Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.


Je me rendais à la pendaison de crémaillère d’un ami le jour où j’ai visité ce lieu. Comme j’avais environ 3h de route jusqu’à chez lui et que je n’avais rien de spécial prévu dans l’après-midi je me suis dit «Et si je partais 2h en avance histoire de voir si il n’y a pas quelque chose à visiter dans le coin ?» Après une petite demi-heure de recherche, coup de chance, je tombe sur quelque chose qui ressemble fort à un joli manoir abandonné. De haut je vois une toiture qui a l’air encore bonne, mais je remarque autour des gravats, une pelouse non entretenue… La vue aérienne est-elle à jour vis-à-vis de la réalité ? Est-ce abandonné ? Il n’y a qu’un seul moyen de le savoir : se rendre sur place.

Une fois sur place, je me gare à environ deux cent mètres du site, puis découvre au fil de ma promenade qu’il est très facile d’y accéder. Je ne croise aucun panneau m’interdisant l’accès au lieu, pas plus qu’une clôture ou une barrière. Tout cela est un peu trop facile, mais bon, des fois ça arrive. Au bout d’une dizaine de minutes, je me rends compte que j’ai bien fait de venir «juste pour voir», car le spectacle en vaut le coup. Et ça commence par un premier bâtiment qui de loin ressemble à une petite chapelle, mais qui en fait est un garage ! Rien que ça, c’est déjà une belle surprise (on ne le voit pas sur les vues satellites). Admirez-moi cette tourelle, cette toiture, quelle beauté pour un «simple» garage.



La suite est encore plus dingue. En vue aérienne je m’étais figuré une sorte de manoir comme j’en connais déjà, mais je ne m’étais pas du tout dit que je tomberais sur une façade aussi merveilleuse. La première chose que je fais, c’est regarder l’état du truc pour être bien sûr que je suis dans un lieu abandonné et que je ne risquerais pas grand-chose si je me fais attraper sur place : vitres cassées, panneaux de bois à certains endroits… Bon, le bâtiment a l’air bien trop ouvert aux quatre vents pour qu’il y ait une alarme dedans. Enfin je crois. Et n’en étant pas sûr à 100% j’avance très lentement. La porte principale grande ouverte ne laisse à priori aucun doute : c’est bel et bien à l’abandon – du moins déjà ouvert. Mais je décide tout de même de faire les choses dans l’ordre : je tourne autour du manoir pour voir si je peux y accéder via la cave. Puis je monterais les étages uns par uns.









Une fois derrière la belle demeure je tombe sur une immense ouverture qui me permettra d’entrer sans problèmes. Enfin, je dis sans problèmes mais une chose m’inquiète : je tombe sur une petite figurine de nain en plastique tenant une sorte de grosse mitrailleuse. Finalement le lieu est bien gardienné, mais j’ai de la chance, le gardien en question ne bronche pas si je passe devant lui. Je peux alors entrer dans la cave, et l’exploration du lieu commence…





La cave se visite assez rapidement car les pièces ne sont pas si intéressantes que ça. C’est pourtant l’endroit du manoir où je me sens le plus en sécurité car ici on ne me voit pas. Je découvre un long couloir desservant toutes les pièces de cette partie du bâtiment, et le photographie avant de monter à un petit escalier menant au rez-de-chaussée.





Mes pas me mènent alors à une pièce aperçue lorsque je tournai autour du manoir en arrivant : une pièce de petite taille, un peu détériorée, mais avec une superbe ambiance grâce à l’escalier bleu par lequel je suis arrivé. Sur la gauche, des plaques témoignent d’une volonté de protéger le bâtiment d’éventuelles intrusions, mais tout cela est bien inefficace vu la fenêtre totalement ouverte sur la droite… Me retournant, je découvre une cheminée plutôt bien conservée, avec une inscription «ne travaillez plus» écrite à la place d’un possible ancien miroir. Une autre porte ouverte me conduit au hall du manoir…



Quel spectacle ! Vu l’état de la cave et de la petite pièce juste avant je ne pensais pas découvrir un aussi beau hall ! Regardez-moi ces décorations, ces détails, ces couleurs… Le tout est probablement du toc, mais tout de même, ce n’est pas tous les jours qu’on voit ça quand on explore des lieux à priori «en ruines» et qu’on est juste venu comme ça, «histoire de voir si ça valait le coup…» avant d’aller à la pendaison de crémaillère d’un ami. J’imagine que de part et d’autres du hall il devait y avoir de petites statues. Aujourd’hui disparues, le vide fait que je me les imagine (et c’est pas mal non plus, ça fait travailler l’imagination).







Autour de cette belle entrée je visite d’autres pièces en mauvais état, et quelques indices me laissent penser qu’une rénovation du manoir eu lieu à un moment donné, mais que celle-ci est (en tout état de cause) aujourd’hui à l’arrêt. J’ai inspecté un peu partout, il y a vraiment trop de poussière pour que tout soit toujours en cours de rénovation. Et surtout, le manoir est complètement ouvert.



