Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.

La météo parlait de temps couvert. Ce matin-là le ciel était complètement dégagé : un beau coup de chance ! Au fur et à mesure que nous parcourions la vallée, des traces de neige apparaissaient, éparses et faibles. La seule "bonne grosse neige" que l’on pouvait voir était située au sommet des montagnes environnantes. Nous comptions voir le lieu tel que nous l’avions vu sur d’autres photos : abandonné (évidemment), mais brun, vert ou gris, les couleurs que l’on retrouve d’ordinaire dans ce genre de visite.

Puis à mesure que nous montions vers le sanatorium (et que ce magnifique ciel bleu ne semblait pas vouloir partir) quelle belle surprise ce fut que de constater que nous allions explorer ce lieu alors qu’il serait recouvert d’un grand manteau blanc. Ce n’était pas du tout au programme, et ce fut une superbe surprise. Un lieu à priori sympathique à visiter, un ciel d’azur, de la neige, que demander de plus ?




Nous nous sommes séparés à l'entrée en nous donnant rendez-vous deux heures après au même endroit. Quand on est seul à visiter/photographier un lieu, on peut faire ce qu’on veut : prendre son temps pour bien cadrer par exemple, faire ses photos en étant sûr qu'il n'y aura personne dans le champ, le silence d'explorer une pièce en se sachant seul dedans. L’ambiance n’est pas la même, et nous recherchons tous plus ou moins ce frisson de n’entendre que nos traces de pas à nous.

C’est ainsi que nous partîmes chacun de notre coté, explorant et shootant le lieu avec nos appareils photos, assez excités d’être là, «seuls», avec ce ciel et cette neige qui donnait un caractère «enfantin» au lieu : quoi de plus sympathique de sentir la neige craquer sous ses pieds en visitant un lieu abandonné ? La dernière fois que j’avais fait des photos dans un endroit abandonné enneigé, c’était au Domaine des III Colonnes. Laissant des traces de pas dans la neige immaculée, j’étais on ne peut plus heureux de renouveler l’expérience…



J’ai commencé par longer la piscine couverte. Pourquoi commencer par là ? Aucune idée, peut-être un réflexe : quand je visite un lieu j’aime bien le faire de gauche à droite (ça me fait ça aussi dans les jeux vidéos). Suivant un petit chemin tout mignon avec ces bruits de neige tombant des arbres, je me suis retrouvé devant un belvédère permettant de mieux apprécier la vue que l’on a depuis les chambres de ce sanatorium. Seul devant ce paysage complètement inédit pour moi (dans le contexte d’une visite d’un lieu abandonné évidemment) je restais quelques minutes à contempler ce spectacle. Après une petite photo souvenir, direction la piscine…





C’est en découvrant la piscine que l’on constate d’emblée que le lieu a été bien pillé et vandalisé depuis qu’il est abandonné. Des tags sont visibles un peu partout, enfin heureusement pas trop quand même vu le caractère reculé du lieu (ça pourrait être pire)... Il reste encore quelques éléments qui évitent une visite complètement vide d’objets témoignant de la fonction passée de l’endroit. Au fond de la piscine, des gens se sont donnés beaucoup de mal pour poser des tables (de bureau, de ping-pong), des fauteuils etc.



























Depuis une petite terrasse, j’aperçois le bâtiment principal du sanatorium. C’est par un couloir que je le rejoins, découvrant au passage les vestiaires de la piscine, et un peu plus loin, la chapelle, sobre et pas très intéressante.



C’est dans le grand bâtiment que les dégradations sont les plus visibles. Meubles renversés dans tous les sens, câbles qui pendent, sols recouvert de morceaux de faux plafonds… Difficile d’évoluer là-dedans sans faire de bruit. Un peu partout, dans certaines pièces, pas mal de documents sont toujours là. Partout des noms, des prescriptions de médicaments, des témoignages, des rapports…

Un peu fou que tout ça soit encore là, ça rappelle les documents trouvés dans l’Hôpital des III Oursons en 2013. Ici c’est un peu «moins» sensible, le lieu étant un sanatorium et non une maternité où se sont déroulés des accouchements, des IVG etc, mais quand même, c’est toujours étrange de voir que personne ne s’est soucié d’archiver, de détruire ou de conserver (bref faire quelque chose) ce qui concerne les patients.







































Sortant du bâtiment principal, je me dirige vers l’autre partie de l’hôpital : trois bâtiments collés les uns aux autres. Je commence par le premier, le plus ancien, qui semble être dédié aux enfants. Ici, beaucoup d’objets et de documents. Tellement qu’on ne sait pas trop quoi regarder en premier. Des jouets côtoient des feuilles de soin, des bds traînent au milieu de matériel médical…

