Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.


Lorsque je me suis rendu vers cet endroit je m'imaginais à une simple bicoque en bord de route. Sur Street View on distinguait vaguement la carcasse de la maison, et je me disais que la visite serait rapide. Une fois sur place, je m'aperçois que la maison est en fait un vrai manoir, avec un autre bâtiment en face, et une douce rivière juste à coté.




A chaque fois je me rends compte que je pourrais très bien savoir tout ça à l'avance en vérifiant le cadastre sur Géoportail. Je pourrais aussi trouver le vrai nom du lieu, chercher des cartes postales anciennes histoire de faire des photos avant/après mieux foutues. Sauf que la visite aurait moins de saveur si je savais tout à l'avance. J'aime beaucoup le fait d'y aller sans idées préconçues. C'est donc en ne sachant absolument rien du lieu et en passant par un trou (bien voyant) que je me suis introduit sur le domaine. Et la première chose que j'ai vu en arrivant sur le terrain, c'était ça :



Trônant au milieu d'arbres et arbustes, couvert de lierre, tailladé de fissures et tombant en ruine, le vieux manoir attend la mort. Cette visite se situe au cœur de l'hiver et malgré une végétation importante on peut quand même bien voir le manoir. En pleine été la bâtisse doit être proprement invisible ! Avant d'attaquer ce gros morceau, je me dirige vers le bâtiment situé en face, et qui devait sans aucun doute héberger les domestiques et servir de garage comme c'est souvent le cas pour ces vieilles demeures de l'ancien temps.







Un peu partout, des tags, des grafs, des gravats, du plancher qui part en morceaux, un sol instable, des murs tordus… Je pourrais tenter de monter voir à l'étage, mais tout cela fait vraiment trop peur pour tenter quoique ce soit. Quelques très rares vestiges témoignent de la fonction des pièces.









La visite de ce premier bâtiment se fait assez vite. Faisant très attention, je me dis que si c'est pareil dans le manoir ça va être assez chaud de tout visiter. Nous verrons bien. Dans l'ancien garage, un Bart Simpson dans un coin donne un semblant de vie au lieu qui de toute évidence semble très connu par les tagueurs du coin.









Confortablement posée sur l'ancienne fenêtre, une liane desséchée prends le soleil du matin. Elle a une forme marrante, cette liane, on dirait un peu le cadavre (en miniature évidemment) de Shenron de Dragon Ball, installé ici à jamais.




Nous y voilà enfin. Le manoir. Le grand et triste manoir que j'ai naïvement pris pour une maison ordinaire lorsque je suis venu. Deux étages, un grenier… Y'aura-t-il moyen de tout visiter ? Vu l'état du toit, j'en doute pas mal. Avant de m'engager plus avant, je fais un peu le tour de la vénérable demeure.




Ci-dessous, petit choc, la façade sud du manoir n'est absolument pas la même que la façade nord. Ici, le lierre a envahi tout ce qu'il pouvait envahir et le spectacle a quelque chose d'assez mystique. Je me répète, mais si c'est comme ça en plein hiver, ça doit être hallucinant en été. Et si le lierre était ce qui fait encore tenir debout le bâtiment ?




Je fais encore un peu le tour des lieux histoire de voir si il n'y a pas quelque chose que j'aurais raté. J'aperçois une arche et pas mal de gravats indiquant qu'il y avait une sorte de grande salle de réception collée au manoir, aujourd'hui perdue. Derrière le bâtiment, sur la façade pleine de lierre, on distingue le squelette d'un ancien escalier. A travers des ouvertures, je découvre l'intérieur de la carcasse, et si on peut trouver une certaine esthétique à cette ruine, ça fait en revanche assez peur niveau solidité…












Autant commencer par la partie dont le sol ne risque pas de s'effondrer sous mes pieds : la cave. Je m'engouffre par une large fenêtre basse et commence ma visite.




Le constat est amer : il n'y a plus rien. Plus rien sauf… Sauf un peu de carrelage qui a survécu au carnage. Encore très joli compte tenu de la situation, ça fait plaisir de découvrir un petit ilôt de vie dans cette ambiance de destruction. Des vaguelettes ornent le haut du carrelage. Peut-être car il y a une rivière juste à coté ? A coté, un couloir mène aux autres pièces de la cave. Rien de particulier à voir par ici. Il est temps de monter au rez-de-chaussée.








Le niveau supérieur offre la même triste vision que la cave. Destruction, destruction et encore destruction. On pourrait penser à du vandalisme, mais il est évident que les intempéries sont passés par là. Et si on avait tout simplement viré le plancher pour que personne ne risque de passer au travers ? Quelques poutres subsistent pour autant, permettant de marcher doucement d'une pièce à l'autre.

La première photo ci-dessous à gauche est l'entrée. En plein milieu de cette image, l'escalier, dont il ne reste rien. A-t-il été détruit pour empêcher tout le monde d'aller se blesser (voir mourir) en haut ? Possible, ceci dit en passant la tête dans la cage de l'escalier on voit directement le ciel, donc c'est probablement le résultat d'un incendie. On peut voir des planches installées là pour accéder à l'étage : Il faut être sacrément inconscient pour escalader ça.












Je n'ai pas osé marcher le long de la poutre ci-dessous.






Une pièce du rez-de-chaussée est un peu moins destroy que les autres. On peut marcher sans crainte sur son plancher et il reste encore quelques décorations un peu «guinguette» le long des murs. Est-ce lié à la rivière à coté ? Possible car de cette pièce on a une superbe vue sur la rivière.










Ci-dessous on voit un peu la rivière au loin. A l'époque tout devait être bien plus dégagé.



Sur le rebord d'une fenêtre, un autre rescapé de la destruction...



