Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.


Etant assez fasciné par les ruines, la première fois que j'ai vu des images de ce lieu j'ai eu directement envie d'y aller. Bon, après avoir vu pas mal d'autres photos, je savais aussi que je n'allais pas visiter la ruine la plus extraordinaire du monde avec des recoins tous différents à explorer pendant deux bonnes heures, mais qu'importe, ce site était unique de par son architecture, sa fonction, et bien sûr sa photogénie. En terme de visite je m'attendais à ce que ce soit une promenade simple et calme avec en fond le bruit agréable d'une rivière, et même de deux rivières, puisque le site est entouré de deux cours d'eau. De la ruine, de la végétation, de l'eau, que demander de plus quand ce genre d'atmosphère vous fascine ? Pas grand chose. Ah si, peut-être : que le site soit accessible. Et coup de chance, il l'était.

J'ai visité ce lieu deux fois. La première fois que je l'ai parcouru, c'était en compagnie de Tiski et d'une équipe de trois journalistes de France 2 (vidéo ici). La fantastique météo (pour du mi-octobre) fut une chance incroyable. Lors de ma deuxième visite, début décembre, le lieu était embrumé, ce qui ajouta une ambiance très agréable comme vous le verrez plus loin. Mais revenons à la première visite : elle se fit de manière décontractée. Ce fut la première fois que je passais une rivière, non pas en marchant sur un pont ou un tronc, mais directement en y allant à pieds, la profondeur du cours d'eau n'excédant pas une quarantaine de centimètres. Etant suivi par des journalistes, je ne pu pas faire mes photos aussi tranquillement que je le fais d'habitude (Tiski et moi-même étant là un peu "en représentation") mais voici tout de même ce que j'ai pu rapporter ce jour-là. Certaines photos ont été faites à l'appareil photo, d'autre avec le smartphone. On commence avec la première vision que nous avons eu en arrivant sur place :

Géniale cette brume hein ? Bon, par contre elle s'est dissipée quelques instants plus tard, mais c'est pas si mal car finalement ça donne deux ambiances à cette page : une première ambiance avec un magnifique ciel bleu, et une autre avec de la brume et un temps maussade, mais tout aussi sympa en terme d'ambiance. Ci-dessous une photo faite les pieds dans l'eau lors du passage de la rivière. Le courant étant assez soutenu, l'eau était plutôt bonne, et je serais bien resté là toute la journée à me demander combien de temps mes chaussures allaient mettre à sécher.

Le cours d'eau n'étant large que d'une dizaine de mètres, passer fut très rapide. L'instant d'après, la ruine nous tendait les bras, et des bras il y en ici a à foison comme on peut le constater avec toutes ces arches encore miraculeusement debout. Et il y a des tourelles ! Plutôt fantastique. Bon alors c'était quoi cette ruine ? Et bien c'était une ancienne filature, construite au milieu du XIXème siècle. Oui oui, c'était une usine. "Quitte à faire une usine autant en construire une qui ait de la gueule !" dirait un célèbre voyageur spatio-temporel. Il faut s'imaginer qu'il y avait plusieurs planchers et que ça ressemblait à une église. Une dizaine d'années après la construction, un incendie eut lieu. Une quarantaine d'année ans plus tard, rebelote, et enfin un troisième incendie trente ans plus tard scella le sort de la filature, qui ferma définitivement. Ci-dessous des photos du premier bâtiment, le plus grand et le mieux conservé, enfin, on va plutôt dire le moins en ruine.













Une des choses intéressantes avec ce site, ce sont les quatre tourelles encore debout. A l'origine, deux d'entre elles servaient à monter aux différents étages de la filature, tandis que les deux autres étaient des cheminées. Aujourd'hui, après les incendies successifs et l'oeuvre du temps, il ne reste plus rien qui permette de monter au sommet de l'antique usine (et tant mieux quelque part), mais on peut tout de même entrer dans les tourelles et laisser son regard se perdre jusqu'en haut, puis redescendre en suivant l'empreinte de l'ancien escalier en colimaçon. Ces tourelles ont un joli coté "Seigneur des Anneaux", et me rappellent Orthanc, la demeure de Saroumane.





Ci-dessous, Tiski ! Cliquez ici pour aller voir ce qu'il fait !



Après avoir bien profité de ces arches et ces tourelles, mon regard est attiré par une petite maison juste à coté. A quoi sert-elle ? Un rapide coup d'oeil permet de déduire qu'elle fut construite bien plus tard que l'usine, puisque la petite maison est en béton armé. Ravissante avec son mélange de béton et de briques rouges, nous nous demandons si nous pourrons entrer à l'intérieur.







Coup de chance, il manque un carreau à l'une des fenêtres. C'est par ici que nous nous engouffrons dans ce qui semble être l'ancienne salle des générateurs fournissant du courant à l'usine. La pièce est visuellement splendide, et surtout, comporte encore quelques détails intéressants à observer : un vieux vélo, une balance industrielle et de la mousse bien verte poussant sur un joli carrelage. Pas mal de plaques de bois ont été posées un peu partout sur les fenêtres: pour empêcher les gens de rentrer ou car ça coûtait moins cher que de reposer des vitres ? Aucune idée, sûrement un peu des deux.


























Une fois sorti de la petite maison, nous explorons un bâtiment situé juste en face. Très délabré comparé au reste, et bien envahi de végétation, nous pouvons à peine progresser dedans et ne nous y attardons donc pas plus que ça. Comme pour le bâtiment aux tourelles, l'ambiance de ruine y est très présente, et assez paisible avec toute la végétation qui a envahi les lieux. Dans cette partie de l'usine, un petit bâtiment est encore utilisé par EDF pour produire de l'électricité grâce au petit barrage situé de l'autre coté de l'usine. Encore accroché au mur, un anneau subsiste, rouillé et unique.







