Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.

La première chose qui frappe en arrivant, c'est le chevalement. Cette grande structure métallique est le symbole de toute une industrie aujourd'hui presque disparue, un squelette rouillé symbole de travail épuisant, de maladies, d'accidents, du moins pour moi qui en suis un témoin extérieur. Pour les mineurs d'antan la mine était peut-être aussi synonyme d'emploi, de maisons construites juste à coté par la société exploitant la mine. Entre la critique du capitalisme et la nécessité d'avoir un emploi, difficile d'avoir un avis tranché. N'y connaissant pas grand chose, je me contenterais donc simplement de décrire ma visite sans trop partir dans des considérations d'ordre politiques. Voici des photos de l'arrivée sur place :







Entrer dans le bâtiment n'est pas bien compliqué, le site étant assez vaste pour permettre plusieurs accès. En s'approchant, on remarque de nombreux trous dans les tôles transparentes sensées apporter un peu de lumière à l'intérieur de la carcasse. Certaines tôles sont même absentes. Dégradations ? Intempéries? Probablement un peu des deux, comme souvent dans les friches... Comme nous allons le voir plus loin, le contraste est assez grand entre l'apparence innocente du bâtiment, et sa grande dangerosité une fois à l'intérieur.



Après quelques dizaines de pas dans des ronces et autres orties, nous arrivons au pied de la zone où l'on chargeait les wagons en minerai. Les rails ont en grande majorité disparus mais les photos aériennes (voir plus loin) prouvent que des trains passaient ici. Ca fait toujours aussi étrange de savoir qu'une une grande activité régnait dans le lieu très silencieux où nous nous trouvons aujourd'hui. J'aime bien les petits tas de minerai encore au sol, formant de minuscules collines.





Quelques instants plus tard, nous voici enfin dans le bâtiment. Vitres brisées, matériel détérioré, tags : on sent le poids des années et des multiples visites qui ont eu lieu ici depuis la fin des années quatre vingt. Au centre de la pièce, l'ascenseur qui permettait aux mineurs de descendre dans la mine est aujourd'hui condamné, et les souterrains ont tous été inondés par mesure de sécurité.







Avant de monter au premier étage, un passage nous permet de visiter d'autres pièces du rez-de-chaussée. La première, un grand hall, n'est pas particulièrement intéressante en elle-même, mais possède un graf plutôt bien foutu qui donne un certain charme à la pièce. Le fait d'avoir représenté deux reins (du moins, moi je vois deux reins) fixés à deux tuyaux est très bien vu.



De l'autre coté de cette pièce se trouve une autre salle peu moins grande, mais assez touchante car il s'agit de la salle des pendus. Pourquoi "pendus" ? Car c'est comme ça que les mineurs appelaient la pièce où ils accrochaient leur matériel (tenue, outils etc) puis tiraient un fil qui faisait monter leur tenue à deux ou trois mètres du sol. De loin, l'aspect faisait très "pendu". (Juste après la photo, une salle de pendus trouvée ici.) Que reste-t-il dans la salle des pendus de cette mine ? Pas grand chose à part un petit morceau de mobilier au centre où l'on peut encore lire quelques numéros. Des numéros de mineurs anonymes aujourd'hui oubliés.





Ci-dessous, salle des pendus des mines de Saint-Étienne. Photo : Caroline Muheim



La pièce juste après est remarquablement bien conservée pour un site aussi fréquenté. Il s'agit des douches. Si le lieu en lui-même n'est pas extraordinaire, l'ambiance qui y règne est particulière car je m'imagine les mineurs se lavant dans cette pièce après une journée éreintante. J'imagine la crasse, la fatigue, l'état de la peau (sans parler des poumons) après le dur labeur. Presque pas de tags, des tuyaux, du carrelage, de la peinture qui s'écaille du plafond, une petite boite à savonnette... Il y a là de quoi avoir presque l'impression que nous sommes les premiers à venir ici depuis que le site a fermé.







Juste après, une grande pièce vide sans utilité apparente mène à une petite salle abritant deux chaudières. Il y aurait vraiment tout un bouquin à faire avec ces chaudières antiques semblant former un visage.





