J’ai connu ce lieu en 2016 grâce à un lecteur venu me voir en dédicace, et que je ne peux pas ne pas remercier : merci Benoman ! Quelques mois plus tard (début 2017) je viens visiter ce manoir, deux fois : une première fois en compagnie de Tiski, et une deuxième en compagnie de Yxelle, Carlos et Iloé. Au lieu de poster cette visite sur mon site, je décide de placer ce lieu dans mon deuxième livre, «Urbex Europe» (2019), le but de cet ouvrage étant de ne montrer que des endroits abandonnés non publiés sur mon site, des lieux "inédits" en quelque sorte.

Les années passent, et nous arrivons à 2023, année où je reçois un message sur Instagram m’informant que le manoir d'Orroire (son nom plus ou moins officiel) est en réhabilitation. Venant faire un tour sur place, je constate effectivement que je ne suis plus du tout face à un endroit à l'abandon, et je me dis que je peux enfin en parler librement et créer la page que vous êtes en train de consulter. Un grand merci à Nathdogg pour m'avoir informé que ce lieu allait revivre !

IMPORTANT : Si je donne le nom du manoir sur cette page, cela veut dire que ça ne sert plus à rien de vous déplacer à Noyon dans le but de visiter le lieu tel que j'ai pu le faire. Le manoir est en réhabilitation, il a été vidé, il est fermé, et la photo de 2023 ci-dessous devrait vous convaincre de rayer ce lieu de votre carte.

De quoi parlons-nous exactement ? D’un beau manoir de style normand, très probablement construit au début du XXème siècle comme tant d'autres. Qui le fit construire ? Je n'ai pas réussi à le déterminer. Existe-t-il des cartes postales anciennes le montrant ? Je n'en ai trouvé aucune, alors que le bâtiment est très photogénique. Voici des vues aériennes le montrant de 1947 à 1958 :









Ci-dessous, une vue datant de 1962. On remarque l'apparition d'un petit préfabriqué (en vert) tout près du manoir. Il s'agit du premier des quelques préfabriqués qui fleuriront autour du bâtiment, celui-ci étant un centre d'apprentissage à partir de cette époque. Quand le centre fut-il ouvert ? Je ne le sais pas, mais lors de ma visite de 2017 j'ai pris en photo une feuille de cours datant de 1958.

Ci-dessous, deux vues aériennes datant de 1978. On remarque bien les autres préfabriqués (en vert) autour du manoir. J'en ai colorié quatre mais on en voit d'autres que je n'ai pas colorié : ils s'agit très probablement des services techniques de la ville, situés derrière le manoir. D'après mes recherches, c'est en 1976 (deux années avant cette vue aérienne) que le centre d'apprentissage ferme ses portes. L'abandon date de cette année.



Ci-dessous, trois vues aériennes datant de 1990, 1993 et 2010. Plus loin nous verrons qu'en 2017 on trouvait des objets datant des années 90 dans le manoir (autocollants Jurassic Park de 1992, poster d'Ace of Base) et ceci alors que le centre d'apprentissage avait fermé depuis un moment déjà. Des gens y ont donc habité ? Légalement ? Squat ? Je n'en ai aucune idée.





Ci-dessous, deux vues Street View datant de 2011 et2012. On remarque un panneau "Judo Club" sur la vue de 2011. Quand le club fut-il ouvert ? Je ne le sais pas, mais une photo prise en 2017 montre un "2003" inscrit sur un mur.



En 2018, un an après mes deux visites, la municipalité rachète le manoir pour 50.000€, puis le revend en 2019 pour la même somme à un promoteur immobilier (SCI Lu Immo), celui-ci ayant pour projet de transformer le lieu en logements, chambres d'hôtes ou salles de séminaire. Un article en parle ici. Ci-dessous le lieu en 2019 :




Ci-dessous la photo illustrant l'article en question :




Ci-dessous le lieu en 2021 sur Street View. Juste après, ma photo de 2023.



