Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.


Un peu de contexte avant de débuter : voilà un lieu que j’ai visité deux fois. La première visite remonte à l’automne 2018. A l’époque, une personne m’envoie un message pour m’indiquer la localisation de ce lieu, que je ne connaissais pas du tout. De quoi s’agit-il ? D’un lieu accueillant des séminaires, à l’abandon depuis quelques années. Je le place aussitôt sur ma carte et voit qu’il est situé à quinze minutes d’un autre lieu que je voulais visiter.

Me rendant sur place après avoir exploré le premier lieu (une maison abandonnée non loin de là) je constate que les bâtiments du site sont tous bien fermés. Le premier possède une jolie façade en pierre, tandis que le second, un peu plus classique, possède une architecture tout à fait banale de pavillon de banlieue. Autour de ces bâtiments, deux maisons, un terrain de tennis, un terrain de foot dont il ne reste que les buts, un bassin d’agrément, un parcours sportif… Rien de bien extraordinaire, mais le fait de visiter ce lieu en automne reste un très joli souvenir. Une fois chez moi, je change le statut du lieu sur ma carte, passant de «à visiter» à «fermé». Ci-dessous, les photos prises lors de cette première visite en 2018 :











































Quelques années plus tard, nous voici en 2023. Alors que ce lieu était complètement sorti de mon esprit, je vois passer une série de photos sur un groupe Facebook. Celles-ci ont apparemment été prises dans un «ancien lieu de séminaire abandonné». Je reconnais alors la façade d’un des bâtiments : c’est celui que j’ai tenté de visiter en 2018. Dans le post Facebook, outre des photos de l’extérieur, je vois aussi quelques photos de l’intérieur. Cinq années plus tard, le lieu semble accessible.

J’envoie un message à la personne qui a pris ces photos et celle-ci me confirme que c’est bien le même lieu. Arrive alors l’automne, et je retourne une deuxième fois sur place, mais cette fois-ci avec un grand angle et mon drone. Voici le récit de cette deuxième visite.

Une fois garé à une petite centaine de mètres du site, je me mets en route vers la grande grille blanche que j’avais prise en photo en 2018. D’ici on pouvait accéder au site. Mais, surprise, je découvre un chantier ! En effet, depuis 2018, une petite partie du terrain a été absorbée par un projet de plusieurs petits immeubles de trois étages. Résultat : la maison que vous voyez sur la deuxième photo tout en haut de cette page n'existe plus. Le reste est-il toujours debout ? Continuant mon avancée le long du chemin, je constate avec soulagement que tout est toujours là. Trouvant très facilement un accès, j’entre sur le site et refait presque le même parcours qu’en 2018. Tout est toujours là : petite maison, terrain de tennis…
















Je me dirige vers le premier bâtiment autour duquel j’avais tourné en 2018, sans pouvoir y entrer. Mais ce que je vois alors me rend bien triste : celui-ci a été victime d’un incendie. Me promenant autour je constate que la toiture a entièrement brûlé. Y’avait-il des choses intéressantes à l’intérieur ? Mobilier ? Documents ? Je ne le saurais jamais. J’aperçois deux malheureuses barrières métalliques et un peu de rubalise accrochée de part d’autre des chemins menant à ce bâtiment. Un signe que l’incendie est récent ? Je n’en ai aucune idée.

Sortant mon smartphone, je fais une rapide recherche en tapant le nom de la ville + «incendie» : rien ! Absolument aucune information ou article de presse sur le sinistre. D’habitude il y a toujours au moins un petit article quand un évènement de ce genre arrive, mais là, rien du tout. Etrange, mais c’est comme ça. Je prends deux photos de l’extérieur et deux photos de l’intérieur. Le feu ayant tout ravagé, nul besoin de trainer ici plus longtemps…







Quelques pas plus loin j’aperçois l’aile du deuxième bâtiment. C’est à priori à l’intérieur de celui-ci que les photos récentes vues sur Facebook ont été prises.

Quelques pas à travers les herbes hautes plus tard, je découvre un accès via une baie vitrée entièrement brisée. Pénétrant à l’intérieur, je me retrouve dans un grand couloir desservant plusieurs salles de réunion. Typiquement ce que l’on trouve dans un lieu accueillant des séminaires. Visitant les différentes pièces, je constate que l’on s’est acharné sur pas mal de fenêtres. Au sol, des traces semblent avoir été faites par des motos. Un vandalisme que je n’ai vu qu’une seule fois dans un autre lieu : un château investi par un gang de mini-motos, laissant derrière elles des traces de pneus, de l’huile etc. Lamentable.

Le jour de ma visite je craignais qu’il n’y ait pas beaucoup de lumière, mais par chance le soleil n’est pas trop capricieux. De grands et beaux rayons de lumière tapissent les moquettes des salles de réunion, et permettant de faire de jolies photos des feuilles de lierre courant le long des fenêtres.



















Revenant au grand couloir par lequel je suis entré, j’arrive à un angle donnant sur une grand perspective annonçant la suite de ma visite. Bien que visitant des lieux abandonnés depuis un certain temps, j’avoue ne jamais me sentir complètement tranquille en étant aussi à découvert au bout d’un immense couloir comme celui-ci. Je suis seul le jour de cette visite et on ne sait jamais trop sur qui je pourrais tomber : un éventuel gardien ? Des tagueurs ? Peut-être des explorateurs, aussi… En tout cas, pour le moment, tout se passe bien. Aucun bruit suspect. Continuons.







Ci-dessous des photos d’autres pièces croisées le long du couloir :





Quelques pas plus loin je découvre sur ma gauche une pièce plus lumineuse que les autres (merci le velux) qui avait l’air d’être l’espace «Internet» du lieu si j’en juge par les prises électriques et téléphoniques installées au mur. Je m’apprête à quitter la pièce quand quelque chose attire mon attention : sur ma droite, une porte entrouverte donne accès à un minuscule local. A l’intérieur de celui-ci, quelle surprise de tomber sur d’innombrables photos prises lorsque le site était en activité ! Le site étant (jusqu’ici) très vide, je ne pensais pas du tout tomber là-dessus en venant sur place.



Ci-dessous une sélection de photos prises entre 1999 et 2004 :



















Quelques mètres plus loin je tombe sur le hall principal. Je me rends alors compte qu’à part la grande baie vitrée brisée qui m’a permis d’entrer, tout est encore assez bien fermé, signe que peu de gens viennent sur place. Il faut dire que ce n’est pas le genre de lieu qui va attirer les amateurs de châteaux abandonnés remplis de vieux livres… Au sol, un panneau intéressant, écrit en français et en anglais, signe que le lieu accueillait (probablement) des gens de toute l’Europe, voire hors Europe ? Ce site serait un peu plus important que je le pensais ?













La visite continue avec la découverte d’une pièce où un incendie semble avoir eu lieu. