Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.


C’est rare, mais il arrive qu’un même site contienne deux endroits abandonnés. Par exemple la Maison Jouvence qui est à une dizaine de mètres de la Maison de l’Absence, ou encore la Maison Wuthering qui est à moins de quatre cents mètres du manoir principal du Domaine des III Colonnes. Ici, ce lieu à l’architecture moderne est tout simplement à cent quarante mètres du Château Cervus.

Là où c’est intéressant, c’est que ces deux lieux sont on ne peut plus différents l’un de l’autre, et pour deux raisons : 1) construction au milieu du XIXème siècle pour l’un, à priori années 1940/1950 pour l’autre 2) le château Cervus fut construit par un industriel dans un but résidentiel, tandis que le lieu décrit sur cette page, et que j’ai nommé «Centre Kodama», fut construit dans les années 30, au départ dans un but médical (sanatorium) avant d’être transformé en centre de détention. Pas vraiment le même genre de «résidentiel» si l’on peut dire. Dernier point avant de débuter la visite : la distance séparant les deux lieux est très courte, ce qui explique que les deux lieux soient aussi tagués.

Ci-dessous, voici le bâtiment le plus proche du château, et le premier exploré. Son architecture est assez quelconque, rien n’indique que nous sommes en présence d’un ancien sanatorium devenu un lieu à vocation pénitentiaire. Ça pourrait très bien être une ancienne sous-préfecture ou un centre des impôts abandonné tout à fait quelconque. Selon un plan que j'ai trouvé, ce lieu, à l'époque où le site avait une fonction médicale, était la "pouponnière".





Comme je m’y attendais après avoir visité le château Cervus situé juste à côté de là, tout est plutôt vide, tagué et pas mal dégradé. Des couloirs sombres mènent à de petites chambres plus ou moins vides sans réel intérêt. Pourtant, dans certaines il reste des documents confirmant la vocation pénitentiaire du lieu.

Il y a également une ambiance sonore très particulière sur place, car le bâtiment est situé à cent mètres d’un centre pénitentiaire pas du tout abandonné, et deux ou trois fois durant ma visite j’ai pu entendre des annonces émanant de la prison : «Docteur Nicolas est demandé en Zone B» ou «Surveillant Bruno, vous êtes attendu en Zone C» etc. Faire des photos au drone près du château était déjà un peu tendu (j’avais eu droit à un message d’avertissement dans l’interface du drone) inutile de dire que pour ce lieu je ne l’ai même pas sorti de mon sac à dos.























Ci-dessous, des photos d’une autre partie du même bâtiment, toute aussi dégradée, mais contenant des grafs plutôt intéressants. Une sorte de gros poisson, un légume, de petits monstres… On aime le style ou pas, mais il y a là une volonté un peu plus travaillée que de juste «laisser une trace» en taguant son pseudo quelque part. Mention spéciale à la souris, particulièrement réussie. Au détour d'une pièce, je remarque un petit Kodama (Princesse Mononoké).













Après avoir assez exploré l'ancienne pouponnière (que j’avoue ne pas avoir fouillée de fond en combles) je quitte les lieux et me dirige vers quelque chose situé sur le même terrain, à environ trois cents mètres. Quelque chose que l'on ne voit pas sur Google Maps, mais que j'ai reperé sur Géoportail :

Deux bâtiments perdus dans la forêt ! Quelle est leur fonction ? Sont-ils en rapport avec la fonction pénitentiaire du bâtiment vu plus haut ? J’avoue qu’au moment de venir sur place je n'en ai absolument aucune idée, et une fois sur place, les visitant pour de vrai, je ne suis pas plus avancé… L’usage de ces structures en béton m’échappe un peu : simple stockage ? Abri pour le matériel horticole servant à entretenir la forêt ? Atelier pour détenus ? un plan trouvé sur Internet me donne finalement la solution : à l'époque où le site avait une fonction médicale, ces deux espaces étaient des préaux et des classes. Ci-dessous, des photos de ces curieux espaces :





















Quittant les lieux, je me dirige alors vers le troisième et dernier point d’intérêt de cette exploration : un autre bâtiment, situé cette fois-ci à quatre cents mètres des deux curieuses structures en béton. Repéré sur Google Maps, la visite de celui-ci pose un tout petit problème (du moins, en vue satellite) : il est lui aussi situé à une vingtaine de mètres d’un bâtiment pénitentiaire en activité (décidemment !). Passant le plus possible dans la forêt, j’arrive au niveau de mon objectif et entre rapidement dedans.

Une fois à l’intérieur, je scrute un peu le bâtiment en face : des voitures sont garées à proximité. Ce que je contemple est un bâtiment pénitentiaire assez nouveau (sur Google Maps il n’y a qu’un espace vide, la photo satellite ayant été prise avant sa construction) et encore une fois, hors de question de faire voler le drone. La seule chose que je fais, c’est ressortir un très court instant pour photographier un nouveau petit Kodama peint sur un vieux bidon rouillé. Plus loin, j'en croise d'autres dans différentes pièces.