Alors que la visite touche à sa fin, nous apercevons un dernier bâtiment situé tout au bout de la filature. Nous distinguons une vieille horloge sur sa façade, mais décidons de ne pas aller la voir, craignant de nous faire repérer par les habitants des maisons situés de l'autre coté de la rivière.




Juste avant de filer, je décide de prendre trente secondes pour aller voir l'autre cours d'eau situé derrière la filature, et ayant rangé mon appareil photo dans mon sac, ce n'est qu'avec mon smartphone que je peux immortaliser la splendide vue qui s'offre à mes yeux, et qui clôt cette (première) visite de la filature.






Revenir à la filature fut une expérience intéressante. La matinée étant embrumée (cool pour l'ambiance) et les arbres n'avaient presque pas de feuilles, ce qui allait me permettre de bien mieux voir la structure du bâtiment. Traversant le même champ (super humide) et la même rivière (super froide, mais cette fois-ci chaussé de bottes), je découvris un spectacle étonnant une fois de l'autre coté de la rive.









Le site était entretenu ! Si la dernière fois j'avais pu apercevoir ici et là des traces de véhicules, je ne me doutais pas qu'en revenant je trouverais un site aussi radicalement différent niveau végétation ! Il régnait une impression de vide et de désolation comparé à l'ambiance bucolique de la dernière fois. Bon, la météo jouait aussi beaucoup, c'est vrai. Mais cette fois-ci on pouvait imaginer les véhicules allant et venant sur le terrain, le bruit des tronçonneuses... Beaucoup moins glamour, mais moi qui voulait faire des photos avec une ambiance différente, j'étais servi, et j'avais appris quelque chose : le site n'était pas si abandonné que ça ! Du moins, le terrain, car la ruine en elle-même n'avait pas bougé. Est-ce que je risquerais de tomber sur des gens lors de cette deuxième visite ?





























Des rondins, des rondins et encore des rondins, de la sciure, une pelouse bien entretenue... Par chance, personne à l'horizon ce jour-là, mais le fait de ne pas avoir la végétation pour me cacher était un petit peu stressant. Bon, se faire attraper sur un site tel que celui-ci ne constituait pas un stress gigantesque, mais tout de même, je ne me sentais pas aussi tranquille que l'autre fois. Ne perdant pas de temps, je me mis à documenter les bâtiments que je n'avais pas pu voir en détails la dernière fois par manque de temps (reportage) mais aussi à cause de la végétation trop dense. J'ai ainsi pu mieux apprécier les autres bâtiments :















Le deuxième bâtiment de la filature, qui était impossible à visiter l'autre fois, était cette fois-ci on ne peut plus accessible. Débarrassé de toute la végétation, c'était étrange de se promener dans un espace aussi vaste, entouré de ces murs à l'aspect religieux. Par chance (enfin je ne sais pas si on peut parler de chance) le lierre était toujours là, apportant une esthétique idéale pour une ruine. Une ruine sans lierre, c'est quand même moins drôle... Un jour pourtant, ce lierre emportera les murs avec lui à force d'y plonger ses racines.












L'instant d'après je me dirigeais vers l'écluse pour cette fois-ci immortaliser de façon un peu plus propre le reflet du bâtiment dans l'eau du canal. La vue étant un peu plus dégagée, c'était un peu plus sympa, bien que le ciel bleu de l'autre fois était tout de même magnifique. C'est à cet endroit du site qu'un générateur (en activité) est installé dans une pièce inaccessible (et que je n'ai pas tenté de visiter : alarme, danger etc).







Lors de ma première visite, j'avais aperçu au loin une petite maison avec une horloge. Pour des raisons de temps et de sécurité nous ne l'avions pas visité, préférant se focaliser sur la filature. Lors de cette deuxième visite, je me mis en tête d'en avoir le coeur net à propos de cette maison : ayant fini mes photos, il ne me restait plus que ça à visiter, ce n'était donc pas bien grave de se faire griller par une caméra ou une alarme à ce stade de la visite... Une fois devant le petit édifice, je me posais la question : entrer ou ne pas entrer ? Je fis un rapide tour histoire de voir si il n'y avait rien de suspect, puis à ma grande surprise, une fenêtre ouverte me permit d'explorer la maison à l'horloge.







Une fois dans la maison je m'attendais à trouver des pièces aussi vides que la salle visitée lors de la première visite. Il n'en fut rien, ici tout était différent : meubles, mobilier, objets divers, et même un grenier avec un tapis et des fauteuils, idéal pour se poser et faire une pause déjeuner en toute tranquillité ! Les 50F sur la bouteille de Schweppes donnaient une indication : le lieu ne servait plus depuis un bon bout de temps, au moins plus de 15 ans. A quoi servaient les autres objets ? Qui utilisait encore ce lieu (si il était utilisé) ? Mystère total.





La visite étant à présent terminée, il ne me restait plus qu'à refaire tout le trajet en sens inverse. Chemin faisant, je me demandais si le site était entretenu à des fins esthétiques ou utilitaires, voire même si il n'y avait pas une association de protection du lieu qui oeuvrait ici bénévolement pour que la ruine ne s'effondre pas totalement sous la végétation. En traversant la rivière au même endroit j'étais assez heureux d'avoir visité ce site dans son entièreté. Un lieu étonnant, unique, et surtout miraculeusement encore debout alors qu'il aurait très bien pu s'effondrer à cause des incendies successifs ayant eu lieu ici. Traversant à nouveau le champ menant à la rivière, je passais devant un troupeau de vaches, les remerciant de n'avoir averti personne de ma présence.