Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.


C’est avec une bonne dizaine d’années de retard que j’ai connu ce château. Situé juste à côté de nombreux lieux explorés dans les années 2000, je regrette de ne pas avoir pris le temps de le visiter plus tôt, car aujourd’hui c’est une vraie ruine. Enfin, une ruine partiellement entretenue car la toiture fut refaite à une certaine période, probablement pour éviter que tout le bâtiment ne s’effondre sur lui-même. Ainsi, le lieu est (un peu) au sec, et il est encore praticable. Une réhabilitation semble impossible tant le lieu est en mauvais état mais l’exemple du Château de Bonnelles prouve qu’avec des sous on peut remettre en état un lieu de ce type.

Mais si la toiture a été refaite, est-ce que ça veut dire que ce château n’est pas à l’abandon ? Oui et non. La toiture a été refaite mais elle est déjà dégradée par endroits. Comme vous le verrez, tout l’intérieur est tagué et vandalisé, mais pour autant le site où est localisé le château est actif, avec des ouvriers qui entretiennent le parc (qui contient un bâtiment en activité à une centaine de mètres). Mais quand on voit tous ces tags et le fait que le château soit aussi accessible (aucune clôture n’empêche de pénétrer dans le parc) on est en droit d’imaginer que ce lieu est physiquement à l’abandon. C’est avec la motivation de documenter ce lieu avant qu’il ne disparaisse, abandonné ou non, que je suis venu repérer ce château une première fois avec Cafarnaom, puis le visiter une deuxième fois, tout seul.

Cette exploration débute par la découverte du bois entourant le château. Celui-ci est collé à un autre bois (public, lui, et situé en pleine ville) sans qu’aucune clôture ne délimite ce qui est de l’ordre du privé et ce qui est de l’ordre du public. Ainsi, lors de ma deuxième visite j’ai croisé un groupe d’ados qui se promenait tranquillement près du château. Je n’ai vu aucun panneau parlant de propriété privée ou quoique ce soit d’autres.

C’est donc avec une certaine sérénité (et un peu de surprise aussi) que j’ai découvert le ruisseau où restent encore deux choses intéressantes : l’ancien lavoir, et juste à quelques mètres de là, une fausse cascade, façon Buttes Chaumont. Quelques pas plus loin, je découvre ce qui alimente le ruisseau : un beau lac, et un peu plus loin, le majestueux château. Ci-dessous, des photos de cette première approche :









Quelques pas plus loin, la façade du château se précise. Si le corps du bâtiment est toujours beau et imposant avec ce mélange de rouge et de jaune, on ne peut qu’être triste de voir ces fenêtres vides, et tout le rez-de-chaussée plongé dans l’obscurité avec ces horribles parpaings. Mais j’imagine que c’est pour empêcher les gens d’entrer, donc… Après cette photo, en voici d’autres, non datées, et montrant que le château avait encore de beaux restes il n’y a pas si longtemps.







Découvrant un accès via le sous-sol, je me faufile dans la vieille demeure et constate que toute cette partie ne présente rien qui mérite d’être documenté. Avançant à tâtons, je découvre un petit escalier de service au bout d’un long couloir obscur. Gravissant les marches le plus silencieusement du monde, j’arrive au rez-de-chaussée…



La première pièce que je découvre possède encore un très beau plafond. Enfin, très beau, pour ce qu’il en reste, car le sol est jonché de bouts de plafond. La pièce est plongée dans le noir à cause des parpaings, mais peu à peu les yeux s’habituent. Au fil des secondes on perçoit un peu mieux ce qui reste du château, des décorations, des murs peints… Le tout est malheureusement bien dégradé. Voici quelques photos :





La pièce suivante est un peu mieux éclairée. Que fait la baignoire en plein milieu ? Probablement une mise en scène de précédents explorateurs. Appuyées contre le mur, des planches, portes et échelles attirent mon attention : le lieu serait-il entretenu de temps en temps ? Peut-être bien. Et tant mieux. Mais dans ce cas je ne suis clairement pas dans un lieu déserté. Le minimum est sans doute fait pour éviter que le lieu ne s’effondre sur lui-même. C’est si triste de voir ces parpaings empêcher la lumière de se faire dans ces grandes pièces.





Ci-dessous d’autres photos des pièces du rez-de-chaussée. Certains sont diablement dangereuses, et me font douter quant à la possibilité de réhabiliter ce lieu un jour. Après, je ne suis pas du tout un expert dans ce domaine…





Revenant sur mes pas j’emprunte un grand et bel escalier me menant au premier étage. Si au rez-de-chaussée je pouvais évoluer sans souci grâce aux parpaings, ici je dois faire attention. Quelque chose me dit que ce lieu n’est pas tout à fait à l’abandon, et par sécurité je ne tiens pas à me faire remarquer.



Si le rez-de-chaussée présentait un certain intérêt par endroits (moulures, décorations, plafonds peints) le premier étage est une catastrophe pour le bâtiment : tout est tagué, certains murs sont fracassés, et le plancher fait très peur par endroits. Ajoutez à cela des traces d’incendie, et vous avez un concentré de lieu dangereux que je ne recommande vraiment pas de visiter.