Et maintenant, revenons quelques années en arrière, en 2017, année où j'ai eu la chance de visiter deux fois ce lieu. Dans "Urbex Europe" je nomme cet endroit le "Manoir des Ecoliers", pensant qu'il avait servi d'école. Bon, en fait c'était un centre d'apprentissage, je n'étais pas bien loin. Voici le texte figurant dans mon livre :

"Ce réveil bleu et cette page de cahier écrite soigneusement au porte-plume, je ne suis pas prêt de les oublier. Lorsque j’ai pénétré dans cette ancienne école, je ne m’attendais pas à faire un retour dans les années 50, date à laquelle l’établissement a ouvert ses portes dans cette petite ville du nord de la France. Une belle découverte que je dois à un lecteur, qui après avoir fait dédicacé le livre "Urbex" m’a tendu une photo en me disant : «C’est à côté de chez moi, ça va te plaire, y a encore plein de choses à l’intérieur».

Surpris et séduit en même temps par cette proposition, je vois tout de suite que la maison à colombages décorées de briques rouges est très photogénique. Les façades extérieures sont bien conservées et d’après ce que me décrit le jeune homme, même si le bâtiment est situé en ville, il est facile d’accès. Il faut juste veiller à ce que les voisins ne soient pas trop curieux et choisir le bon créneau pour se glisser à l’intérieur.

Une fois sur place, si la façade est sobre et élégante, les murs des pièces sont, eux, tapissés de papiers peints à fleurs tout à fait rétro. Les couleurs sont vives, voire criardes comme dans les années soixante-dix. Un décor décalé pour une école pour enfants. Du coup, je me demande si cet endroit en était vraiment une ? L’état des lieux devraient me permettre de le confirmer.
Entre gravas, tapisseries arrachées et parois défoncées, on peut dire que le bâtiment est vraiment abîmé, non pas par vandalisme, même s’il y a dû en avoir un peu, mais par le manque d’entretien depuis plus de vingt ans.

Je passe en revue chaque pièce dans lesquelles je trouve des chaises en métal et assise en bois et comme on en trouvait dans les écoles. Sur l’une d’elle est posée une poupée. Dans ce qui devait être la salle de bain, une baignoire est renversée sur le sol. Un réveil bleu trône sur une table. Au pied de l’escalier menant à l’étage supérieur, une grosse locomotive en bois décorée de fleurs dans laquelle des enfants pouvaient monter est restée dans l’état. Des enfants ont bien séjourné dans cette maison.

Je décide d’accéder au grenier sans m’attendre à trouver grand-chose de plus. Erreur de jugement de ma part car non seulement ce vaste espace contient encore de très nombreux documents d’écoliers remontant aux années cinquante, et d’autre part, il est de plain-pied, ce qui me permet de me rendre compte de la taille assez folle du manoir. Et pour ne rien gâcher, lorsque le soleil est bien placé, un sublime rayon de lumière traverse la pièce, qui me rappelle une célèbre scène des Aventuriers de l’Arche Perdue.

Une fois notre visite terminée, nous explorons l’un des petits préfabriqués situés autour du manoir. A l’abri des regards, nous nous attardons pour prendre en photo différents détails. Des voix nous parviennent depuis l’extérieur. Ce sont deux enfants qui tournent autour de l’accès du manoir situé sur la rue, donc pas vraiment discret. Après quelques hésitations, je vois qu’ils n’osent pas prendre de décision. L’un d’eux lâche un "Fais chier ! Y’a trop d’voitures dans cette ville !" avant de repartir bredouille. Pour faire de l’exploration urbaine, il faut être patient et savoir attendre le bon moment pour agir et surtout être téméraire, ce qu’ils apprendront avec le temps s’ils persistent comme moi dans cette aventure."


Ci-dessous le dessin réalisé pour le livre "Urbex Europe" :

Ci-dessous, les photos prises lors de ma première visite, avec Tiski.











































































Ci- dessous, les photos prises lors de ma deuxième visite, avec Yxelle, Carlos et Iloé.





























Ci-dessous, une sélection des photos prises par Yxelle :

























Ci- dessous, les photos prises ce jour-là par Iloé.









Si jamais vous avez des informations sur ce lieu, son histoire, écrivez-moi ! Merci.