Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension. ATTENTION : le lieu sert de terrain de jeu à un club d'airsoft, donc si vous trouvez ce lieu et décidez de vous y rendre vous risquez d'être mal reçu...


Voici un lieu découvert en me promenant au hasard sur Internet. En voyant la taille de l’usine je fus très agréablement surpris car j’aime beaucoup les sites industriels : grands halls, impression d’immensité, perspectives à perte de vue… Faisant une petite recherche, j’apprends que le site a fermé il y a quelques années et que tout a été vidé à l’intérieur. Le jour de ma visite, je ne m’attends donc pas à trouver d’anciennes machines rouillées bien photogéniques, ou des documents un peu partout. J’y vais pour le plaisir de la balade, pour la sensation de liberté, et si je vois de belles choses (textures, lumières, volumes) je serais content. Le bon côté d’explorer des sites industriels est aussi que la visite est bien plus sereine que l’exploration d’un château ou d’une maison appartenant à un particulier… Ci-dessous, le lieu tel que je l’ai découvert.

Ma visite commence par le bâtiment tout à droite sur l’image satellite. Je m’attends à visiter un grand entrepôt tout vide et un peu tagué, et c’est un peu ce qui se passe. Malgré les dégradations, la promenade est agréable. Je découvre quelques locaux administratifs, un vestiaire, des sanitaires, puis me dirige vers l’entrepôt en lui-même.













Plongé dans le noir et éclairé par quelques zones éparses, cet entrepôt a de la gueule. Les rayonnages vides filent à perte de vue jusqu’à l’obscurité la plus totale. Avançant jusqu’au bout, c’en est presque flippant tellement tout est sombre. Le lieu n’étant plus entretenu, de grandes flaques créent des reflets intéressants malheureusement un peu trop complexes à prendre en photo pour moi.











Revenant à la partie administrative, un escalier me permet d’accéder au niveau situé au-dessus du fameux entrepôt plongé dans le noir. Ici aussi, tout est vide, mais la surface est impressionnante ! Il faut marcher un peu pour arriver au bout et découvrir des plantes poussant là grâce aux différentes fuites dans la toiture. Un grand silence habite ce lieu, silence quelque fois troublé par les bruits de la toiture craquant par endroits sous la force du vent.









Direction la suite de l’usine : je passe devant deux grands entrepôts qui m’ont l’air fermés. Je ne perds pas de temps à essayer de voir si une porte est ouverte ou non, la lumière est belle aujourd’hui et à priori il y a des zones un peu plus intéressantes plus loin… Je passe devant un petit préfabriqué que je visite rapidement. Ici aussi, tout est vide mais il reste de nombreux documents au sol témoignant de l’ancienne activité du site.





J’arrive en vue d’un très grand hall. Au sol je remarque de très nombreuses billes d’airsoft, mais alors vraiment plein. C’est vrai que le lieu s’y prête carrément avec tous ces coins ou se cacher mélangé à tous ces grands halls où se cacher… Il y a une vingtaine d’années j’aurais adoré jouer ici. Visitant ces immenses espaces, je découvre des grafs ici et là qui apportent un peu de vie à cette partie de l’usine où ne reste plus aucune trace d’activité. Evoluer ici est parfois un peu angoissant, car on est totalement à découvert en se promenant au milieu de ces halls, et en cas de mauvaise rencontre il n’y a pas trop d’endroit où se cacher.







Un peu plus loin je tombe sur une grande pièce où le soleil crée de jolies taches lumineuses au sol. Comme pour les grafs, ces rayons apportent de la vie ici, et créent une sensation apaisante qui fait un peu oublier qu’on est dans un lieu où l’on n’a pas le droit d’être.



Continuant ma visite, j’arrive dans la partie la plus ancienne de l’usine, et aussi la plus détériorée par les intempéries. Les toitures de cette zone étant faites de bois et de tuiles, elles ont moins résisté ces dernières années à la pluie, au vent, mais aussi au feu comme je peux le constater dans une pièce ravagée. Ici, la végétation pousse bien plus que dans les grands halls explorés avant. A un endroit, une porte est fermée mais un pan de mur s’est effondré juste à côté, me permettant de découvrir d’autres salles, vides elles aussi, avec des grafs ici et là. Plus loin je découvre un auvent plutôt joli donnant sur une très belle perspective, mais la vue est complètement obstruée par les arbustes ayant poussé ici ces dernières années…






















J’arrive dans la partie la plus récente de l’usine, qui abritait les bureaux des dirigeants et de toute l’administration. Comme le reste de l’usine, tout est vide. A ce stade de l’exploration, si je ressens un certain plaisir à visiter un lieu aussi grand, je pense aussi à tous les gens dont l’emploi a sauté avec la fermeture du site, et c’est donc finalement avec une certaine tristesse que je contemple tous ces bureaux vides et ces couloirs silencieux. Au détour d’un passage, une girafe apporte un peu de vie le temps d’un regard.











