Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.

Je coupe le contact, ma voiture peut enfin se reposer à l'ombre d'un tilleul sur la place du village. Après quarante minutes de route me voilà arrivé au point à la fois le plus discret et le moins éloigné du lieu que je suis venu visiter. Moins éloigné, mais pas tout proche non plus : je me dirige vers un chemin caillouteux en sachant que je vais marcher une bonne demi-heure, puis peut-être attraper lorsque je tenterai d'explorer l'objet de ma visite : un château.

Le chemin de randonnée que j'emprunte est plutôt agréable. Au début c'est assez sec et plein de cailloux, mais la suite est sympa avec un sentier forestier tout ce qu'il y a de plus agréable débouchant sur un grand champ doré. Le chemin passe en plein milieu du champ en question. Sur ma gauche : la lisière d'une forêt bien plus grande ; sur ma droite : une vue magnifique sur toute la région. Je découvre plusieurs chênes, dont un qui sert en période de chasse : une échelle métallique est fixée au tronc, permettant de grimper facilement sur une petite plateforme située à deux ou trois mètres du sol. De là-haut, la vue doit être belle, surtout avec la petite brise agitant les feuilles tout autour de soi. Si la visite se passe bien, je ferai un petit somme là-haut en fin de visite.


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Le chemin plonge ensuite directement dans la forêt. La progression est plutôt simple bien qu'il faille un peu faire attention à ne pas se prendre des branches d'aubépine au coin de l'oeil. Après un petit quart d'heure, j'aperçois une des nombreuses entrées permettant d'accéder au domaine. Visible comme le nez en plein milieu de la figure, le mur effondré me tend les bras, il n'y a qu'à passer et continuer vers le sud en regardant Google Maps de temps à autre pour être sûr de ne pas se perdre.





Au bout d'une dizaine de minutes mes pas me mènent à ce qui était auparavant un sentier domanial, pas du tout entretenu et encombré d'orties. A force de persévérance, j'arrive enfin à la première des deux zones de cette visite : le lac. Je dis lac mais une fois que j'en ai fait le tour je me rends compte que c'est plutôt un ancien bassin de rétention. Ou un bassin d'agrément, mais rien de naturel là-dedans.

Alimenté par de petites rivières descendant de la forêt que j'ai traversée, le lieu possède un charme bucolique pas désagréable du tout. J'aime bien quand il y a de l'eau. Dans ce bassin, beaucoup de canards m'accueillent en déguerpissant, se cachant sous divers branches feuillues pendant dans l'eau. Tous ces canards sont-ils sauvages ? La réponse ne se fait pas attendre : à l'opposé du bassin je découvre une sorte d'enclos recouvert de grillage servant de maison aux volatiles. Plus loin, une grande carriole bâchée permet aux canards de s'abriter en cas de grosse pluie. Sur une table, une canne à pèche rudimentaire.









Mon regard se porte alors sur une structure étrange et sombre à coté du lac : la cabane ! Une amie m'avait montré une photo de cette cabane, et son aspect m'avait beaucoup séduit, comme un rappel à l'enfance, une cachette secrète à l'abri des regards... Malheureusement il ne s'agit pas d'une cabane d'enfant mais d'une position surélevée pour permettre aux chasseurs de rester camouflés pendant leur activité. Adieu la cabane de gosse, bonjour la cabane de chasseurs construite toute en palettes. Pas la même ambiance hein ?



La structure en très mauvais état ne semble pas avoir servi depuis une éternité. Tout est vermoulu et craque si l'on s'y agrippe - même très légèrement. Je fais le tour de la cabane, cherchant un accès à la Tom Sawyer ou un reste d'escalier : rien. Je découvre par contre quelque chose d'assez poétique : les restes d'une échelle de corde permettant de grimper tout en haut d'un des arbres présents sur place, juste le long de la cabane.













Y'a-t-il une petite plateforme tout là-haut comme celle que j'ai vu dans le champ ? Aucune idée, mais l'état peu rassurant de l'ensemble ne me motive pas du tout à tenter une ascension, même en m'aidant des branches. Détail amusant : l'arbre a englouti l'échelle en poussant, ce qui me permet d'en déduire que l'échelle est là depuis un bon bout de temps.





