Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.

Nous sommes fin Aout 2015. Cette visite se déroule en trois temps. D’abord, la visite d’une première ferme, puis un rapide passage devant quatre magnifiques colonnes, et enfin la visite d’une deuxième ferme. Notre guide Fabien nous conseille d'explorer ça en partant de la fin  : d’abord la ferme la plus éloignée, puis, en revenant, les colonnes, et enfin la ferme la plus proche de là où nous sommes garés.



C’est après avoir marché une bonne demi-heure sur un chemin forestier puis le long d’un petit chemin campagnard (le long duquel on peut voir les quatre belles colonnes) que nous arrivons en vue de la première ferme.



A l’évidence abandonnée depuis un bon bout de temps, je suis agréablement surpris par l’état de conservation du lieu qui permet presque de s’imaginer que nous sommes les premiers à l’explorer depuis qu’elle a été abandonnée. Visiter une ferme abandonnée n’est à priori pas bien excitant (on sait un peu à l’avance ce qu’on va y trouver) mais ici , c’est différent : rien sur place ne nous renvoie à notre époque, on a vraiment l’impression qu’il ne s’est rien passé ici depuis un bail. Bon, il y a bien deux ou trois détritus ici et là et des tracts laissés par des joueurs d’Airsoft, mais le lieu possède une ambiance sympathique, et surtout, une belle architecture.



























La ferme est constituée de plusieurs bâtiments imbriqués les uns aux autres : maison, autre maison, clapiers, grange, grange un peu plus grande, garage… La bonne surprise est qu’il reste encore quelques trucs sur place pour s’imaginer la vie ici. Rien d’extraordinaire, mais c’est toujours mieux qu’un lieu complètement vide.



La belle surprise que notre guide nous avait décrit se trouve au bout de la cour de cette ferme. Une chose insolite, que je n’avais jamais vu avant dans un tel contexte : au fond de la ferme on trouve des grottes creusées dans la roche. Pas une carrière qui aurait été utilisée par les fermiers (c’est bien trop petit pour être une carrière) mais quelque chose construit exprès pour un usage agricole. Visitant rapidement cette partie de la ferme, je tombe sur un vieux chariot, un wagonnet, des cavités qui semblent avoir servi de garage. Ferme + mini-carrière = original.









































Une fois la visite de cette première ferme finie, je décide d’aller visiter un bâtiment que j'avais négligé en arrivant : une grange toute bête comme on peut en voir partout. Je me dis que je n’y trouverais surement rien de folichon, mais on sait jamais. Grimpant un escalier bien bancal et bien craquant, j’arrive dans une pièce pas très rassurante, avec un grand trou au milieu, permettant à l’époque (j’imagine) de descendre des gros sacs, des tonneaux, des planches etc.

Prenant en photo ce trou, je m’apprête à repartir, et, surprise, je vois des choses écrites sur le mur. Et là je suis content d’avoir quand même visité ce bâtiment qui ne me paraissait pas génial : sur le mur, plein d’inscriptions à caractère agricoles. La belle surprise est qu’elles sont pour le moins assez anciennes.









Ci-dessous des photos prises début Octobre 2017 :















Retour à 2015 : La visite de la ferme étant terminée, nous rebroussons chemin vers la ferme que nous avons croisé au début. Marchant le long d’un chemin campagnard, nous longeons un grand muret et apercevons à nouveau les quatre colonnes magnifiques que nous avons croisés à l’aller. Ne voulant pas juste voir ces colonnes de loin (elles sont situés à une centaine de mètres derrière le muret) je demande à mes camarades d’exploration (Yxelle, Iloé et Fabien, notre guide) si ça ne les gêne pas que j’escalade le muret pour photographier les colonnes. «Ok, on attends ici.» Je grimpe alors le muret, m’aide d’un arbre idéalement placé derrière pour redescendre, et fonce à travers les hautes herbes pour capturer ces colonnes. En passant, je vois un abri contenant les restes d'une carriole, et surtout, une calèche sympathique, recouverte de mousse.







Je reprends rapidement mon chemin vers les colonnes : orties, chardons et autres herbes piquantes ne me facilitent pas la tâche (certaines m’arrivant presque à la tête) mais après une dizaine de minutes je me retrouve face aux colonnes, et là je me dis que ça valait franchement le coup de s'écorcher les mollets. Jugez plutôt :



J'ai devant moi une sorte de mini-ruine antique (fausseévidemment) constituée de quatre colonnes assez sublimes. Que font ces colonnes ici ? Aucune idée, peut-être y'a-t-il autre chose derrière ? Je me dirige à travers le champ et arrive en vue des colonnes. De près, c'est réellement magnifique, c'est fou de tomber sur ça en pleine campagne.









