Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.

J’ai connu cette maison il y a deux ou trois ans, avait noté son emplacement sur ma carte Google Earth, mais n’avais jamais pris vraiment le temps d’y aller. Dernièrement, à l’occasion d’une soirée chez une amie habitant à côté, j’ai finalement fait un petit repérage, puis visité le lieu en sa compagnie, puisqu’elle tenait à enfin voir ce qu’il y avait dans cette «maison hantée» qu’elle connaissait voyait depuis plusieurs années.



L’accès étant très simple (un trou dans le mur donnant directement sur la rue), trois questions me taraudaient : 1) Etant en pleine ville, la maison était-elle squattée ? 2) Une fois sur le terrain, pouvait-on entrer ? 3) Y’avait-il des encore choses à voir à l’intérieur ? Un rapide repérage me permit de voir que la maison était très facilement visitable, et qu’elle avait effectivement été squattée mais ne semblait plus l’être actuellement. Quant à l’intérieur, il y avait encore des choses à voir…

Une fois le trou dans le mur passé, le terrain de la maison semble abandonné depuis pas mal d’années. Le lierre règne en maître, tout comme les arbustes, ronces et autres orties. Au sol, on croise pas mal de déchets dus aux squatteurs (sacs plastiques, bouteilles etc).Suspendus à des branches, des vêtements pendent encore, ayant probablement été jetés par la fenêtre par d’anciens occupants.



Les volets du rez-de-chaussée ont été retirés pour pouvoir murer les fenêtres et empêcher toute intrusion. Peine perdue, des parpaings ont été enlevée à l’arrière de la maison, permettant d’entrer très facilement. Une dalle au sol a même été retirée (créant un trou assez dangereux) pour permettre de mieux escalader les parpaings. Comme si ça ne suffisait pas, la porte de la cave est grande ouverte. L’exploration peut commencer…



















Ce qui frappe en premier après avoir escaladé les parpaings, c’est que cette maison est littéralement remplie de choses récentes, mais aussi assez anciennes. On marche sur de la mort au rat, sur d’anciennes partitions, des journaux récents, des vêtements… Pour peu qu’on supporte l’odeur nauséabonde (été oblige) et les mouches flottant un peu partout (surtout dans cette première pièce), il y a là pas mal de choses à fouiner. Dans un coin, un meuble encore miraculeusement intact contient de vieilles cassettes vidéos - principalement des films d’action.









L’entrée et la cuisine sont sympathiques comme tout : deux trous ont été pratiqués dans les parpaings de l’entrée, créant l’impression que deux yeux brillants nous regardent. Du matériel de couture assez old school traine sous ces yeux.



Juste à côté, belle surprise avec le frigo de la cuisine, tout vieux et bien rouillé, mais diablement joli avec son look tout droit sorti des années cinquante. En l’ouvrant, il y a même des inscriptions : «Eggs», «Bottles», assez marrant de voir des indications pour nous dire où mettre les œufs et les bouteilles.











Nous pourrions aller visiter directement la cave mais le bel escalier baigné de lumière nous appelle. Nous montons alors en faisant attention à ne pas trop marcher au centre de l’escalier, ce dernier n’ayant plus de rambarde. En montant on croise des toilettes avec des dizaines et des dizaines de bouteilles en plastiques ayant servi aux précédents occupants.















Arrivés à l’étage, nous découvrons toujours autant de bazar par terre dans diverses pièces, et surtout une pièce qui semble avoir été squattée il n’y a pas trop longtemps. Au sol, deux matelas, des chaussures, et une bouteille en plastique contenant un étrange liquide rose. Du lait fraise ? Aucune idée. Dans cette chambre, deux posters délavés de ballerines égayent un peu l’ambiance.



















Dans les autres pièces, des livres, beaucoup de magazines féminins, une salle de bain remplie de divers objets (étonnamment, pas de baignoire). Dans la plus grande pièce de ce premier étage, les objets jonchant le sol montent à presque vingt centimètres de haut, c’est assez fou d’imaginer comment tout a pu s’accumuler comme ça : a-t-on renversé (puis revendu ou brûlé) les meubles ? Probable. Un magnifique tourne-disque trône près de la fenêtre, avec ici et là d’autres partitions.



















Arrivés au deuxième étage, beaucoup moins de bazar. En fait c’est même assez propre comparé au reste. La toiture étant encore en bon état, la maison n’est pas humide, pas de moisissures etc. Quelques vêtements trainent, une peluche, et dans une certaine pièce, je découvre plein de partitions. Pourquoi toutes ces partitions ?









C’est en redescendant au premier étage que j’en découvre la raison : faisant une photo dans la grande pièce au tourne-disque, je remarque une baffle fixée tout en haut d’un mur, puis surtout une rambarde sur le mur. Des traces indiquent qu’elle faisait le tour de toute la pièce, et qu’il y en avait même une autre, fixée dix centimètres en-dessous.

Rambarde, tourne-disque, partitions, posters de ballerines dans la chambre à côté… Il n’en faut pas plus pour en déduire que des cours de danse avaient lieu dans cette pièce, ce qui donne tout à coup une autre vision : ce n’est plus une simple maison abandonnée, mais une maison où avait lieu des cours de danse... Un peu plus classe. Un courrier au sol remontant à 2007 m’indique le nom et le prénom (Colette) de l’ancienne propriétaire. Est-elle décédée ? Une chose est sûre : une personne portant le même nom (probablement sa fille) donne des cours de danse dans la même ville.









Il ne reste a plus que la cave à explorer. Rien d’extraordinaire mais une ambiance très cool avec d’abord une pièce remplie de bouteilles vides, puis une cave à charbon vraiment classe, contenant encore un bon tas de charbon tout brillant, et surtout une magnifique chaudière dont la forme rappelle un visage humain.











La visite de la maison étant terminée, ne reste que l’extérieur à explorer. Nous découvrons rapidement un vieux garage effondré, une vieille télé à écran cathodique bien explosée, et des poubelles non vidées depuis un bon bout de temps puisqu’un arbre est en train de pousser dans l’une d’elles ! Niveau jardin, il faudra revenir en hiver car là c’est vraiment trop la jungle.













Dernière surprise : la boite aux lettres ne contient aucun courrier, mais il y a 5 ou 6 tracts pour de la bouffe japonaise. C’est assez rigolo de s’imaginer une personne passant devant cette maison, la voyant visiblement inhabité, mais déposant quand même consciencieusement une tract dedans.




Une photo aérienne de 1947 montre que le jardin était deux fois plus grand à l’époque, avec un petit chemin circulaire sympa, et peut-être deux potagers au fond.



Ci-dessous, 1950. La photo est un chouïa plus cool, on distingue un peu mieux les potagers, mais les arbres cachent le chemin circulaire. Il semble y avoir une sorte de bassin ou de serre pile devant la maison, mais généralement les serres sont au fond du jardin. Un bassin ou un massif de buis, peut-être.



Ci-dessous, 1968 : Le jardin semble avoir rétréci (plus de potagers) à cause de deux maisons construites à leur emplacement. Malgré les arbres empêchant de voir ce qui se passe, le jardin semble entretenu, bien que assez sauvage au milieu.



Ci-dessous, 2004. Puisque j’ai trouvé sur place un courrier daté de 2007, j’en déduis que la maison était encore habité en 2004.



Enfin, une vue de 2011 montre le lieu tel qu’il est en 2015. La végétation a tout envahi mais la toiture est bonne, une réhabilitation serait possible sauf qu’un permis de démolir trône devant la maison, daté de 2014. Cette maison va bientôt disparaitre…