Je me mets tout de même à douter : il y a bien un propriétaire, quelque part, est-ce un particulier, ou la ville ? Je dis «la ville» car je tombe sur trois lavabos alignés au fond d’un couloir qui me laissent penser que le lieu fut probablement une école à une période. Fouinant dans un autre couloir je tombe sur des toilettes comme on peut en trouver dans les établissements scolaires. Une école installée dans ce manoir ? Voilà qui jette un nouvel éclairage sur la fonction du lieu, et qui lui donne un petit supplément d’âme.

Continuant mon exploration, je tombe sur le «grand» escalier. Je dis le «grand» pour le distinguer du petit escalier en colimaçon que j’ai emprunté de la cave au rez-de-chaussée. Ce grand escalier est assez classe, mais malheureusement bien en ruines. Le premier palier est tout simplement absent. Y monter est possible, mais très dangereux. En-dessous on remarque une sorte de comptoir comme on pourrait en trouver dans un hôtel. Pourtant le lieu fut à priori une école… Insolite, ce comptoir.

M’apprêtant à voir ce qui se trouve derrière, j’entends de vois venir de la fenêtre située sur la gauche. Sur le coup je panique un peu car je me dis «Et voilà, je vais être cueilli par le propriétaire des lieux…» Me cachant dans un coin, j’entends alors la voix dire «Waaah, regarde ça, il est complètement foutu l’escalier…» Le ton de la voix ne laisse aucun doute : d’autres explorateurs sont sur place. Par chance, de là où ils sont ils ne peuvent pas entrer par la fenêtre (c’est trop haut) mais ils n’ont qu’à faire le tour pour entrer. Et si j’allais à leur rencontre ? J’y réfléchis, puis me dirige vers une autre fenêtre d’où je pourrais les voir sans être vu : mais je ne vois personne passer ! Où sont les explorateurs ? Aucune idée. Peut-être sont-ils déjà dans la cave ? Plutôt que de me poser trop de questions je décide de monter à l’étage et de continuer à faire mes photos. La lumière commence un peu à décliner et je ne dois pas être en retard à la pendaison de crémaillère… Si je tombe sur eux, je tomberais sur eux, et voilà.



Première pièce visitée à l’étage : encore des lavabos ! Une salle de bain collective, pas de doute, c’était bien une école ou quelque chose dans le genre. Peu de tags présents, mais pas mal de dégradations comme on peut le voir sur les photos ci-dessous.





Niveau chambres, tout est vide, mais il subsiste encore quelques rideaux dans certaines pièces qui donnent un certain charme au lieu. On trouve encore les miroirs sur les cheminées, et dans cette partie du manoir aucun signe de rénovation. Rideaux vert pomme, rideaux orange rouille, tout cela semble dater des années 70/80.





Après quelques pas j’arrive à l’autre bout du bâtiment et tombe sur l’escalier en colimaçon qui m’avait permis de monter de la cave au rez-de-chaussée. Assez mignon, ce petit escalier bleu me permet cette fois-ci d’accéder au grenier. Tout en haut des marches, de petites fenêtres permettent de voir un peu ce qui se passe au dehors mais attention à ne pas repartir couvert de toiles d’araignées… Au milieu de ce petit escalier, une jolie rambarde est toujours là. Je jette un œil dehors histoire de voir si je verrais les explorateurs entendus au rez-de-chaussée, mais ne vois rien. Peut-être m’ont-ils entendus et sont repartis ?



La visite du grenier se passe de façon assez sereine. De vastes pièces vides et assez sombres… Rien de transcendant si ce n’est qu’en visitant certaines pièces je découvre un personnage peint sur un mur. Il s’agit de Pépito, et le fait de le voir peint ici me laisse penser que le grenier servait de chambres à des enfants. Un manoir-école ? Dans une autre pièce je tombe sur une peinture représentant quatre visages en noir et blanc, signée «Martine».











La visite touche alors à sa fin, et vu la facilité d’accès du lieu, vu sa beauté, et vu le plaisir que c’est de trouver un lieu par soi-même, je suis vraiment ravi d’avoir fait ce détour avant de venir à la pendaison de crémaillère de cet ami !

La première vue aérienne que j’ai pu trouver date de 1935. Bien que de qualité vraiment moyenne (bon on est en 1935 hein) on peut voir que les abords du manoir étaient bien dégagés à l’époque, et le terrain étant en pente derrière le bâtiment, le tout devait avoir beaucoup d’allure.

Ci-dessous, 1962 et 1964. On dirait qu’il y a des travaux autour du site en 1962. Peut-être des modifications pour que le lieu devienne une école ? Sur la vue de 1964 j’ai l’impression qu’il y a deux fanions accrochés à la façade du manoir. Peut-être une fête de fin d’année.



Ci-dessous deux jolies vues datant de 1975. On voit bien le garage sur la gauche avec sa petite tourelle (rond blanc), un petit bassin en bas à gauche du manoir (aujourd’hui complètement invisible à cause de la végétation), ainsi qu’une curieuse petite structure juste à côté du manoir, un peu en forme d’ovale (coloriée en vert). La deuxième vue permet de se faire une meilleure idée du site, et aussi de mieux voir la structure ovale (qui n’est probablement qu’un parterre de fleurs).



Je n’ai aucune idée de la période à laquelle le lieu fut fermé ou abandonné, mais voici la tête qu’il a en 2009. Les arbres ont tout envahi et c’est vraiment un coup de chance que d’être tombé sur ce lieu en me promenant au hasard sur des vues satellites.