Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.


Ce lieu, bien qu’assez vide, possède un certain charme : peinture qui s’écaille, ambiances colorées sympathiques, et quelques rares objets ici et là, du moins si on reste en surface. Parce qu’en fouinant du coté de la cave, ça vaut le détour...























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Nous voici à la cave. Pourquoi le lieu est-il assez vide alors qu’autant d’archives sont encore présentes à la cave ? Probablement car les "gens" qui ont vidé les lieux se disent que personne n'ira fouiner à la cave. Que personne ne viendra avec une lampe, que ça fait peur etc. Au programme dans cette jolie cave : plein de dossiers tous plus sinistres les uns que les autres (odeur de papier en décomposition incluse) et divers objets probablement utilisés par les patients : raquettes de tennis, jeu de boules… Le clou du spectacle, bien que petit : une magnifique boite de Malabars goût cola (les meilleurs).






















Ci-dessous, une lettre envoyée à une Infirmière ayant travaillé sur place. Juste après l'image, une retranscription du poème. Le courrier a été écrit en 1913. Ça fait très bizarre de voir un courrier de ce genre, et c'est assez beau de voir un document aussi bien écrit (comme presque tous les documents que j'ai pu voir sur place, et datant de cette époque).




Sur le Pérou
Le 10 Avril 1913

«Le bouquet de Marguerite»

Dans un pot blanc, à large bord,
Une dizaine de marguerites s’épanouissaient ;
Tout à côté, sur l’autre bord,
Des giroflées et des roses se regardaient.

Elles trempaient toutes leur tige raidissante,
Sur un fond, d’une eau fraîche et transparente,
Qu’une main gentille et intelligente,
Un soir, avait préparé pour la souffrante.

Elle se montrait proprette et bien mise,
La jolie infirmière au teint de bise ;
Et portait fièrement, posés sur sa nuque,
Les rubans attenant à sa blanche eunuque (?)

Fille de dévouement, magistrale beauté,
Moi qui rêvas toujours justice et charité ;
Dans le calme dortoir où tes jours sont fixés
N’aurais-tu pas gardé un cœur à tes côtés ?

Dis-moi, n’aurais-tu pas autour des rideaux blancs,
Rencontré, par hasard, enfouie dans vos draps blancs,
Une femme meurtrie, égarée de douleur ;
Qui viendrait demander à l’Asile son cœur ?

Qu’avez-vous répondu à la muette pensée ?
Que vous étiez venue, qu’elle était insensée ;
Que tout votre devoir était de soulager,
Toutes celles dont le cœur n’avait pu s’accorder.

Et votre œil s’allumait, et vos joues s’empourpraient ;
Tandis que main agile répandait,
Le baume indispensable aux cœurs qui s’aimaient ;
Et la ration du jour au corps qui s’en allait.

Puis vous regardiez par la fenêtre close,
Si, là bas, ne se trouverait une rose ;
Qui viendrait, se penchant sur votre frêle lis,
Aspirer ardemment son doux parfum d’iris.

Vous souriiez alors divinement, ma sœur.
Lorsque vous courbiez votre altière figure,
Cherchant toujours l’inéluctable iodure ;
L’esprit au-dessus, comprenant bien l’erreur.

Mais la malade alors se releva guérie ;
Car tout avait passé sur sa face amaigrie,
Penchée sur son aiguille, l’infirmière traçait,
Les fines échancrures de celle qui savait.


La phrase au tout début de ce poème («Sur le Pérou») m'a toujours intrigué. C’était quoi ce Pérou ? Octobre 2016, je reçois un mail d’un certain Benoit, spécialiste en manuscrits ancien, qui m’apprends que ce «Pérou» est tout simplement… un bateau !

Le Pérou fut construit en 1908, puis démoli en 1934. D’après un document retraçant ses escales entre 1916 et 1919, le Pérou faisait des liaisons entre la France, les Antilles, l’Espagne, le Venezuela et le Panama. C’est assez beau d’imaginer que le touchant poème de l’ex-patiente à l’infirmière a été écrit à bord du bateau ci-dessous, quelque part au milieu de l’Océan Atlantique ou dans la Mer des Caraïbes... Un grand merci à Benoit ! Pour plus d'informations sur le Pérou, cliquez ici !






Sur place, un autre bâtiment, lui aussi assez vide, mais semblable à l’autre : de petits objets sympathiques à quelques endroits : un poster du film Ghost, une vieille télé, un vieux téléphone, des traversins… Certaines pièces bien que vides sont assez apaisantes du fait de la tonalité verte donnée par la végétation à l’extérieur.