Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension. Ce lieu est très connu, et cela peut paraitre ridicule de ne pas donner son vrai nom, mais comme pour d’autres lieux abandonnés «populaires», je préfère me focaliser sur ma visite du lieu, ce que j’y ai vu et ressenti.


Voici une visite faite à l’improviste un dimanche après-midi, alors que j’avais ce lieu sur ma carte depuis des années et que je n’en étais pas loin ce jour-là. Qu’y avait-il à visiter ? Un ancien lavoir à charbon. Pas follement excitant à première vue, mais le site était assez vaste et ça faisait des années que l’on m’en parlait. Une fois garé pas trop loin, mon camarade d’exploration du jour et moi fîmes un premier repérage : entrer dans un site aussi voyant ne devait (en principe) pas trop poser de problème. Ce fut le cas. Une fois dans l’enceinte du site, nous traversons un champ en friche et nous dirigeons vers la grande masse industrielle au loin. Comme c’est souvent le cas avec les sites de ce genre, le niveau de stress n’est pas élevé, et c’est dans une chouette ambiance de rouille, de béton et de mystère que nous progressons dans la végétation qui a poussé ici depuis la fermeture du lavoir.

Sous nos yeux apparaissent une ancienne route, des rails, une masse de béton énigmatique, des postes électrique hors d’usage, et peu à peu un sentiment grisant se fait ressentir : celui de visiter un lieu industriel sans trop savoir à quoi servait les choses que nous croisons. Le cerveau travaille, une chouette sensation qui ne nous empêche cependant pas de faire attention où nous mettons les pieds, les lieux de ce type-là pouvant être très dangereux si on ne fait pas attention (trous, rouille, tétanos etc).





Nous arrivons alors à un portail qui a l’air assez récent. Un grillage semble ceinturer tout le site, mais comme d’habitude nous nous disons qu’il y aura forcément un accès pas très loin. Et c’est le cas : deux minutes plus tard, nous voici sur place. L’exploration peut commencer, avec tout de même un petit stress : le portail a l’air récent, le site est-il gardienné ? Pour parer à cela nous nous glissons directement dans le lavoir à travers une fenêtre aux carreaux cassés.





Connaissant ce lieu (de nom) depuis des années, et le voyant souvent passer dans mon fil d’actualité ou ailleurs, je m’attends à trouver un site entièrement vide, très tagué et pas vraiment intéressant. Surprise : il reste encore beaucoup de choses sur place (bien plus que dans la majorité des sites industriels que j’ai pu explorer) et c’est plutôt beau avec ces bureaux renversés, ces vitres pas toutes brisées et cette peinture écaillée ici et là. Partout au sol, des documents, des pièces métalliques, et plein de choses qui pourraient nous blesser si on venait à visiter ce lieu en baskets. Curiosité : le site n’est pas si tagué que ça, du moins, pas à l’endroit par lequel nous sommes entrés.







N’ayant pas le temps de nous engouffrer dans les parties plus sombres de cette partie du site, nous sortons à découvert et empruntons une passerelle nous permettant d’accéder à un autre bâtiment, plus petit et plus moderne que le reste. Chemin faisant nous croisons un groupe de trois explorateurs évoluant complètement à découvert sur le chemin principal : le lieu n’est donc pas gardienné, ce qui fait disparaitre tout stress. Nous entrons alors dans le bâtiment moderne en question et sommes agréablement surpris de voir tout ce qu’il reste encore sur place. Volumes, jeux d’ombres et de lumières, c’est vraiment photogénique.











Sortant de ce bâtiment, nous contemplons l’imposante façade du lavoir. Pour avoir vu quelques photos de l’intérieur, je suis assez excité à l’idée de pouvoir évoluer dedans et le documenter, mais je ne m’emballe pas trop pour autant, si ça se trouve on ne pourra pas (je vois de nombreuses fenêtres barricadées un peu partout). Nous empruntons un escalier en béton non loin de là et arrivons à une autre passerelle, située au-dessus de la première, et nous permettant d’avoir une jolie vue sur cette partie du lavoir. Au bout de ce passerelle, qui est plutôt un pont (c’est comme vous voulez) nous découvrons une petite salle technique vraiment photogénique avec cette porte à manivelle à moitié au sol, et cette grande fenêtre permettant de voir le pont de pierre.















Quelques minutes plus tard, nous sommes enfin «dans» le lavoir, du moins un partie de celui-ci, car nous sommes malheureusement obligés de constater que nous ne pourrons pas accéder aux autres salles, bien plus vastes et intéressantes. Dans la zone que nous explorons, c’est le même spectacle de désolation que dans n’importe quel autre site industriel : verrières éclatées, débris, sol incertain, trous un peu partout, végétation… Pour autant, vu la renommée du lieu, je suis agréablement surpris qu’il reste encore autant de choses sur place. On peut vraiment se faire une idée de l’activité qui régnait ici. A pas lents, nous suivons les rails et apercevons au loin ce qui ressemble à… une locomotive ?





C’est bel et bien une locomotive que nous découvrons, et même deux. Totalement recouvertes de peinture, elles donnent un semblant de vie à cette partie du lavoir. Surprise : elles contiennent encore un peu d’équipement, et on peut l’espace d’un instant s’imaginer en train de les faire circuler. Je ne suis pas très «véhicules» (voitures, camions, chars d’assaut etc) mais les locomotives, j’aime bien.











Faisant encore une fois le tour du site dans l’espoir de trouver un accès aux grandes salles du lavoir, nous croisons d’autres personnes venues se promener sur place comme nous. Ni eux ni nous ne trouvons un accès. Peut-être y’en a-t-il un que nous avons loupé ? Tant pis, l’après-midi touche à sa fin, la chaleur est étouffante et en fait je suis déjà très heureux d’être venu visiter une bonne partie de ce lavoir dont je voyais souvent des images des années. Ressortant du site, nous contournons le lac et admirons le noble bâtiment depuis ce qui est le point de vue le plus beau selon moi. Je songe y revenir en hiver histoire de mieux explorer le site. Qui sait, il y aura même peut-être de la neige ?





Concernant l’histoire de ce lavoir à charbon, il fut construit au début des années 20. Au plus fort de son activité, le site pouvait traiter jusqu’à 1000 tonnes de charbon à l’heure. Le lavoir fonctionna jusqu’à la fin des années 90, et fut classé aux monuments historiques juste après. De nombreux appels à projets furent lancés, mais tous échouèrent faute de financement. Aujourd’hui des panneaux à proximité du site racontent son histoire de manière très complète, parlant d’une possible reconversion en friche «contrôlée», ou un démantèlement complet. Ci-dessous des cartes postales anciennes allant des années 20 aux années 60.