Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.


Voilà une visite particulière. Pourquoi ? Parce que nous l’avons fait en toute légalité avec Yves Marchand et Romain Meffre, deux camarades d’exploration urbaine que je connais depuis le début des années 2000. Après avoir fait un peu de route depuis Paris, nous avons fait le tour du site que nous étions venus explorer, et une petite demi-heure plus tard il a bien fallu se rendre à l’évidence : entrer à l’intérieur serait impossible. Explication : le bâtiment en question est situé au milieu d’un site encore en activité. Voitures qui entrent et sortent, personnel qui se promène… Nous aurions pu tenter de revenir plus tard une fois le personnel parti, mais le timing n’était pas en notre faveur et la lumière n’aurait pas été la même. Alors que faire ?

Après un petit moment de réflexion, nous décidâmes d’aller tout simplement demander à une des personnes travaillant sur place s’il y avait moyen de visiter le lieu et d’y faire des photos. Sa réponse fut rapide : «Déjà, c’est bien que vous demandez, parce que y’a des gens qui entrent sans demander, et pour eux, c’est fini, ils n’auront plus jamais l’occasion de demander une autorisation ! Demandez à mon chef, il vous répondra mieux que moi.»

Après avoir frappé à la porte du responsable du site, nous expliquâmes la raison de notre présence, notre intérêt pour le patrimoine industriel, la volonté d’y faire des photos... Regardant sa montre, puis relevant la tête vers nous, le responsable nous dit «Ok. Une heure.» Cette réponse positive fut une belle surprise, comme quoi des fois il suffit de demander ! Après nous avoir ouvert la porte du bâtiment, il n’y avait plus qu’à se mettre au travail. Voici la vue principale après être entré :




Dans quel type de lieu sommes-nous ? Sans trop entrer dans les détails, nous sommes dans une station de pompage (construite à la fin du XIXème siècle) servant à entrainer l’eau venant d’un point A pour approvisionner un canal situé à un point B. Une station ayant également comme fonction de produire de l'electricité. Les grandes machines verticales sont des turbo-alternateurs (de grosses dynamos) produisant de l’électricité, actionnées par des turbines sous le bâtiment, tournant à la force de l'eau. Les plus petites machines horizontales qui se trouvent à l'entrée du bâtiment sont les pompes. (Merci Yves pour cette précision que j'avais oublié.)

Dans les années 20, les turbines, alimentées à la base par une chute d’eau, seront entrainées par des moteurs. Au début des années 30, ces moteurs seront eux-mêmes remplacés par des turbo-alternateurs, et ce sont ces turbo-alternateurs que nous voyons lors de notre visite. L’activité du lieu s’arrêta au début des années 80, et le lieu fut définitivement fermé une dizaine d’années plus tard. Dans le même temps, un bâtiment jumeau, construit sur le même site, remplaça le premier, ce qui fait que le site est toujours en activité aujourd’hui grâce au deuxième bâtiment, mais le premier reste là à prendre la poussière. Et comme vous allez le voir sur les photos, le fait qu’il soit aussi protégé fait que le lieu est visuellement assez fantastique. Ni tags, ni dégradations, ni grafs, rien. Un vrai bonheur. Ci-dessous, l’énorme transformateur, et une hélice.






S’il y a bien un truc cool avec les sites industriels, c’est qu’ils sont moins évidents à comprendre que les lieux résidentiels. Quand on visite un château ou une maison, on n’a pas de mal à déterminer que telle pièce était la cuisine, telle pièce était le salon, un bureau etc. Pour les sites industriels, c’est différent, il faut un peu faire travailler son cerveau et chercher à quoi servait tel appareil ou tel tableau de commande. Ici, dans cette station de pompage (que nous prenions pour une usine hydro-electrique) nous pensions que le lieu servait à générer de l’électricité, puis en nous renseignant nous avons appris qu’en fait c’est l’électricité qui faisait tourner la station. En fouinant un peu plus, nous avons appris des choses sur les cours d’eau de la région, sur l’évolution du site, sur les différentes constructions disposées un peu partout… Rien de tel pour s’endormir en connaissant un peu mieux une région, son environnement, son fonctionnement. Tout simplement intéressant.






Ci-dessous, voici les turbo-alternateurs installés dans les années 30 évoqués plus haut. Quasiment toute la mécanique est là. Les pignons, les engrenages, de la rouille, des boulons, des toiles d’araignées… Vraiment photogénique, et très agréable à contempler. Aujourd’hui le lieu est plongé dans le silence, et je me demande si à l’époque la pièce était bruyante avec le bruit des turbines, l’eau se déplaçant en dessous etc.












Ci-dessous, une jolie affiche d’époque évoquant les «gestes de commandement des engins de levage recommandés pour les manutentions courantes dans les usines et chantiers».

Ci-dessous, le fabuleux pupitre de commande vert et brun, bien rouillé et couvert de toiles d’araignées. Contempler un tel mobilier qui n’ait été souillé par aucune dégradation est un spectacle assez magnifique. Tellement magnifique qu’on ose à peine effleurer l’objet et on se prend juste à imaginer les aiguilles bouger, les éléments bourdonner de vie, les petits boutons à actionner etc.








Le pupitre de commande d’un peu plus près :










Ci-dessous, les magnifiques leviers situés juste derrière le pupitre de commande :



Derrière le pupitre de commande, un long réseau silencieux de câbles plus ou moins abimés par le temps forment une toile d’araignée, mais métallique celle-là.






Nous voici alors au fond de la station. Un portique installé au-dessus d'un trou indique qu'il nous reste encore le sous-sol à voir (avec toute une machinerie plongée dans l'obscurité) mais pour faire honneur à ce sous-sol il faudrait une heure de plus, et pas mal d'éclairage... Ce sera peut-être pour une autre fois. Fin de la visite !



Ci-dessous une photo ancienne présentant la station de l'exterieur :