Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.


Visiter des lieux abandonnés en plein hiver peut être assez féerique quand il y a de la neige, mais quand c’est un dimanche matin froid et pluvieux, c’est une autre expérience... Le bon côté ? La pluie camoufle un peu les quelques bruits que l’on pourrait faire en se promenant. Le mauvais côté ? On pourrait très bien ne pas entendre les pas ou les voix d’autres gens, explorateurs ou éventuels gardiens, et se faire attraper. Le matin de cette visite, je suis seul et plutôt serein car je ne viens pas visiter quelque chose d’extraordinaire : je viens inspecter une «simple» maison abandonnée qui de haut à l’air vraiment bien abandonnée. Sur la vue satellite elle a l’air assez grande mais assez enfouie dans la forêt pour être sûr de ne pas être dérangé durant la visite.

Des baraques comme ça, il y en a beaucoup, et retracer leur histoire n’est pas simple car sans nom officiel, sans que le site soit classé ou autre, il n’y a rien d’autre à faire que d’attendre que quelqu’un reconnaisse le lieu et m’écrive. Si j’en juge d’après les vues aériennes (que nous verrons en bas de page), le fait que le lieu soit abandonné depuis plus de vingt ans n’annonce rien de bon car il n’y aura probablement rien sur Internet rien à son sujet. Progressant à travers la forêt, je tombe sur un portique de balançoire couché au sol, dans une herbe qui n’est visiblement pas entretenue depuis un bout de temps. Au sol, la corde jaune est verdâtre par endroits, comme si cela faisait très longtemps qu’elle n’avait pas servie.









Continuant tranquillement mon chemin, je vois la silhouette de la maison se dessiner à travers la brume, et même si je ne suis pas du tout quelqu’un de superstitieux ou porté sur le paranormal, je suis comme tout le monde sensible aux conditions météorologiques présentes ce jour-là, et il faut bien avouer que l’ambiance est sinistre. Au fur et à mesure que j’approche, je n’ai aucunement crainte d’être repéré ou de tomber sur quelqu’un, non, ce qui me fait peur c’est le mélange du bâtiment, de la pluie et de la brume.











Bien que la maison soit ouverte aux quatre vents, je décide de ne pas y entrer tout de suite, préférant faire un petit tour histoire de mieux voir comment tout ça se présente. Je contourne alors une extension qui a l’air d’avoir été construite bien plus tard que la maison. Un petit escalier mène à cette extension. Un tag sur la porte suggère de ne pas entrer : soit, je ne désoblige pas la personne qui a écrit cela et continue mon tour pour arriver derrière le bâtiment… Je découvre alors l’intérieur de la petite extension : quelques matériaux de construction gisent encore au sol : réhabilitation arrêtée ? Puis j'aperçois au loin l’entrée de la cave. J’y entre et découvre ce qu’on trouve souvent dans ce genre d’endroit : une grosse cuve qui servait à chauffer la maison quand elle était habitée.











Préférant entrer dans la maison par la porte principale plutôt que via la cave, je reviens sur mes pas et arrive à l’entrée aperçue tout au début. La grande fenêtre sur la gauche ayant été cassée, pénétrer dans la grande maison silencieuse n’est pas un problème. Une fois dans le petit vestibule, je découvre un très beau radiateur, endommagé comme tout le reste ici, mais encore très joli avec ce motif de vaguelettes.







Deux pas plus tard je suis dans la maison : tout est vide, cassé, et le plancher à l’étage a disparu, apportant du coup pas mal de lumière au rez-de-chaussée, qui sans ça serait bien plus sombre vu les quelques volets fermés un peu partout. Surprise : pour une maison aussi ouverte et de toute évidence abandonnée depuis longtemps, il y a très peu de tags. Dans le salon je note un «Il est toujours ici», «C’est trop tard», et un pentacle. Des petites inscriptions histoire de se faire peur comme j’en vois de temps en temps dans ce genre de lieux…













Ci-dessous, des vues du salon, qui serait complètement plongé dans le noir si le plafond était toujours là. Je découvre dans cette pièce une cheminée encore en bon état compte tenu de l’état général du lieu. Dans une maison de ce type (abandonnée et très accessible) on pourrait s’attendre à ce qu’elle soit en mille morceaux au sol, mais ici elle trône encore sur place, fièrement. Je n’ai aucune idée si elle est en vrai marbre ou pas, mais elle a de la gueule.







