Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.


Je connaissais ce manoir depuis longtemps grâce à une lectrice, mais il était toujours trop loin des lieux que je comptais visiter. Quitte à me déplacer, j’essaye toujours d’avoir 2 ou 3 lieux pas très loin de celui que je compte visiter. Mais là c’était vraiment trop éloigné. Un beau jour, alors que j’avais enfin quelques lieux à proximité, je décidais de tenter l’aventure avec un camarade d’exploration. Et la chance fut de notre coté puisqu’en l’espace de deux minutes nous étions dans l’enceinte du manoir, bien à l’abri des regards. Avançant à pas de loups vers ce qui semble être l’ancien garage, nous découvrons une épave (Simca 1000 Série 3, fin des années 70) enfouie sous la végétation et juste à coté ce qui reste de la maison du gardien. A l’intérieur, tout est dévasté. Ne subsiste qu’un vieux Bambi à roulettes que nous posons sur le toit de l’épave le temps d’une photo.





Pas bien loin, le manoir est en vue. L’entrée de la cave s’offre à nos yeux, mais il reste une inconnue : le lieu pourrait très bien être sous alarme, car toute la question est là : ce lieu est-il réellement abandonné ? N’est-pas une simple résidence secondaire non entretenue faute de moyens ? Un article de journal dit que le lieu est à l’abandon «depuis vingt ans», ce qui me rassure un peu, mais le doute subsiste et, tournant autour du lieu pour mieux en apprécier l’architecture, je dois dire que je ne me sens pas complètement serein…







Arrivant devant la façade du manoir donnant sur la rue, il n’y a plus aucun doute, ce lieu est bel et bien à l’abandon. Trop de végétation, de dégradations, aucun signe de vie, il ne reste plus qu’à se diriger vers la cave pour entrer, mais avant ça, je fais un léger détour par ce qui semble être une serre souterraine située sous la façade…













Une fois revenu vers l’entrée de la cave, mon camarade d’exploration et moi-même prenons une petite inspiration puis nous faufilons comme des souris. Allons-nous entendre retentir une alarme ? Le manoir sera-t-il complètement vide ou restera-t-il des objets ? Pour ce qui concerne la cave, la réponse ne se fait pas attendre : il reste encore tout ! Et quand je dis tout, c’est vraiment tout, pas juste «Les propriétaires sont partis et ont laissé des choses ici et là», non, là on ne sait plus où donner de la tête et devant ce genre de spectacle il est difficile de savoir ce que l’on prendra en photo tellement le choix est vaste.

Pêle-mêle, des objets semblent dater des années 90 tandis que d'autres remontent facilement aux années 70 voire 60 ou 50. Tout est poussiéreux et même sale par endroits. Un sac poubelle attire mon attention, que contient-il ? L'ouvrant délicatement, je découvre avec un certain dégout une tête de sanglier empaillée... Ailleurs, bouteilles, flacons et vieilles conserves prennent la poussière. Avant d'emprunter l'escalier menant au rez-de-chaussée j'entre dans une autre pièce bien sombre et tombe sur un vieux landau me rappelant aussitôt celui du Pingouin du film de Tim Burton. Lugubre à souhait. Et si je nommais ce lieu en référence au personnage ? L’idée fait son chemin à mesure que je gravis les marches me menant au rez-de-chaussée.















Tout est silencieux. Pas complètement rassurés, nous évoluons dans une petite cuisine donnant ensuite sur un grand et beau hall couvert de toiles d’araignées. Un rapide coup d’œil sur la porte principale montre que personne n’a tourné la poignée depuis un bout de temps. La cave était remplie d’objets en tous genre, ici c’est un peu le cas, mais en moins foisonnant. Ceci dit, ce qui reste vaut le coup d’œil : fauteuils, chien à bascule, meubles, télé, et surtout un magnifique piano. Niveau dégradation, des bris de plafond couvrent quelques endroits de certaines pièces. Mais sinon rien qui ne montre que des gens sont venus ici pour casser. Tout est silencieux, et c’est à pas de velours que nous nous mettons en route vers le premier étage.
















