue satellite. Comme l’endroit était à un quart d’heure de deux autres lieux que j’avais prévu de visiter, je le plaçais sur mon futur itinéraire. Une fois sur place, qui sait, ça serait peut-être bien ?

Une fois arrivé je constate que le lieu est bien à l’abri : un haut mur le protège du regard, et derrière ce haut mur, des arbres, arbustes et autres buissons le rendent totalement invisible, du moins en été, saison à laquelle se déroule ma visite. Un portail rouillé attire un peu l’attention, mais on ne voit rien à travers, et il est tout à fait possible de ne pas du tout voir ce portail si l’on passe rapidement devant en voiture. En fait, sans Google Maps, il est tout simplement impossible de savoir que derrière ce mur et derrière ces arbres se cache une maison en ruines. Après avoir trouvé un moyen d’accès discret, je me dirige tranquillement vers elle…

A mesure que j’avance vers mon objectif je constate que c’est bien ce que je m’étais figuré : juste une ancienne baraque. Sans intérêt ? De l’extérieur, oui, clairement. Architecture banale, toiture fracassée, arbustes poussant sur le toit… Cette vision n’augure rien de bon pour l’intérieur, mais perdre une heure à explorer une bicoque en ruines ne me gêne absolument pas. Je suis venu plus par prospection qu’autre chose, et c’est avec prudence que je m’engouffre dans l’ancienne bâtisse.

Progresser dans la maison n’est pas de tout repos : le plancher est tellement en mauvais état que si l’on ne fait pas attention les pieds s’enfoncent dans le bois pourri comme si c’était du brownie. Ça a l’air amusant dit comme ça, mais quand on fait dix pas et que sur ces dix pas nos chaussures s’enfoncent trois fois de dix centimètres dans le sol, ça fait peur. Heureusement, pas de cave dans cette maison, donc pas de risque de tomber dans un trou, mais les occasions de se fouler la cheville ne manquent pas. La première pièce n’est pas intéressante. La deuxième non plus, la troisième, pareil… Bon, je m’y attendais un peu en venant, mais là, c’est quand même bien vide, et même si je n’aperçois qu’un seul tag, c’est vraiment sans intérêt. Voici des photos des premières pièces visitées.

















Au-dessus de la porte, comme un survivant, un petit carreau coloré.

Mes pas me mènent vers un escalier permettant d’accéder à l’étage. Un niveau que je devine très dangereux vu l’état de la maison, et qui ne m’inspire pas du tout confiance. Tournant la tête sur la gauche, je découvre alors une pièce qui m’avait échappé. Une pièce que je n’avais pas du tout vue en entrant. Une pièce comme les autres, banale, sans intérêt, sauf que… Sauf que l’on dirait bien qu’il y a quelque chose de très intéressant dedans. Et si j’y allais tout de suite ? Non, on va d’abord monter ces marches et voir à quoi ressemble l’étage.

Comme prévu en voyant de loin la maison en arrivant, cette partie de la maison est vraiment dangereuse. Une fois en haut de l’escalier je me retrouve sur un palier permettant d’accéder à plusieurs pièces, mais un rapide coup d’œil dans ces pièces permet de se rendre compte que pénétrer dans celles-ci serait suicidaire : un peu partout, des trous dans le plancher assurent une chute pas forcément mortelle, mais très dangereuse. Tenant mon appareil photo à bout de bras, je fais quelques clichés pour documenter cette partie de la maison.







Constatant qu’il n’y aura rien de plus à voir ici, je redescends l’escalier vers cette fameuse pièce que j’ai failli louper en arrivant. Me postant à deux mètres de la porte d’entrée de cette pièce, j’esquisse un sourire car je me trouve face à quelque chose que je ne pensais pas du tout trouver en venant ici. En temps normal, quand on visite ce genre de lieu on sait à peu près ce que l’on va voir : on se renseigne un peu avant, on est attiré par telle ou telle pièce vue en photo sur Internet…

Ici, je ne savais pas du tout où je mettais les pieds, et je n’avais encore jamais vu cette pièce en photo. Imaginez la surprise ! A quelques mètres de moi, pourrissant depuis je ne sais combien d’années, trône un piano à queue. Aucune dégradation apparente, aucun tag, le malheureux instrument n’a eu à subir que les assauts du temps : pluie, vente, humidité, froid, pourquoi pas de la neige… Il règne ici une impression de temps figé comme je n’en avait pas vu depuis longtemps. Ci-dessous, une première approche :

De près, l'ambiance est encore plus incroyable. Comme pour le reste de la maison, le plancher est en très mauvais état, et se poster dans un coin de la pièce pour mieux cadrer le piano n'est pas de tout repos, les pieds s'enfoncent (les miens comme ceux du trépied). Quelle beauté tout de même, et quelle tristesse aussi, d'imaginer que le bel instrument est là depuis je ne sais combien d'années, et subit les assauts du temps dans le plus grand des calmes. Vous constaterez qu'il est penché en arrière : c'est tout simplement car le pied au bout du piano s'est enfoncé dans le sol. D'un peu plus près, tout est à l'image de la maison : en ruines. Bois pourri, débris, feuilles, végétation s'insinuant peu à peu...









La visite étant terminée, je quitte les lieux et rentre chez moi, content de m'être déplacé dans ce lieu qui ne devait être qu'une maison à checker comme ça. Est-ce une des plus belles surprises que j'ai pu voir lors de mes explorations ? Oui, sans aucun doute. Mais cette surprise ne va pas sans une pointe de tristesse vu l'état de la maison et du piano.

Après quelques recherches sur IGN je vois que la maison était déjà là en 1946, et à priori elle avait bien une fonction de ferme. D’autres vues aériennes montrent qu'elle était toujours active en 1985, mais dès 1990 les chemins autour de la maison sont en friche, et un début de végétation commence à recouvrir la maison. On peut donc en déduire qu'au moment où j'ai visité cette maison (2019) elle est dans cet état d’abandon manifeste depuis environ trente ans. J'imagine qu'un jour elle s'effondrera sur elle-même, et que le piano disparaitra pour toujours. Ci-dessous, pour clore cette page, une vidéo tournée sur place :



Ci-dessous une photo prise par Konik en 2015 :