Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.


J'arrive en milieu d'après-midi. Le temps n'est pas au beau fixe, c'est un peu couvert et le fond de l'air est un peu lourd, la pluie s'invitera-t-elle lorsque je serais dans le château ? J'espère que non. Après avoir marché quelques minutes dans la forêt, je remarque l'entrée caractéristique de l'édifice : me voilà arrivé. Il ne reste plus qu'à contourner le mur d'enceinte et me diriger vers ce que je suis venu voir.




L'entrée du château est très sympathique, et parait presque trop «belle» pour être vraie. Cette muraille aurait très bien sa place dans un Playmobil Fun Park ou à Disneyland. Mais tout cela est bien d'époque à en juger par les photos anciennes que j'ai pu grappiller à gauche à droite, et que nous verrons en fin de page. Ci-dessous sur la photo de droite je remarque un panneau que je n'aime pas trop : «Attention Chien Méchant». Dans ce genre de situation, il y a trois options : soit il y a un chien, et aujourd'hui il est là, soit il y a un chien, mais aujourd'hui il n'est pas là, soit le panneau est juste là à titre dissuasif. Je penche pour la troisième option et constate une entrée très facile sur la gauche me permettant d'entrer dans le corps de ferme.





Les quelques photos ci-dessous permettent bien de se faire une idée du délabrement des lieux. Délabrement qui est assez avancé à ce niveau, mais carrément effrayant plus loin, dans le château que nous allons découvrir.











Vu l'heure et la météo, je ne m'attarde pas sur la ferme. Elle est assez en ruines, une ou deux petites maisons tiennent encore un peu debout, pas d'un grand intérêt... Ce que je vois loin devant moi est par contre assez spectaculaire : couvert de lierre et presque complètement dépourvu de toiture, un vieux château médiéval finit ses jours au fin fond de la campagne... Ci-dessous, deux images. La première représente «le château», la deuxième «la chapelle». C'est vers le château que je me dirige assez rapidement, le trajet de la ferme au château étant complètement à découvert.





A peine entré dans la grande bâtisse, le constat est sans appel : il n'y a plus rien à faire, la végétation a tout envahi, les murs tiennent par l'opération du St Esprit, la toiture est inexistante, il ne reste plus aucune trace de plancher, et même le sol a disparu ! Complètement affaissé, c'est sur un sol qui ressemble à un «sol» de forêt que je progresse péniblement, découvrant d'autres pièces très belles par leur verticalité, mais qui ne tiendront pas longtemps comme ça à l'air libre... On remarque ici et là de petits trous : d'anciens souterrains.



Un petit coté Angkor Vat pas déplaisant...















Ci-dessous, d'autres vues du château. Le bougre est dans un triste état, il n'y a décidemment plus rien à faire à part l'utiliser comme décor pour un film, un clip etc. Progressant d'une pièce à l'autre, je découvre quelque chose de pas complètement dévasté : un joli escalier en colimaçon, permettant de grimper aux entrées desservant les étages aujourd'hui disparus. Gravir ces marches fait un peu froid dans le dos quand on a vu juste avant dans quel état était le reste. Mais bon, si l'escalier est encore là, c'est qu'il tient encore un peu. Je monte doucement au deuxième étage et fait rapidement une photo de la vue s'offrant à mes yeux. Les marches continuent jusqu'au troisième étage, mais ça fait vraiment trop peur, je décide donc d'aller voir ailleurs.
















Une fois redescendu, m'apprêtant à aller vers la chapelle, mon regard est interpellé par une chose étrange, encore en très bon état vu là où elle se trouve. Il s'agit d'une espèce de petite statue installée dans le coin supérieur d'une porte çà coté de l'escalier. Je n'arrive pas à bien distinguer ce que semble tenir le personnage mais on dirait qu'il porte un bonnet avec dessus deux oreilles, genre de vache, de cochon ou de chat.




Selon Maadiar : "Déjà on voit que c'est un beau tuffaut travaillé à la main, c'est de la pierre de taille pas à chier, on voit bien le bouchardage et le passage de la rappe à droite. Le personnage est un "fou", il apparaît vers le XIIème siècle, XIIIème, son costume se caractérise par un habit moulant sur le torse, un "jacque" parfois découpé en franges en bas sur des braies, des chausses, et en haut terminé par une capuche à oreilles qui s'ornera plus tard de grelots. Il tient une "marotte", une espèce de matraque au départ qui deviendra un sceptre à grelot et tête de poupée, le sceptre de la folie. Le costume est fixé au XVème siècle, c'est le joker sur nos cartes à jouer. Bref pour moi c'est une représentation romane de la "folie" genre XIIIème-XIVème siècle. Pas après. Peut-être plus vieux, XIIème, à voir. Souvent c'est associé à un autre personnage, la sagesse, tenant un caducée, comme à Notre-Dame de Paris. Voilà poulet. Une pièce pour le guide merci."

