Pitch de la visite : un ancien complexe de bureaux vidé récemment, des couloirs, des escaliers... Mouais, pas bien excitant tout ça. J'étais cependant très heureux car cette fois nous n'avions pas du tout à nous soucier d'un éventuel «vrai» propriétaire, de meubles déplacés, d'affaires personnelles trainant partout etc. Autre raison de venir : l'endroit étant à priori assez vide, il faudrait donc être curieux et dénicher le petit détail sympa. En guise de bonus le complexe était gardé par des vigiles et un ou plusieurs chiens. Ayant déjà expérimenté avec plaisir ce genre de cache-cache, j'avais hâte de pénétrer dans le grand labyrinthe. Après une rapide acrobatie, bingo, la visite peut commencer !









Comme prévu, le lieu ne regorge pas d'objets dans tous les sens, et même si il en avait, nous sommes dans d'anciens bureaux, donc ce n'est pas la peine de se faire des films en imaginant tomber sur des trésors. Pas de photos anciennes, pas de jouets, pas de meubles, rien. Mais il reste tout de même des choses à certains endroits pour qui aime fouiner, et j'aime le fait que les lieux à priori vides nous forcent à musarder dans tous les coins.





Des couloirs infinis s'étendent à perte de vue. Par endroits, des morceaux de faux plafonds gisent au sol, et il n'est pas rare de marcher sur des miettes de peinture écaillée. Quelques traces dans certaines pièces suggèrent de la récupération sauvage mais dans l'ensemble c'est très propre. A de nombreuses reprises je plisse les yeux et essaye de voir si je ne repère pas un vigile tout au fond d'un corridor, mais il faut croire que la chance est avec nous, et nous pouvons donc explorer à loisir toutes ces pièces en parlant à voix haute, enfin pas trop haute non plus, on ne sait jamais...













Quoi de plus parlant qu'une horloge arrêtée pour signifier la mort d'un lieu ?



Dans une pièce, des feuilles mortes sont encore là, scotchées à la vitre opaque. Dans une salle attenante, une grande machine à trier le courrier n'a pas été déplacée, probablement trop vieille et encombrante.



























La visite continue, d'innombrables bureaux vides côtoient des escaliers silencieux. Des piliers orange donnent un peu de vie au lieu, tout comme les rares objets encore présents : posters administratifs, dessins d'enfants et même deux splendides personnages au hasard d'un couloir : Marge Simpson et Bomberman en post-its !







Notre progression nous conduit au rez-de-chaussée d'un autre bâtiment. Avançant en file indienne, c'est tout à coup la stupeur en entendant un aboiement provenant d'une pièce donnant sur la cour ! Nous prenons nos jambes à nos cous et courons immédiatement nous réfugier dans un tout petit espace situé un peu à l'écart. Nous attendons� Nous attendons en espérant que personne ne viendra, ou alors que si quelqu'un vient, il ne nous verra pas. Et, étrangement, personne ne vient. Pas de vigile, et surtout, pas de chien venant nous déloger. Rien. Nous profitons de ce coup de chance inespéré pour filer sans demander notre reste.







Continuant d'inspecter cette zone du complexe, la curiosité paye une fois de plus en tombant sur une salle remplie de matériel informatique. Téléphones, câbles, ordinateur, moniteurs...





Il y a de quoi passer de longues minutes à explorer tout cela mais une pièce située juste à coté se révèle bien plus intéressante, jugez plutôt :

Il s'agit là d'une (petite) salle anéchoïque. Qu'est-ce qu'une salle anéchoïque ? Wikipédia nous dit ceci : «Une chambre anéchoïque (ou chambre sourde) est une salle d'expérimentation dont les parois absorbent les ondes sonores ou électromagnétiques, en reproduisant des conditions de champ libre et ne provoquant donc pas d'écho pouvant perturber les mesures. On utilise de telles chambres pour mesurer des ondes acoustiques ou électromagnétiques dans des conditions de champ libre, c'est-à-dire en l'absence de composantes ayant subi une réverbération sur des parois.» C'est la deuxième pièce de ce genre que je vois, la première étant celle de la Batterie de la Pointe.