J’arrive dans le garage, vide à part une nouvelle inscription au mur : «La mort vous attendra» avec un mignon «666» à côté. Probablement écrit par la ou les mêmes personnes responsables des deux inscriptions dans le salon. Ici encore je suis étonné qu’il n’y ait pas plus de tags ou de grafs, c’est à croire que cette maison n’est vraiment pas connue.





Un petit escalier mène à l’étage au-dessus du garage, mais sans plancher il n’y a rien à visiter. Un autre, plus grand, permet d’un peu mieux explorer le niveau situé au-dessus du salon. L’exploration est malheureusement très rapide, car il n’y a pas grand-chose à voir, et surtout, bien que les poutres aient l’air en bon état pour marcher dessus, c’est vraiment un poil dangereux. Je décide donc de ne pas aller tout au bout jusqu’à cette échelle que je vois au loin, et qui a l’air de permettre d’accéder au grenier.





La visite de la maison étant terminée, je sors de la bâtisse et me dirige vers ce qui (en vue aérienne) ressemble à un entrepôt. Erreur, il s’agit en fait d’un simple terrain de tennis à l’abandon. Curiosité : un toboggan pour enfants est installé en plein milieu. Vraiment une drôle d’ambiance, ici.





Ayant exploré tout ce qu’il y avait à explorer (enfin je crois) sur place, je remonte via un petit sentier me permettant de voir une dernière fois cette grande et lugubre maison sans plancher. Bon, je dis «lugubre» mais il suffira de revenir en été pour se rendre compte que mon impression est largement influencée par la météo.

La plus ancienne vue aérienne que j’ai pu trouver remonte à 1947. Cette maison a donc au moins 71 ans lors de ma visite fin 2018. Je peux me tromper, mais il me semble que sur l’image on voit que la maison vient d’être terminée (il y a des traces de chantier tout autour).

La deuxième vue que j’ai trouvé date de 1965. La photo étant très légèrement en biais, on peut un peu mieux voir la maison et constater qu’il y avait un joli parterre fleuri devant, et une grande pelouse derrière. Sur la droite, un peu caché par des arbustes, il y a ce qui pourrait être un petit verger, ou un jardin. Aujourd’hui tout cela a disparu.

Ci-dessous, 1979. Le parterre fleuri semble en sommeil à ce moment-là car on le distingue à peine. On remarque que des buissons ont été plantés au milieu de la pelouse située en haut de l’image. En bordure de la maison, en bas de l’image, de nouveaux pavillons sont apparus. Après la vue de 1979, une photo de 1981 montrant le lieu sous un autre angle. On remarque que les buissons ont grandis, créant une véritable barrière.



Ci-dessous, une vue datant de 1987. Le terrain de tennis est apparu entre 1981 et cette année. D’après le cadastre de 2018, la maison et le terrain sont situés sur la même parcelle, pourtant le petit chemin partant sur la gauche me laisse penser qu’il ne faisait pas forcément partie de la maison à l’origine (d’où la barrière de buissons sur l’image de 1979). Etait-ce un terrain de tennis public lors de sa construction ? Difficile à dire, mais aujourd’hui une chose est sûre au moment de ma visite : les deux sont dans le même état d’abandon.

Ci-dessous une image datant de 1990. Par rapport à la vue de 1987, le chemin reliant le terrain de tennis à la ville est encore plus visible, et vu l’espèce de mini-parking sur la gauche, on peut imaginer que le terrain de tennis était un terrain public. Du côté de la maison, il est difficile de dire si le lieu est toujours habité, mais par rapport à 1987 une chose est sûre : l’entretien a baissé.

Les autres vues que j’ai trouvé sont assez similaires, du coup je mets la plus récente ci-dessous (2011) montrant le lieu quasiment dans le même état que lorsque je l’ai visité en 2018. Par rapport à la vue de 1990, on constate qu’une petite extension a été construite (celle avec le tag «Don’t enter» vu plus haut). Cette extension me laisse imaginer que la maison était encore habitée après 1990. Mais quand a-t-elle été désertée, et pour quelle raison (tous les autres pavillons autour sont habités et en très bon état) ? Un contact m’a parlé d’une affaire de mœurs un peu glauque, mais n’ayant trouvé aucune source officielle pour me confirmer quoique ce soit, je préfère ne pas en parler ici. Dès que j’aurais des faits établis, je les ajouterais.