Voici un lieu que l’on m'a indiqué par mail, et pour ça je dis merci à Marlène Chambord Bottary ! Le contexte est plaisant : une grande villa située au beau milieu d’une forêt, à l’abri des regards. Un lieu idéal pour une visite tout ce qu’il y a de plus tranquille. Après m’être garé loin du site, je m’engage dans le bois, entouré du chant des oiseaux et d’un calme très agréable. Cette visite se déroule en plein semaine, ce qui veut dire (presque) aucun promeneur dans la forêt. Aucuns vélos, aucuns randonneurs : le calme ! Après un petit quart d’heure de marche, la villa est en vue. Enfin, je dis «la villa» mais ce lieu est particulier, car il est constitué de trois (en fait, quatre) habitations collées les unes aux autres. Aucune idée si tout appartenait (ou appartient encore) au même propriétaire. Sur Géoportail, il n’y a qu’une seule parcelle, et seulement la plus grande habitation est entourée, pas les deux autres. Curieux ! Constatant qu’il n’y a que moi dans le coin, je m’engage via un portail largement ouvert et commence mon exploration.





La visite commence par un court de tennis à l’abandon, et diverses choses qui traînent autour. Ici, un portique pour enfant gît, tordu, au sol, tandis qu’un autre rouille près d’un arbre. A un endroit, je vois des signes d’un barbecue qui a l’air récent. Le lieu serait-il utilisé ? A priori non, mais la présence de quilles du jeu «Möllky» donne l’impression que des gens viennent, sûrement les jeunes du coin. Le court de tennis est couvert de feuilles mortes, l'aspirateur à feuilles mortes (et non "tondeuse", merci Cyril !) pourrit là depuis un petit moment, et c’est le bazar dans la petite remise située non loin du grill. Étant trop à découvert, je ne m’attarde pas plus ici et me dirige vers ce que je suis venu visiter.

























Un petit chemin me mène en vue des bâtiments. Là, aucun doute, le lieu est bel et bien à l’abandon. Les gravats ne manquent pas, tout comme certaines dégradations ici et là. Depuis quand le site est-il déserté ? Aucune idée. C’est durant cette première approche que je découvre le premier pavillon, puis un deuxième semblant n’avoir jamais été fini, et enfin, ce que j’appelle la «villa» qui, elle, semble plus ancienne que les deux autres.





Longeant un mur, j’arrive en vue de quelque chose qui m’avait tapé dans l’œil quand j’avais vu quelques photos du site : une sorte de tourelle qui n’aurait pas été terminée. Insolite !





J’arrive alors à une grande porte en bois qui me permet d’entrer dans la villa. Un peu partout, des sacs poubelle indiquent que du ménage est (peut-être) fait de temps en temps, pourtant tout est complètement en désordre. Livres, meubles, magazines… Fort heureusement, peu de dégradations : quelques tags laissés par les gens qui viennent ici descendre quelques bières. Ci-dessous, des photos de cette première approche :













Sortant d’une des pièces plongées dans l’obscurité, je découvre le jardin intérieur, qui malgré ce très beau temps fait peine à voir : bassin vide, plantes laissées à l’abandon… Un peu triste à contempler, même si avec un peu d’entretien il y aurait moyen de redonner un peu de vie à tout ça. Le toit de tuiles et les arches donnent un aspect méditerranéen original à l’ensemble, je ne me souviens pas avoir visité un lieu possédant ce style. L’odeur des pins environnant fait flotter dans l’air un parfum de vacances qui fait beaucoup de bien.

















Descendant à la cave le temps de deux photos, je découvre que tout est plutôt vide ici aussi, avec toujours ces sacs poubelles par endroits, et quelques objets témoignant de la vie passé du lieu.



Remontant vers l’entrée principale, je me dirige vers la cuisine, d’inspiration arabe (et détériorée) qui donne directement sur une large pièce que je devine être l’ancien salon.







En forme de L, une grande cheminée trône dans l’angle de l’ancien salon, faisant face à une curieuse galerie accessible via un escalier. Au sol, de nombreux détritus témoignent de l’utilisation «squat» qui est faite de cette partie de la villa. De chaque côté de la pièce, des fenêtres donnent un charme oriental à cette pièce.













Quelques pas plus tard, me voici dans un long couloir qui (j’imagine) va desservir des chambres, salles de bain etc. Sur la gauche, de la lumière m’indique que c’est par ici que l’on accès à la curieuse tourelle.