Ci-dessous, merci à Merlin pour cette photo de la même salle !



L'intérêt d'une telle pièce est double. Premièrement, comme vous l'avez lu plus haut, si on s'enferme dans une pièce telle que celle-ci, on aura beau crier, il n'y aura aucun écho, ce qui est très marrant à «entendre» en vrai (et peut devenir perturbant car il y règne un silence absolu comparable à celui des catacombes). Ici, il manque malheureusement une vitre au petit hublot situé sur le coté pour tester la pièce. Reste donc le deuxième intérêt d'une telle pièce : c'est esthétiquement original et très photogénique. Quelques clichés ci-dessous.









Nous sortons de la pièce et progressons quelques niveaux plus bas. Après quelques minutes, surprise, il y a encore du courant dans cette zone ! La dernière fois que j'ai vécu ça c'était dans les souterrains de l'Hôpital St Vincent de Paul, et c'est vraiment excitant de devoir être encore plus prudent que d'habitude, car qui dit courant dit peut-être alarme... A pas de loups, nous explorons diverses pièces éclairées, donc certaines très intéressantes car on dirait qu'elles ont été construites sur d'anciennes carrières ou fondations d'immeubles.











Un peu plus loin je tombe sur une salle assez originale que je ne pensais pas trouver dans ce genre de bâtiment. Comme une image vaut (dit-on) mille mots, voici des images :









Une ancienne salle des archives ? Probablement. Ces «cages en métal» ont un look particulier qui donne l'impression de se promener dans les cellules d'un commissariat à l'abandon. La visite continue vers une partie située à proximité de la guérite des vigiles. Dans cette zone, la prudence est de mise car il s'agit de ne pas passer dans le champ de vision des vigiles, qui heureusement pour nous sont apparemment plus occupés à regarder leur smartphone qu'à surveiller ce qui se passe...





Après avoir poussé quelques portes, nous découvrons un auditorium. La lumière étant allumée, nous faisons quelques photos, puis, surprise, entendons un bruit de porte qui claque ! Un vigile se dirige (apparemment) vers les toilettes. Nous plongeons tous sous les sièges et attendons un petit moment jusqu'à entendre un autre bruit indiquant que le vigile est retourné à son poste. Vu que nous ne nous gênions pas trop pour parler à voix haute dans cette grande salle, on peut dire que c'est pas passé loin !



Une fois sortis de l'auditorium, il ne reste plus qu'une chose à voir : le self ! Et vu que le site est plutôt vaste, il y a de quoi faire. Arrivant par les cuisines, nous découvrons d'innombrables pièces qui témoignent de l'intense activité qui devait régner ici il y a quelques années. Quelques fourneaux sont encore présents, ultimes traces du passé culinaire de ce lieu.





Après avoir gravis quelques marches, nous sommes dans la place et parcourons d'immenses espaces vides qui devaient être pleinà craquer de tables et de chaises auparavant. La lumière étant jolie ce jour-là, des rayons de lumière traversent les grandes baies vitrées. A un endroit, quelques objets sont encore là. Un plateau, du sel, du poivre, des verres...







Après être restés un peu plus de trois heures sur place, il est temps de prendre la poudre d'escampette et retourner à notre point d'accès. Des couloirs interminables, quelques traces du passé, un chien qui aboie (mais ne vient pas), des vigiles passant près de nous, un peu d'adrénaline et beaucoup de curiosité, voilà ce que j'aime ! Dernière image de cette visite : une décoration murale que l'on peut voir à l'entrée du self. On y voit un soleil, un arbre et des oiseaux. Comme les gens qui bossaient ici, il a pris son envol. Nous faisons de même, très heureux d'avoir étanché notre soif d'exploration.