Revenant sur nos pas, nous nous dirigeons vers un escalier nous menant au premier étage. Durant cette courte ascension, je regarde par les fenêtres et constate que la toiture est vraiment bien endommagée par endroits, ce qui explique la dangerosité du plancher, très rouillé par endroits, semblant s'effriter comme du brownie. C'est non sans une petite trouille au ventre que nous progressons.









Ce qui est fascinant dans le fait de visiter des lieux abandonnés, c'est de se promener dans des lieux qu'il serait (à priori) impossible de visiter quand ils sont en activité. Ainsi, c'est avec un certain sourire que je découvre comment les choses se passaient dans cette mine, et en particulier cette salle, très photogénique, où les wagons montaient de la mine (chargés de minerai) via l'ascenseur, s'engageaient sur les rails, s'arrêtaient dans un grand tambour qui les retournait (hop, le minerai tombe dans des trieuses), puis étaient remis à l'endroit, et redescendaient dans la mine, vides. Ci-dessous, l'ascenseur est au fond. Les wagons passent dans le tambour sur la droite, sont retournés (donc vidés), arrivent là d'où j'ai pris la photo, puis repartent sur la gauche, direction l'ascenseur.



Ci-dessous d'autres photos de cette salle :

















A un endroit de cette salle se trouve un couloir menant à un promontoire. Ce couloir suspendu au-dessus du vide fait vraiment froid dans le dos, au point que nous ne sommes pas allés voir ce qu'il y avait au bout. Sur la gauche de ce couloir, à l'air libre, on aperçoit des rails courbés qui indiquent que des wagons circulaient ici autrefois, probablement avant que ne soit installé un système un peu plus optimisé.





Ci-dessous des photos du promontoire vu de l'extérieur :





Toute la mine n'est plus aussi visitable qu'il y a une dizaine d'années, et c'est à ce moment que prends fin cette visite. Nous aurions pu grimper tout en haut du chevalement et tenter quelques photos assez spectaculaires et intéressantes d'un point de vue architectural, mais la structure est en si mauvais état que nous n'avons pas tenté le diable. Faire des photos, c'est chouette, mais rester en vie, c'est pas mal aussi. En redescendant, une petite surprise sur une des marches du dernier escalier :



Ci-dessous, des vues aériennes, et on commence avec une vue de 1952 qui montre que le site était à l'origine composé de deux mines, installées de façon symétriques. Celle en vert est celle que je vous ai présentée, tout le reste n'étant plus visitables aujourd'hui (démoli ou réhabilité). Juste en haut et en bas du bâtiment en vert, on voit légèrement les rails passant dans l'extrémité à droite.



Ci-dessous, nous voici quatorze ans plus tard, en 1966. La première chose qui saute aux yeux est que le site a été modernisé et étoffé, avec un peu plus d'installations qu'avant. On remarque aussi que le chevalement de gauche a été détruit et remplacé par un ascenseur bien plus moderne, installé dans une grande tour ujouren béton (tos là aujourd'hui, mais non visitable) dont on peut voir l'ombre au milieu de l'image. Sur la droite de la vue aérienne, en vert, on remarque l'apparition du promontoire avec les rails courbés vus un peu plus haut. Juste sur la droite de la mine, on voir un peu les rails vus avant, mais ils n'ont pas l'air d'être utilisés, la voie ayant l'air de s'arrêter net en bas à droite de l'image.



Ci-dessous une vue de 1968 pas mal du tout :



Ci-dessous, une sublime vue datée de 1979. Au centre, on voit bien la tour-ascenseur en béton, et en bas à droite de l'image, le bâtiment que j'ai visité. Cliquez dessus pour la voir en grand, ça vaut le coup.



Ci-dessous, deux vues : 1983 et 1987. C'est entre ces deux années que l'activité fut arrêtée sur le site.





Ci-dessous, une vue en infrarouge d'où les couleurs étranges) datée de 1994. Le site est abandonné depuis presque dix ans à l'époque de cette image. Juste après, une vue de 1996 un peu plus intéressante, documentant elle aussi la triste fin du lieu.





Enfin, voici une vue du lieu en 1998, très semblable à la situation du site en 2017 lors de ma visite, sauf que quelques bâtiments ont depuis été réhabilités.



Ci-dessous, une carte postale ancienne, non datée.