Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.


La lourde porte est ouverte, chose étrange vu la localisation de cette morgue. Rien ne nous empêche d'entrer, le symbole Alpha/Omega nous inviterait presque à pénétrer dans ce lieu silencieux et froid, ce que nous faisons. Qu'allons-nous trouver à l'intérieur ?




Cela commence par un grand hall assez chaleureux avec ses briques rouges. Nul mobilier, nul objet, rien qui laisse supposer la fonction du bâtiment. Un petit comptoir sur la gauche, et rien de plus. Le lieu aurait-il été complètement vidé ? Par la porte de droite, nous voyons le début d'un long couloir bien propre, dénué de tout mobilier lui aussi. Faut-il s'attendre à ne rien trouver dans cette morgue ?










J'entre dans la pièce desservie par la porte de gauche du hall. Surprise, un piano ! Et un piano en bon état de marche, enfin quand je dis «bon état» c'est qu'il est encore pas mal comparé à celui de la Villa Limahl.



Sur le piano, un nom : «Ruch», fabricant de pianos du XIXème siècle. Les touches se décollent au milieu du clavier. Le lieu n'étant pas humide pour un sou, j'imagine que le piano a du traîner à un moment de sa vie dans un lieu mal isolé. Peut-être ? Impossible de retracer l'histoire de l'instrument.







Revenant au hall, je passe par la porte de droite et emprunte le silencieux couloir. La peinture bleu clair partout et cet espèce de carrelage gris et jaune me rappelle celui de mon ancien collège. Quelque chose me frappe : toutes les vitres sont dépolies. Impossible de voir ce qui se passe à l'extérieur, et vice versa. Vu la fonction du lieu, cela semble évident.



Je découvre une pièce fonctionnelle (compteur électrique, évier, petite cuisine...) sans grand intérêt avant de me diriger vers la pièce que j'ai aperçu un peu partout ailleurs sur Internet. Je jette une œil sur les fusibles du compteur, le temps d'y lire quelques inscriptions qui pourraient passer pour macabres ou lugubres, mais qui devaient être très simplement fonctionnelles pour les employés. A force de côtoyer la mort, on ne doit plus trop y penser. Pour info, en milieu médical, «Amphithéâtre» peut très bien être un amphithéâtre (grande salle de cours) mais surtout une morgue. Voir le Sanatorium dans la Forêt.











Me voilà donc dans la fameuse pièce vue un peu partout. Le carrelage gris et jaune a cette fois-ci laissé la place à du carrelage bien propre. En fait toute la salle est très propre, presque comme si on l'avait abandonné, mais pris le temps de tout nettoyer. L'idéal pour des photos de modèle, ou pour des photographes aimant qu'un lieu soit le moins atteint possible.



Cependant, le coté trop propre me rappelle quelques photos vues dans des manoirs encore très intacts: pas de poussière, pas de toiles d'araignées, aucun signe de l'action du temps : quelle est la différence entre ces photos et des photos prises dans un lieu non-abandonné en fin de compte ? La pièce a cependant assez de mobilier (trop lourd à emporter) pour avoir un certain cachet, avec par exemple la table en béton incrusté de morceaux de carrelage (bien froide) qui rappelle l'ancienneté du lieu.

Deux chaises en plastique et un lit à roulettes (propre lui aussi) contribuent au coté immaculé du lieu. On pourrait presque imaginer que des employés débarquent avec une personne décédée à l'improviste. Sur la table, on distingue un trou pratiqué dans le béton. Le lieu étant une morgue et non une salle d'autopsie, je ne pense pas que des litres de sang ont du couler par ce trou, plutôt du liquide d'embaumement, mais tout de même, je me demande combien de traces d'ADN différents sont incrustés sur le contour de l'orifice.





En sortant de la pièce, notre regard est aussitôt attiré par l'autre «chose à voir» du lieu : la pièce aux 7 casiers mortuaires. Le chiffre 7 pourrait paraître poétique (porte-bonheur, tout ça) mais il n'en est rien puisque le septième casier ne contient que le système de refroidissement. Il y a donc 6 casiers, et l'ouverture des portes fait un bruit d'enfer en crissant contre le sol.



Un thermomètre indique -12°. Le système est bien évidemment éteint depuis un bon bout de temps. Une rapide recherche m'a appris que Teddington a été fondé en France en 1934. Le nom fait penser à une marque Anglaise mais apparemment c'est 100% Français.



La visite continue (et se termine) en descendant un escalier à coté du 7eme casier. On découvre un sous-sol qui tient presque du vide sanitaire, très vide, mais bien poussiéreux, tout le contraire du rez-de-chaussée juste au-dessus de nous. Faire des tonnes de photos ici n'est pas bien intéressant, on peut trouver ce genre de cave un peu partout.






Pourtant, si on pousse un peu jusqu'au bout de cette cave, on arrive pile sous le hall d'entrée en briques rouges. Et là, dans un coin, on peut voir une surprise, qui a (probablement) été placée ici par d'autres visiteurs/photographes voulant peut-être donner un coté un peu plus flippant au lieu. Il s'agit d'un tableau en liège sur lequel est posé un visage en plâtre. Des pointillés rouges parcourent le front et la joue de la personne ayant servi à réaliser ce moulage. On peut lire «50/55» et «Rides», puis «Mains», et enfin, un mystérieux «Chaussée».








C'est sur cette mystérieuse découverte que la visite se termine. Le fait que la visite commence par un hall en brique rouges et se termine dans une cave poussiéreuse colle bien avec le nom de cette morgue: Alpha/Omega. L'ambiance me rappelle pas mal le film «Le Secret de la Planète des Singes» : on retrouve les deux symboles grecs sur la fusée à la fin du film, et le masque sur le tableau en liège me rappelle les mutants vivant dans les ruines de New York. Si on a lu la Bible, on peut bien sûr également penser à Dieu via passage de l'Apocalypse : «Je suis l'Alpha et l'Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin.»