Après avoir gravi d’étroites marches, je suis dans la tourelle, étroite et à priori non terminée (enfin je crois). Depuis ce curieux promontoire je contemple une partie de la villa, son toit de tuiles et son jardin déserté où règne une certaine sérénité…









Une dois redescendu, je découvre (comme je l’avais imaginé) d’autres chambres, assez vides mais encore en bon état, avec quelques placards et du papier peint bien kitch semblant dater du début des années autre vingt. Certaines fenêtres étant teintées, la couleur jaune emplit cette partie de la villa, créant une atmosphère particulière.









Je découvre ensuite la salle de bain de la villa. Encore en très bon état (pour un lieu abandonné) elle a de la gueule malgré ses robinets dorés bling bling. Vu l’état de certaines pièces, je suis étonné que celle-ci n’ait pas plus souffert.









Au bout du long couloir, je découvre une peluche nounours allongée dans un coin, oubliée ici par son ancien propriétaire. Son aspect usé avec sa jambe en mauvais état va très bien avec le lieu, et pourrait presque faire peur. C’est sur cette triste vision que se termine la visite de la grande villa. Après en être ressorti, je me dirige vers les deux autres habitations.





La première des deux habitations ne semble clairement jamais avoir été terminée. Ici, tout est encore en état de construction, comme si tout s’était arrêté subitement, probablement par manque d’argent. D’un intérêt architectural banal, je ne m’y attarde pas.







Montant sur le toit (dont la toiture a disparu alors qu’elle existe encore sur Google Maps) j’aperçois la deuxième habitation, bien plus grande que celle que je viens de visiter. Là encore, niveau architecture on n’est pas sur un site exceptionnel, mais c’est tout de même fascinant de trouver ici trois habitations collées les unes autres sur la même parcelle.

La troisième et dernière habitation contient une inspiration arabe comme la cuisine de la villa : arches, colonnes, et un puits de lumière façon riad. Rien d‘authentique, mais visuellement il y a quelque chose qui fait que je reste quelques instants à contempler ce salon avec son escalier menant aux chambres. Le puits de lumière dans la toiture est une vraie curiosité, tout comme cette circulation devenue dangereuse par manque de balustrade. Les débris au sol indiquent que des gens sont venus se défouler ici.













Une fois la visite de cette maison terminée, je découvre qu’en fait le bâtiment contient deux maisons collées l’une à l’autre. Je découvre alors une autre habitation bien plus détériorée que la première, et où l’on sent que de nombreuses soirées plus ou moins alcoolisées ou enfumées ont eu lieu. C’est sur cette vision de grand squat en pleine forêt que se terminée cette exploration.











La météo n’étant pas trop mauvaise, je sors le drone et documente un peu plus le site, faisant des clichés qui permettent un peu mieux de se rendre compte de son architecture, de la curieuse tourelle et du puits de lumière…





















Niveau histoire, je n’ai rien pu trouver, mais on apprend quelques petites choses avec les vues aériennes, comme par exemple que la construction daterait de 1971. Ci-dessous, on voit clairement le site en construction, avec la cave en haut à droite.

La vue de 1977 ci-dessous montre le lieu terminé.

Entre la vue de 1977 ci-dessus et celle 1990 ci-dessous, le terrain de tennis est apparu. On remarque que le jardin intérieur a l’air bien plus entretenu que sur la vue de 1977. La curieuse tourelle n’est pas encore présente.

Sur les vues suivantes, on voit les deux autres logements apparaitre, collés à la villa. Mais pour ce qui est de l’entretien du bassin (qui pourrait nous orienter sur le fait que le lieu est habité ou non) c’est plus difficile de se faire une idée. En tout cas une chose est sûre : la toute dernière vue (2018) montre qu’il y avait une toiture sur le logement situé en bas à gauche, alors qu’en 2021 elle a tout simplement disparu.













J'ai visité la Villa Carrington en mai 2021, et appris début septembre qu'elle avait été démolie fin aout. J’ai écrit à la Mairie de la ville où elle était située, mais n’ai reçu aucune réponse pour le moment. Sur Internet j’ai pu apprendre que la Mairie avait racheté les parcelles, classées «Espace Naturel Sensible». Le fait que les deux maisons plus modernes collées à la villa aient été construites en 1995 sans permis a dû jouer. Dommage pour la villa, construite en 1971, et qui avait un certain charme... Merci à Jérôme pour la photo ci-dessous.

Ci-dessous, deux photos faites le 18 Octobre 2021 :