Rentrant à nouveau dans le bâtiment, je découvre des pièces à vivre en majorité vides, certaines ayant subi quelques dégradations, mais dans l'ensemble peu (voire pas du tout) taguées comparé au tout premier bâtiment de cette visite. Comme si celui-ci n'était pas très connu. Il faut dire qu'il est vraiment excentré comparé au centre situé à cent mètres du château... Certaines pièces contiennent encore des objets, des meubles, de quoi se faire un petit film quant à la vie qui régnait ici avant. Quelle était la fonction de cette partie du site ? Selon le plan trouvé sur Internet, il s'agissait du "pavillon des entrants".































Au bout d'un moment je me dis que je suis probablement dans le bâtiment où le personnel pénitentiaire logeait à l’époque de l’ancienne prison (qui fut démolie pour laisser la place à la nouvelle, qui n’apparait pas sur Google Maps). Une fois l'ancienne prison démolie, le personnel a dû quitter les lieux, et les personnes travaillant dans le nouveau bâtiment pénitentiaire vivent peut-être dedans, ou ailleurs.

En tout cas ce que j'ai visité concernait visiblement l'ancien bâtiment, mais pas du tout le nouveau, qui n'apparait pas sur Google Maps mais qui existe bel et bien. Le jour de ma visite, il avait plu la veille. Ainsi, en montant sur le toit de ce troisième et dernier bâtiment j'ai pu prendre les photos ci-dessous où je trouve les reflets particulièrement beaux, créant une atmosphère poétique. Ce sont les dernières photos de cette visite.







Ci-dessous des documents liés au premier bâtiment visité lors de cette visite : la pouponnière.






En ce qui concerne les vues aériennes, très belle surprise : il en existe beaucoup ! Les premières que j’ai trouvées datent de 1962. Je ne sais pas ce qui s’est passé cette année-là (rien à voir avec la chanson de Claude François) mais il semble que les services de cartographies aient eu un coup de cœur pour ce lieu. Autre gros coup de chance : ces vues aériennes ne sont pas prises comme elles sont très souvent : à la verticale. Ici nous pouvons admirer des vues en perspective vraiment chouettes.

Pour des raisons pratiques, j’utiliserais trois mots pour distinguer les différentes parties du site : «Centre» (premier bâtiment exploré, très tagué) «Béton» (deuxième espace exploré : préaux/classes) et «Habitation» (troisième partie explorée, le "pavillon des entrants"). Voici trois photos du premier bâtiment exploré lors de cette visite. Rappel : tout fut construit au début des années 30.





Toujours en 1962, voici trois vues des deux bâtiments «Béton».





Enfin, concernant la partie «Habitation», j’ai pu trouver pas moins de huit vues aériennes montrant vraiment bien à quoi ressemblait le dernier bâtiment visité lors de cette visite. Admirez-moi les vues ci-dessous, on voit absolument tout, c’est tout juste si l’on ne voit pas des personnes se promener. Remarque : l’un de ces vues est si belle que vous pouvez la voir en grand en cliquant ici.















Pour l’année 63, je n’ai trouvé qu’une vue aérienne, et elle concerne la partie «Béton» :

Ci-dessous, nous voilà en 1973. La partie «Béton» est très visible (pas le «Centre», dommage). Le fait qu’il manque quelques tuiles sur la vue aérienne indique-t-il que le bâtiment n’était pas utilisé à cette époque ?

Ci-dessous, même année, voilà une vue de la partie «Habitation». Un peu trop verticale, elle permet cependant de voir de nombreux petits potagers au milieu de la cour, mais aussi autour d’elle, signe que des gens vivaient bien ici et que ce n’était pas un bâtiment administratif.

Ci-dessous, nous voici en 1978 avec deux vues aériennes. Une du «Centre», et une «Béton». La vue «Centre» est plutôt jolie, bien que pas assez en perspective. Celle «Béton» juste après est vraiment chouette, elle permet de bien voir à quoi ressemblent ces deux espaces en béton. Pour information, celui présenté en photo plus haut est celui en bas sur la deuxième image ci-dessous.



Ci-dessous, «Centre» et «Habitation» en 2001 :



Ci-dessous, «Centre» et «Habitation» en 2004 :



Ci-dessous, «Centre» et «Habitation» en 2012 :



Ci-dessous, «Centre» et «Habitation» en 2014 :



Ci-dessous, «Centre», «Béton» et «Habitation» en 2015 :





Ci-dessous, «Habitation» en 2018 :




Ci-dessous, «Centre» et «Habitation» en 2020 :



Quel est l’avenir de ce site ? En a-t-il un ? Je ne le sais pas.