Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.


Quand j’ai vu la taille de ce site sur Google Maps, je me disais que la visite serait longue, mais pas à ce point-là ! Venu avec Cafarnaom et Aude, entrer dans l’immense tannerie ne semblait pas particulièrement compliqué, mais au moment de pénétrer sur le terrain, alors que nous nous dirigions vers le portail, une voiture de Police passe juste devant nous. Presque en sifflotant, nous ne nous arrêtons pas de marcher et continuons notre petite promenade comme si nous n’étions pas venus explorer cette usine. Jetant un coup d’œil derrière nous, nous voyons la voiture effectuer un demi-tour, puis disparaitre. Ou est-elle donc passée ?

Sans réponse, nous revenons vers le portail et avons juste le temps de voir l’ombre de la voiture qui dépasse : la Police est garée juste devant le portail… Impossible d’entrer, du moins, pas par ici. Nous repartons alors plus loin à la recherche d’un passage qui nous permettrait d’entrer en toute discrétion. Peine perdue, le petit bois à proximité de la tannerie ne mène à rien. Revenant alors vers le fameux portail, nous espérons que la voiture de Police aura disparu. Et c’est le cas ! Cafarnaom étant fatigué, celui-ci décide de retourner vers sa voiture pour se reposer. C’est donc en compagnie d’Aude que je passe le portail et que débute ainsi l’exploration de l’immense bâtiment de béton.

Entrer dans la tannerie n’est pas compliqué. Une fois dedans, Aude et moi nous sortons nos appareil, déplions nos trépieds, et déambulons un peu au hasard dans ces immenses volumes qui s’offrent à notre regard. Si je suis très réceptif à la beauté d’un manoir anglais à l’abandon, je suis également friand de ces immenses et silencieux espaces de béton aux perspectives infinies. Le fait qu’il faisait plutôt chaud dehors ce jour-là et bien frais dans la tannerie ne fut pas du tout désagréable. Cela donnait envie d’y rester le plus longtemps possible. Ci-dessous, des photos du rez-de-chaussée :





























Le site étant immense, et le temps nous étant compté, nous ne pouvons pas nous permettre de passer trois heures sur place à inspecter chaque recoin. Nous nous dirigeons alors vers un escalier nous permettant d’accéder au premier niveau de la tannerie. Ici aussi, de nombreux halls silencieux (et joliment baignés de lumière) composent la majorité de la visite. Point intéressant de ce niveau : au détour de certaines ouvertures il est possible d’avoir un joli aperçu de la partie centrale de la tannerie, presque comme si nous utilisions un drone.

Par moments je pense à Gunkanjima, que je n’ai pas eu la chance d’explorer, mais aussi à d’autres sites industriels dégageant la même ambiance. Il y a quelque chose d’unique dans ce genre de lieu. On est fasciné par le silence régnant dans un lieu aussi immense. On est comme dans le ventre d’une baleine de béton échouée en pleine campagne. Un sentiment grisant qui ne doit pourtant pas faire oublier la dangerosité du site. Pour ce qui est de la peur de se faire attraper par la Police ou un éventuel gardien, elle est, je dois dire, inexistante lors de cette visite.





















Au détour d’une ouverture, surprise, un autre escalier nous permet d’accéder au deuxième niveau de la tannerie. Ou bien est-ce le troisième ? Je ne me souviens plus tant le site est vaste. A cet endroit, la sensation est vraiment agréable, j’ai l’impression d’être en 2002 et d’explorer l’Usine Renault sur l’île Seguin. Cette impression de totale liberté d’évoluer dans ces gigantesques volumes fait beaucoup de bien. Passant une porte, la visite se termine en beauté sur une sorte de terrasse offrant une vue magnifique sur la tannerie.















Merci à Aude pour la photo ci-dessous :

Sortir d’un lieu aussi grand ne se fait pas en dix secondes. Aude et moi traversons à nouveaux les vastes halls de la tannerie, redescendons les escaliers gravis lors de notre visite, puis au bout d’une bonne quinzaine de minutes, nous voilà enfin dehors. Retrouvant Cafarnaom, je sors le drone pour immortaliser l’immense site industriel. A cette occasion, après avoir pris une dizaine de photos, je confie les rennes du drone à Aude, qui découvre alors les joies du pilotage. La dernière photo de la série ci-dessous a été prise par elle.















Construit entre 1947 et 1955 (selon les deux premières vues aériennes ci-dessous), le site présenté sur cette page était une tannerie industrielle. L’entreprise l’ayant fait bâtir existait depuis le début du XXème siècle et exploitait plusieurs autres tanneries rachetées au fil des années. Principalement spécialisé dans le cuir destiné à l’automobile, la qualité de sa production lui permet d’entrer sur le marché du luxe. L’entreprise reçoit à ce titre des distinctions, des médailles, et même deux Légion d’Honneur.

En 1995, l’entreprise est rachetée par une banque qui la revend ensuite à un groupe d’actionnaires Italiens en 2000. Malgré quelques problèmes, la tannerie fait toujours partie des plus performantes de France. Hélas, la tannerie doit fermer en 2005. C’est à partir de cette date qu’elle devient une friche énormément visitée. Quatre incendies y auront lieu, dont deux en 2019. Divers projets de réhabilitation sont étudiés depuis la fermeture en 2005 mais le coût de la dépollution des 5 hectares de la friche (déchets enterrés, pollution aux hydrocarbures, résidus de station d’épuration) sans même parler du coût d’une éventuelle démolition bloquent tout. Ce site ne bougera donc probablement pas avant un petit bout de temps… Ci-dessous des vues aériennes allant de 1947 à 2021.