Au bout du couloir desservant toutes les pièces du château je découvre alors quelque chose d’insolite : une salle de bain moderne, et visiblement pas utilisée depuis un bon bout de temps. Est-ce qu’un gardien vivait ici à un moment donné ? Aucune idée. Mais c’est vraiment étrange de tomber là-dessus. Plus loin, une porte ouverte donne accès à… une chambre ! Tout le château est vide mais ici curieusement il y a une chambre. Qui vivait ici et quand ? Mystère. Tout semble à l’abandon depuis un bon bout de temps, même le sucre a eu le temps de pourrir. Il règne ici une ambiance légèrement angoissante qui m’incite à ne pas trop m’attarder là. Je fais quelques photos puis quitte le chambre en direction de l’étage suivant.





La visite des combles est du même ordre que le premier étage : partout des tags, partout de la dégradation, et par endroits on voit que le toit fuit d’un peu partout. Le plancher est refait à un endroit (béton) mais ça ne sent pas trop la sécurité tout ça… Quelle tristesse de voir ce qu’est devenu un tel lieu.













Ayant fini mes photos, je range mon matériel et ressort par là où je suis entré. Je me dirige vers le lac en me disant que ce sera un bon endroit d’où faire décoller le drone et réaliser quelques vues aériennes. Quelques instants après, alors que je suis occupé à me promener autour du château, j’ai la surprise de voir arriver des engins de chantier ! Le lieu n’est donc pas du tout abandonné, du moins… C’est difficile à dire : je vois un engin démarrer et se mettre à remblayer des gravats autour du château. Mais rien de plus. Une dizaine de minutes, puis plus rien. Est-ce que les ouvriers sont de la Mairie ou d’une entreprise privée ? Aucune idée, mais peut-être que quelqu’un possède le terrain et se doit de l’entretenir. Ou peut-être qu’un autre chantier est prévu pour démarrer plus tard. Vraiment c’est le flou complet à ce niveau. Voici les images que j’ai pu prendre, elles datent de mon premier repérage avec Cafarnaom.

























Pour d’évidentes raisons de sécurité et de préservation je ne peux dévoiler l’histoire complète (et riche) du lieu, mais je peux dire que c’est lors de la Révolution que le bâtiment (qui n’était qu’un manoir lors de sa construction au XIIIème siècle) acquiert sa forme actuelle. Un couvent existait à côté, dont il ne reste aujourd’hui que le colombier que nous avons vu sur la carte postale ancienne montrant le lavoir. Au XIXème siècle, la ville fait supprimer les ailes déjà raccourcies par le précédent propriétaire et fait construire les deux tours d’angle. Ci-dessous, des images anciennes :

















Que se passe-t-il par la suite ? Je n’ai pas vraiment réussi à le savoir, je sais juste que certains articles disent que le château n’appartient pas à la ville. Ci-dessous, le site en 1933. On remarque une ferme en haut à droite de l’image qui semble à l’abandon : il s’agit de la zone qui est en activité de nos jours. A gauche de l’image, un beau verger.

Ci-dessous, le château en 1955. On remarque que la zone était un peu plus dégagée à l’époque. En bas à gauche de l’image, la petite écluse par laquelle se déverse le lac vers la petite cascade vue en début de visite.

Sur la vue de 1959 ci-dessous le verger ne semble pas entretenu. On remarque une voiture garée devant le château, signe que le lieu est toujours en activité. Pour autant, entre 1955 et 1959 il semble que l’entretien des chemins ait été abandonné.

Ci-dessous une vue aérienne datant de 1961. Sur cette photo on voit bien le ruisseau filant depuis le lac vers la petite cascade (zone bleue) puis le lavoir (zone verte). Le colombier (zone orange) est bien visible. Je n’arrive vraiment pas déterminer ce qui se passe devant le château (zone jaune), si jamais vous avez une idée… d’après ce que j’ai pu trouver sur Copains d’Avant il semble qu’entre 1962 et 1966 le lieu était une colonie de vacances. En attestent les différents lavabos vus au premier étage du château.

Ci-dessous le château en 1965, 1968 et 1971 :







Ci-dessous une très belle vue du château en 1982 :

Sur la vue de 1990 ci-dessous on remarque un chemin autour du château, signe qu’il est encore habité ou occupé. Le verger, lui, ne l’est plus. Même constat sur la vue juste après, datant de 2007, puis la suivante datant de 2011.





La vue ci-dessous date de 2015 et est intéressante, car j’ai l’impression (je peux me tromper) que c’est à cette période que la toiture a commencé à être refaite. On distingue des bennes et des engins de chantier. Mais peut-être que ça n’a rien à voir.

La vue ci-dessous date de 2019 et là on voit clairement que la toiture est en train d’être refaite. Elle est manquante par endroits et on distingue des bâches. On remarque aussi une palissade installée autour du château. Une palissade de parpaings aujourd’hui à moitié effondrée.

Enfin, une vue du site en 2020. On remarque que la toiture est manquante à un endroit, signe que les travaux à l’intérieur n’étaient peut-être pas terminés. Je vois aussi trois véhicules qui de toute évidence sont ceux des ouvriers. Quel est l’avenir de ce château ? Il semble qu’il soit condamné à se désagréger peu à peu comme tant d’autres.