Nous voici à l’étage. Le bel escalier donne accès aux quelques chambres visitables à ce niveau. Comparé à la cave et au rez-de-chaussée, pas grand-chose à voir, c’est comme si il y avait de moins en moins d’objets à mesure que nous montons. Pièces vides avec le strict minimum, salle de bain sans aucun mobilier… Une chambre contient cependant encore beaucoup d’objets, visiblement ceux de la maitresse de maison. Tout est clairement abandonné, mais assez propre, vu le bon état général de la maison : pas (trop) d’humidité, toiture correcte, on est presque dans une capsule temporelle semblant remonter aux années quatre-vingt dix. Sur une table de chevet, un réveil arrêté indique 13h25, avec une sonnerie réglée à 7h30. Depuis quand exactement est-ce que tout ça est dans cet état ?













Après quelques marches recouvertes de toiles d’araignées et de débris de plafond qui s’effrite, nous voici au deuxième niveau du manoir, et la première chose que nous voyons est un meuble encore en bon état ayant probablement servi de bureau à un enfant vu les livres qui sont étalés dessus. Une petite recherche nous apprend que «Félix chez les Sauvages» date de… Juillet 1949 ! Pour ce qui est de «Mickey fait du Camping», c’est carrément 1934 ! Les recueils Spirou à proximité semblent dater des années 60. Cet étage était-il le lieu où dormaient les enfants du couple ? Ou leurs petits-enfants ? Impossible à dire, nous ne pouvons que nous faire un petit film en feuilletant tout ça.





Les autres pièces de ce niveau, moins grandes qu’au premier étage, ont cependant leur charme. Le fait que les volets soient ouverts à cet endroit joue beaucoup et donne un peu de légèreté à cette visite qui, je le rappelle, ne m’inspire pas une grande sérénité tant j’ai l’impression que la Police va débarquer d’un moment à un autre. Mais rien de tout cela ne se passe, nous sommes bel et bien dans un lieu abandonné, sans courant, sans eau, sans personne qui le garde, et surtout, comme le dit l’article de journal, «abandonné depuis vingt ans». Ci-dessous, des photos des autres pièces, ainsi que des nombreux bibelots, objets autres journaux que l’on peut trouver :























Revenant vers l’escalier afin de quitter les lieux, j’aperçois un drôle d’escalier assez exigu, et très beau. Non sans peine, je gravis les marches et atterrit dans une pièce encore plus petite que les autres, sous les combles et à l’ambiance particulière.

Cette pièce était-elle une salle de jeux ? Vu la taille de l’escalier j’ai l’impression qu’il n’y a que les enfants qui pouvaient y grimper, du moins sans difficulté, mais vu que j'y suis monté c'était forcément pour tout le monde. Une petite porte (un mètre de haut) donne sur le jardin envahi de végétation traversé au début. Le petit fauteuil en osier dans un coin est diablement beau, on se croirait presque dans la maison d’Amityville, ne manque plus qu’une petite poupée dessus et c’est bon. Mais en cette matinée, la seule chose qui imprègne cette pièce, c’est la douce chaleur du soleil passant à travers la vitre dépolie. Nous sommes entrés par une cave sombre et avons petit à petit exploré des pièces de plus en plus lumineuses. Un joli voyage.

Avant de repartir, je décide de faire un petit tour sur la terrasse du manoir. Le sol n'a pas été entretenu depuis des années et ça se voit. De là-haut la vue sur la ville est plutôt belle, mais nous ne nous attardons pas de peur d'être repérés. Une photo de végétation poussant sur le parapet, une photo d'une fenêtre bâchée, une vue générale, et nous redescendons.



Au moment où nous sortons du site, malchance, nous sommes immédiatement repérés par deux cyclistes, en l'occurrence un père (la quarantaine) et son fils (qui a l'air d'avoir dix ans). En nous voyant, le père nous lance en souriant : "Alors, on chasse les fantômes ?". Levant les yeux au ciel et répondant en soupirant, son fils lui réponds alors "Mais non, p'pa, c'est de l''urbex..." Un très bon souvenir qui clôt en beauté cette visite.