Selon Alexis : "Ca ressemble à un modillon, il n'a pas de caractère sexuel sauf si ce qu'elle tient est un penis ou quelque chose qui s'y apparente donc je penche sur une fin XIIème sauf s'il y a eu un remaniement puritain au XIXème (possible dans un château ecclésiastique). Auquel cas là cagoule de chat peut avoir un sens : le chat = diable."

Ci-dessous, me voilà sorti du château. Me dirigeant vers la chapelle, je me retourne et contemple la beauté de toutes ces glycines envahissant le lieu petit à petit. Ca donne vraiment un truc magnifique tout ce vert et ces taches violettes un peu partout. La dernière fois que j'en avais vu autant, c'était à la Laiterie de la Rivière. Sur l'image, la toiture pointue répond à la question du mystère de l'escalier bien conservé (celui avec la statue étrange). Sur la droite, j'aime bien les deux cheminées encore debout.




Direction la chapelle ! Aie, peine perdue, la porte est fermée... Cette partie du site semble être en bon état, d'où une certaine protection fort compréhensible. Je me rabat sur des maisons situées juste à coté, priant pour qu'un éventuel passage souterrain permettre de rejoindre la chapelle. Re-peine perdue, elle est vraiment inaccessible. Je visite les quelques pièces visitables : des pièces d'habitation assez banales, mais au cachet moyenâgeux très sympa. Au milieu de décombres et journaux assez anciens, une chaussure dort paisiblement...














Je fais le tour de la chapelle histoire de mieux voir ce que je ne pourrais pas visiter. Les vitraux sont en mauvais état, et on ne distingue pas de couleurs. C'est peut-être différent vu de l'intérieur ? Cette bâtisse recouverte de lierre a décidemment beaucoup de charme, on en oublierait presque que le lieu n'est pas totalement abandonné : "Chien Méchant", toiture de la chapelle en bon état, porte fermée...






Je reviens vers le château pour en faire le tour une dernière fois. Les fenêtres de pierre encore présentes ont beaucoup de classe avec le ciel que l'on voit au travers.








Ci-dessous, plus de plancher, mais la cheminée est encore là.





Fin de la visite. Pas de chien méchant, pas de rencontre malheureuse avec un éventuel propriétaire, pas d'éboulement, rien, calme plat. Ce lieu, bien que très en ruine, est fascinant. Revenir le voir en hiver doit être très beau pour mieux profiter de l'architecture un peu obstruée par la végétation en été.




Ci-dessous, des vues aériennes et des photos d'époque. On commence par les vues aériennes : direction 1923 avec une vue, certes, de mauvaise qualité, mais permettant de voir (un peu) le château quand la toiture n'était pas effondrée. Juste après cette première vue aérienne, une deuxième, datant de 1966.






Ci-dessous, une magnifique vue de 1978. Au milieu un peu en bas, l'entrée poétique (vue en début de page) qui fait un peu Disneyland et sur la droite, le château, dont la toiture est déjà effondrée à cette époque. Après quelques recherches, j'ai appris que le lieu n'avait plus été entretenu au début du XXème siècle, et que le plancher de différentes parties du château s'était effondré dans les années cinquante. Deux ans plus tard, la foudre s'abat sur la chapelle, provoquant un incendie. Par la suite, la chapelle sera restaurée, mais le château continuera de pourrir comme nous allons le voir sur d'autres vues aériennes.




Ci-dessous, cette vue de 1983 est particulièrement belle, et intéressante. On y voit bien la chapelle (en haut à gauche) dont la toiture est à l'époque en train d'être restaurée. Juste en-dessous, le château en ruine est bien visible, et on voit même (en vert) l'escalier dont la toiture a été refaite (celui avec l'étrange statue vue plus haut).




Ci-dessous, d'autres vues témoignant du lent abandon du château. Notons qu'en 1994 (première photo) la toiture de l'escalier à la statue étrange n'est pas encore là. Il faut attendre 2005 (deuxième photo) pour que celle-ci apparaisse.








Ci-dessous, le site en 2015. Chapelle restaurée et château envahi de vegetation...




Et maintenant, des photos d'époque, malheureusement non datées. Sur ces photos la toiture est là, j'en déduis donc qu'elles datent d'avant les années cinquante. Ci-dessous, une image montrant l'escalier hexagonal à l'étrange statue.






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Ci-dessous, une photo datant probablement des années cinquante vu que la toiture vient de prendre un coup dans l'aile par manque d'entretien. Combien de temps cette ruine va-t-elle tenir debout ?




On termine avec une photo faite par CC qui m'a appris l'existence de ce lieu, et qui a fait la photo ci-dessous en 1979-1980. Cliquez dessus pour la voir en plus grand. (Et un immense merci à CC pour ses indications.)