Fin de l'exploration de la première zone, direction la deuxième : le château ! Magnifique et encore en très bon état (comparé à d'autres bâtiments où il n'y a plus rien à faire) il a un charme fou, surtout en le découvrant au fur et à mesure à travers les arbustes et autres buissons qui le dissimulent.



Face au fronton, un visage serein m'accueille en toute modestie. Zéro tag à l'horizon, pas de dégradation : le bonheur. Il ne reste plus qu'à entrer et profiter du lieu.




L'accès est étonnement d'une simplicité enfantine. Une fois dans la cave, je découvre quelques pièces assez différentes les unes des autres, certaines en bon état, d'autres un peu dégradées, et je devine leur fonction au fur et à mesure des indices trainant au sol ou sur les murs. Laverie, cuisine, cave à vin... Un peu classique, mais l'illustration animalière près des fourneaux est plutôt cool.












Près d'un lavabo je trouve un vieux journal "Le Parisien" sentant bon le grenier. Jusqu'ici rien d'extraordinaire, sauf qu'en regardant la date, surprise, il est paru le 14 Avril 1982. Pile le jour de mes 3 ans ! Je n'ai pas trop parcouru le journal, je l'ai laissé là, amusé par ce petit hasard de calendrier.

Le temps de gravir les sombres marches d'un vieil escalier poussiéreux et me voilà au rez-de-chaussée. Premier constat : c'est vide. Mais deuxième constat : c'est diablement beau et bien conservé malgré quelques traces de dégradation à première vue naturelle (humidité, fuite etc). Sublimes papiers peints, très bel escalier, miroir : les volumes sont impressionnants et les pas résonnent un peu dans ces grands espaces vides où le moindre petit bruit fait sursauter.










A l'étage, même topo : grandes pièces en relatif bon état, et de jolies ambiances poétiques avec ces papiers peints encore en place (bon ok, ils se décollent peu à peu), ces miroirs encore propres, ces moulures et autres décorations.

















La visite continue avec encore et encore d'autres salles plus ou moins vides, un petit ennui commençant à doucement s'installer, jusqu'à ce qu'une tourterelle perdue dans le château ne me fasse sursauter en s'envolant alors que je pénètre dans une pièce. Rhaaa, il n'y a rien de plus flippant que les oiseaux qui s'envolent d'un coup, comme ça, sans prévenir ! Je passe quelques longues et embarrassantes minutes à essayer de faire sortir le volatile par la fenêtre de la salle de bain puis redescends le grand escalier pour me diriger vers un couloir menant à un autre bâtiment, plus petit et probablement aussi vide : l'annexe.








Ci-dessous une vue du couloir alors que je suis déjà engagé dedans, regardant en arrière vers la cave du château. Un soupçon de dégradation se fait sentir dans cette partie du lieu : vitres brisées (mais encore en place, merci le verre feuilleté) et consolidations sur les portes pour empêcher les voleurs d'entrer.

Ci-dessous, l'annexe du château, où vivaient les domestiques à l'époque. La bâtisse a certain charme avec sa vieille structure en bois, et son curieux panneau «Il est interdit de stationner en dehors du parking» qui semble être là depuis longtemps.








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Ma visite se termine dans ce qui devait être une ancienne salle à manger. Quelques meubles modernes et bâchés trainent encore sur place. Depuis quand ? Aucune idée. Je m'apprête à quitter les lieux quand j'aperçois un blason sur l'antique cheminée, ci-dessous. Deux lévriers, une épée, une église, une pyramide, curieux ! Sympathique vision pour finir une visite et refaire tout le chemin en sens inverse vers la voiture.

De retour à la plateforme de chasse, je m'aperçois qu'il n'est pas si tard que ça, que j'ai bien le temps de me reposer un peu après cette (mine de rien) longue visite, et même pourquoi pas de visiter un spot aperçu au bord de la route en venant sur place. Je grimpe donc à l'échelle et me pose une petite dizaine de minutes, profitant du vent qui s'est levé, et surtout de la vue campagnarde divinement sereine qui s'offre devant moi, au-delà du champ doré. Rappel : comme indiqué dans le statut tout en haut à droite de cette page, ce lieu est en réhabilitation. Depuis l'été 2023 exactement, merci SomeHeavyOcean pour l'information !