Le grenier contient lui aussi pas mal de choses datant des années 80 et 90. Cartons, boites de vieux jouets, et surtout, une pièce contenant une foultitude de boîtes d’archives. La jolie surprise grâce à la neige ? Des petits tas on ne peut plus immaculés au milieu du plancher, à coté de jouets, de peluches…Plutôt rigolo, on dirait des montagnes de sucre. Sortant du bâtiment, je fais un rapide tour à la chaufferie, puis direction la suite, avec les locaux du personnel…





































Pas trop de documents ni d’archives dans cette partie du sanatorium. Mais pas mal de pièces permettant de se faire une idée de la vie du lieu : bureaux, boites aux lettres du staff, immense parking bien sombre, locaux techniques, ateliers, laverie… C’est une véritable petite ville qui vivait là, et c’est fou de s’imaginer l’agitation qui pouvait y régner par rapport au calme qui a pris possession de tout le domaine.









Lors de la pause déjeuner, j’apprends l’existence d’une maison juste derrière le sanatorium, que je n’avais pas vue. C’est d’un pas décidé (on n’a jamais froid en marchant vite dans la neige) que je m’y rends. Evoluant le long d’un petit chemin, entouré de bruits de neige tombant des sapins, je découvre cette fameuse maison. C’est probablement la maison du directeur mais l’intérieur est tellement décrépi que je me demande même si elle n’était pas déjà abandonnée bien avant. Un vieil escalier, de vieux radiateurs, un aspirateur semblant dater des années soixante…

Cette maison dégage quelque chose de particulier, c’est le seul moment de cette visite un peu flippant. A noter : le tag REDRUM, sympa, mais surtout la phrase «We are going to dead» qui démontre que malgré sa réputation de langue la plus facile du monde, l’anglais pose encore un problème à quelques personnes (ce n’est pas «dead» qu’il faut écrire, mais «die»).

La visite touche à sa fin alors que le soleil décline (déjà) un peu. Le lieu, blanc à notre arrivée, devient de plus en plus bleu. Je me promène un peu au hasard, regardant un peu plus en détails certains recoins sombres, ou des endroits que j’ai un peu survolés. Près du parking, je découvre une pile d’objets entassés n’importe comment. Pêle-mêle, des brancards, des fauteuils, et même des sacs poubelles remplis de cassettes vidéos. Au sol, complètement humide et détériorée, on distingue encore une boite «ET L’Extra-terrestre».









Je décide de refaire un tour dans le grand bâtiment pour photographier deux grandes pièces que j’avais zappé, puis revenant vers le parking mon œil est attiré par une forme bleue verte dans un coin. Me rapprochant, je le reconnais directement pour l’avoir eu quand j’étais enfant : c’est le Château des Ombres (Castle Grayskull) de Musclor ! Qu’est-ce que ce truc fait ici ? Je l’ouvre en espérant (sans trop y croire) y trouver un Skeletor ou un Orko : rien. Le château est vide. Mais il est tout de même là, et c’est une sensation étrange que de tomber sur un (gros) jouet de son enfance ici. On le voit ci-dessous, troisième photo à droite.

Nous ne pensions pas qu’il ferait si beau, nous ne pensions pas trouver le lieu recouvert de neige, et je ne pensais pas un jour tomber sur le Château des Ombres en visitant un sanatorium abandonné ! Pour une surprise, vraiment… J’étais si surpris et heureux que je me suis pris en photo prenant le château dans mes bras, comme un souvenir d’enfance retrouvé. Cliquez ici pour voir ça.









Considérant avoir fait assez de photos, ma visite se termine en me promenant doucement autour du sanatorium. Sans faire de photo (à part cette chenille de neige enroulée autour d’une branche d’arbuste, ci-dessous) et en profitant de l’air pur, de la chance que j’ai eu de visiter ce lieu dans ces conditions. Visiter un lieu abandonné recouvert de neige est une superbe expérience, surtout quand c’est aussi reculé : aucun bruit à part la neige craquant sous nos pieds ou tombant des arbres, nature au repos, silencieuse… Le lieu étant relativement safe, ce ne fut que du plaisir.



Ci-dessous, des scans de documents trouvés sur place. La carte postale à la fin avec les toits rouges est intéressante, elle donne une autre vision du lieu, les toits étant complètement blancs lors de notre visite, et la forêt très différente également, bien feuillue et resplendissante avec ces couleurs automnales.







Ce lieu apparait dans la série «Zone Blanche» (Saison 1 / Episode 4) Merci Jonathan !