Je fais une petite boucle et découvre d’autres pièces de la partie ancienne de l’usine (celle avec les toitures endommagées). Dans une des pièces, c’est bien simple, il ne reste plus du tout de toiture, et au sol je découvre ce que la pluie a créé sur un morceau de faux-plafond. De près, on a l’impression d’être un géant qui contemple une vallée avec ses montagnes, ses sommets enneigés, ses skieurs microscopiques…







Je reviens sur mes pas et travers une allée me menant à d’autres bâtiments. Ici, la végétation est reine, mais on peut quand même bien circuler. Je découvre la cheminée aperçue de loin, trônant encore fièrement sur place, comme une statue endormie. Je visite d’autres locaux plus ou moins anciens et plus ou moins vides, avec encore cette sensation fascinante d’explorer un lieu immense. On pourrait facilement passer une journée entière sur place à la recherche de petits détails.



















Continuant mon chemin, je passe devant d’autres locaux fermés et arrive dans une partie de l’usine qui avait éveillé ma curiosité en la repérant sur Google Maps : comme une sorte de jardin ou de bassin, en tout cas une zone carrée assez mystérieuse. Une fois sur place je découvre effectivement un bassin à moitié vide dont l’utilité m’échappe un peu, mais surtout je suis fasciné par l’espèce de monolithe gisant au milieu. L’eau étant très sale à cet endroit, on a presque l’impression d’être face au monolithe de «2001 Odyssée de l’Espace» quand il apparait au début du film. A quoi servait ce monolithe ? Aucune idée. Très photogénique en tout cas, et il me permet de créer un nom fictif à cette usine.







Inspectant mon plan sur mon smartphone, je vois que j’ai visité à peu près tout ce qui était visitable sur place, à part un dernier entrepôt. Me dirigeant là-bas sans grande motivation, je suis surpris de trouver quelque chose d’étonnant : un mur constellé de posters de stars, posters extraits de magazines des années 80/90 à priori : Patrick Bruel, Gérard Blanc, Jean-Jacques Goldman, Gérard Blanc, Pierre Palmade, Johnny Hallyday, David Hallyday, Frédéric François, Michel Sardou etc. Belle trouvaille que tous ces posters délavés. Un peu plus loin, de vieux étalages côtoient des fougères poussant dans d’anciens bassins…











Je reviens vers mon point de départ et fais une dernière photo de la grande allée quasiment impossible à traverser tant elle est encombrée d’arbustes. (Sur la photo ci-dessous on se dit qu’on peut continuer tout droit mais après une dizaine de mètres on est obligé de revenir sur nos pas.) Fin de la visite de l’Usine du Monolithe !

Un peu d’histoire : je ne dirais pas ce qui était fabriqué sur place car ça dévoilerait trop facilement l’emplacement de cette usine, mais l’établissement (plus de 20.000 mètres carrés) fut fondé vers la fin du XIXème siècle. Le site employait un peu moins de 500 personnes à l’époque. L’usine est en sommeil durant la Deuxième Guerre Mondiale, puis revient la vie peu après, pour connaitre un succès phénoménal dans les années 60 grâce à des techniques plus modernes de fabrication.

Le site connait un dépôt de bilan au début des années 2000, puis un plan social. Peu après, la situation se détériore encore plus et l’usine est mise en liquidation judiciaire au milieu des années 2000. Les machines sont démontées et revendues dans divers pays d’Europe. Un peu plus de 130 personnes se retrouvent alors sans emploi. C’est à partir de là que le site se dégrade progressivement pour être dans l’état qu’il est lors de ma visite en 2018. Ci-dessous des vues aériennes datant de 1956 et 1961. A l’époque le grand entrepôt très sombre vu au début de cette page n’existe pas mais le site est déjà immense.



Ci-dessous des vues de 1989, 2004, 2005 et 2006. Ces vues montrent le site tel que je l’ai visité en 2018 (avec le grand entrepôt tout à droite), mais à l’époque où l’usine tournait. La dernière vue (2006) montre l’usine l’année de sa fermeture.







Ci-dessous des vues de 2010 et 2012 montrant l’usine encore en bon état.



Ci-dessous, la dernière vue disponible, datant de 2016. On peut clairement voir au milieu (un peu à gauche) une partie endommagée : il s’agit d’un incendie volontaire survenu entre 2012 et 2016. C’est à cet endroit que j’ai vu le morceau de faux-plafond ressemblant de près à une vallée avec ses sommets enneigés.