Me demandant ce qu'il y a derrière ces colonnes, j'escalade la façade et me glisse par le trou qu'on voit bien sur la photo verticale ci-dessous. Et là, j'ai un petit frisson : devant moi s'étend une grande allée ombragée, et au bout de celle-ci, un château. Un château pas du tout abandonné, lui : j'avais complètement oublié qu'il y en avait un juste à coté. Me faire voir serait catastrophique. Je fais donc rapidement quelques photos des colonnes avant de filer en passant devant quatre autres colonnes - carrées et en briques rouges cette fois. J'escalade le muret, retrouve mes camarades d'exploration, et nous nous mettons en route pour la deuxième ferme...





La deuxième ferme est un peu plus grande que la première. On pourrait même dire qu’il s’agit de deux fermes collées ensemble - et en meilleur état général que la première. On le voit d’ailleurs bien en découvrant les lieux : toiture en bon état, murs solides… On pourrait presque racheter les lieux et y vivre. Enfin presque, car y a quand même pas mal de dégradations (naturelles) par endroits, ce qui donne de curieux rayons de lumières traversant les pièces, comme la deuxième photo ci-dessous.





Cette ferme semble aussi vieille que celle visitée tout au début un peu plus haut, et je dirais même plus ancienne encore au vu des murs à colombages visibles à l’intérieur. Le plafond est également un peu plus bas. On a l’impression d'être au moyen-âge.



Dans la jolie cuisine (ci-dessus) on ne retrouve plus grand-chose comme dans tout le reste de la ferme, mais quelques détails subsistent. Un premier détail, pas bien grand, nous apprend qu’une certaine Cindy a vécu sur place, et s’est tapé un méchant 8.5/20 en Physique... J’aime bien la feuille où elle s’est amusée à écrire son nom de six façons différentes. Deuxième détail, bien plus grand : une magnifique carriole, en bien meilleure état que celles vues précédemment, trône dans la grange. Poussiéreuse, rouillée et à priori inutilisable, elle dégage pourtant un certain charme.























Nous nous dirigeons alors vers la deuxième partie de cette ferme, un peu plus petite, mais bien mieux conservée, et franchement belle. Quelques objets agricoles traînent encore sur place, et à part les meubles manquants on a l’impression que les gens sont partis il y a très longtemps mais que le lieu n’a pas bougé. Un peu comme la première ferme, mais sans la végétation et la toiture qui part en lambeaux.



Pas mal de jolies choses à voir : l’écurie, avec son matériel encore sur place et son tas de foin (le coin idéal pour pique-niquer, ce que nous avons fait), du papier-peint à motif félin choupinou, et une cage à oiseaux intacte malgré la rouille…

















A l’étage, nous découvrons des inscriptions sur les murs de deux chambres. Mais pas le même genre que celles vues dans la première ferme. Ces mots semblent remonter à la Deuxième Guerre Mondiale, on voit des «19/4/41», des «19/12/42»… D’autres mots un peu plus explicites sont lisibles : «Torturé le…», «Déporté le…». Vraies ou fausses, ces inscriptions sont pour le moins mystérieuses. Dans le cas où elles seraient vraies, il est étrange que des gens les aient inscrites ici, sur des murs de chambres et pas au fond d’une cave, lieu habituellement réservé aux tortures. Peut-être étaient-ils torturés ailleurs, et enfermés dans les chambres ? Aucune idée. Dans le cas où elles seraient fausses, je me demande pour quel motif on les a écrites... On lit également «Merci quand même à la France», «Honneur et fidélité dans le meilleur des mondes» («Honneur et Fidélité» est la devise de la Légion Etrangère), «Le monde se soulèvera» ou «Ardennes libérées»…









Depuis la fenêtre d’une des chambres, j’aperçois le pigeonnier, en très bon état. Sa visite est très rapide : à peine entré par la porte, on est dans une tour entièrement vide, et la seule chose qu’on peut faire, c’est marcher sur un sol mou et pas très rassurant constitué de milliards de crottes de pigeons, et faire une photo du plafond, octogonal et plutôt beau.





La visite se termine en visitant d’autres endroits de la ferme : granges, petites chambres… Rien d’extraordinaire, mais le calme du lieu, l’absence de tags et le beau temps permettent de passer un très beau moment hors du temps, chose que j’apprécie le plus en visitant ce genre d’endroits.

























Géoportail : Rien de bien sympa à se mettre sous la dent. Ci-dessous, voici deux photos aériennes datant de 1968, et permettant de se faire une bonne idée des lieux. Les colonnes ne sont pas visibles (trop petites) donc je n’ai mis que les deux fermes. Sur la première (ci-dessous) on voit bien les bâtiments collés les uns aux autres, comme si ils avaient été rajoutés au fur et à mesure des années. La zone verte est la partie troglodyte, accessible depuis la cour de la ferme.

 
Ci-dessous, la deuxième ferme. On voit bien la première partie (grand rectangle au milieu) ainsi que la deuxième, en haut à droite (avec sa cour carrée). La grange coloriée en verte n’existe plus à partir de 1971 au vu des autres photos aériennes. A part ça, rien n’a changé, à part bien sur les trous dans les toitures, certains murs effondrés suite à des orages etc. Un grand merci à Fabien pour m’avoir fait découvrir ce magnifique lieu !