La visite des étages étant impossible, ma visite se termine ici. Très peu de choses à voir, plein de tags, une ambiance de ruine assez triste, ce n'est assurément pas la visite du siècle. Et pourtant, il y a une ambiance très sympa sur place grâce à la rivière, à tout ce lierre, aux petits bouts de carrelages que j'ai vu… On est très loin de la Villa Koshka, mais pour le coup, vu la taille du lieu et son architecture, je me dis dans ma tête que niveau cartes postales anciennes il risque d'y avoir des choses à se mettre sous la dent (et ce sera le cas, voir plus loin).




Au revoir Manoir aux Vaguelettes... Triste spectacle quand même que de contempler un lieu où il n'y a plus rien à faire à part attendre qu'un autre incendie le mette à terre, ou qu'il s'effondre sur lui-même après une tempête. A qui appartient ce lieu ? Qui le laisse en plan comme ça au lieu de le raser une bonne fois pour toutes ? Mystère.




Me dirigeant vers la sortie, j'aperçois un truc que j'avais complètement zappé. Une structure étrange que je n'avais jamais vue avant : un ancien colombier (ou pigeonnier, c'est presque pareil). Assez préservé comparé au reste du site, il a encore fière allure, on peut bien distinguer les ouvertures tout en haut.




Tiens, étrange cet escalier. On dirait qu'il n'y a plus que la structure métallique, comme si on avait enlevé les marches pour que personne n'y monte. A moins que...




Et non, les marches sont tout à fait normales ! C'est un escalier tout en barreaux. Est-ce que je suis monté en haut pour faire une photo ? Non, bien trop dangereux...




Direction les vues aériennes pour essayer de comprendre un peu mieux l'évolution du lieu. La première vue date de 1946 et nous indique que le manoir existait déjà à l'époque, mais bon ça on s'en doutait un peu vu la tête de la bâtisse. La vue suivante est de 1975. Le manoir était-il en activité cette année ? On distingue deux chemins reliant le manoir au bâtiment de service, mais rien de plus. Les deux vues suivantes sont de 1987 et permettent de voir que le toit était encore là à l'époque, du moins l'espace autour du manoir est vaguement dégagé, signe d'activité.










Ci-dessous, 1990, 1993 et 1996. Ces vues ne nous apprennent trois choses : le toit n'est pas brûlé, celui du garage est criblé de trous, et tout le domaine est envahi d'arbres (avant c'était un peu dégagé). Le lieu a-t-il été abandonné à cette époque ?








Ci-dessous, une vue en infrarouge datant de 2000. Cette vue est la première à nous présenter un toit qui a l'air (je peux me tromper) d'avoir brûlé, du moins il est vaguement différent de l'image d'avant, on dirait qu'il y a comme un trou qui colle avec ce que l'on peut voir aujourd'hui. Juste après, des vues de 2003 et 2011, où le manoir est devenu une vraie ruine.








Les cartes postales anciennes que j'ai pu rassembler sont assez incroyables à voir tant le lieu a changé. Remarque : Oui, je sais que l'on peut facilement retrouver le lieu grâce à ces cartes postales, mais si vous lisez ces lignes c'est que vous avez vu l'état du manoir un peu plus haut, et vous avez compris que la visite de cet endroit n'est pas indispensable - et surtout dangereuse. N'y allez pas.

Sur ces photos anciennes on ne reconnait presque pas le bâtisse tellement elle est propre, dégagée et majestueuse. On y découvre quelques détails, à commencer par une mignonne petite tourelle au sommet, et un escalier en bas à droite qui a aujourd'hui totalement disparu. Les restes de marches que j'ai prises en photo au début de ma visite sont celles au milieu de la photo.




Ci-dessous quatre vues très intéressantes nous montrant quelque chose qui n'existe plus aujourd'hui : un pont de bois qui a très probablement été déconstruit ou s'est effondré suite aux outrages du temps, le manoir semblant avoir été construit début 1900. Sur le coté droit du manoir on aperçoit la salle de réception, aujourd'hui à l'air libre car les deux tiers sont effondrés. Du lierre pousse le long du double escalier menant à la salle où il reste des décorations «guinguette». A l'époque ce lierre a été mis là consciemment, aujourd'hui il est partout.










Ci-dessous, le manoir tel qu'on pouvait le voir depuis la route à l'époque de sa construction, et juste après une vue Street View du même endroit, mais en 2008.






Ci-dessous, la fameuse salle de réception dont il ne reste pas grand-chose de nos jours. Il est étonnant que cette grande pièce soit installée coté nord, d'habitude pour ce genre de salle on privilégie le sud. La vue est également particulière puisqu'elle donne sur le bâtiment de service. Juste après cette vue, un petit montage pas super réussi, n'ayant pas prévu à l'avance de prendre pile la même vue. Pour des raisons esthétiques j'ai retiré le cachet de la poste de la photo. Celui-ci donne l'année à laquelle la carte postale a été envoyée : 1906.






Deux autres cartes postales très intéressantes montrent le bâtiment de service, le pigeonnier ainsi que le pont encore là de nos jours (et qui craque pas mal). Là où c'est bizarre c'est que la première carte ci-dessous nous montre la rivière, mais la carte d'après (pris depuis le pont que l'on voit sur la première carte) montre une structure construite aux abords de la rivière. Cette structure semble être un abri à bateaux, ou un lavoir, je ne suis pas du tout sûr. Si vous savez, n'hésitez pas à me contacter.






Enfin, on termine par ce que j'ai trouvé de plus ancien concernant ce lieu : une inscription sur une carte postale donnant une date on ne peut plus précise : 12 Mai 1903. Le lieu a donc un peu plus d'une centaine d'années. Un magnifique site laissé à l'abandon depuis (à priori) les années quatre-vingt-dix.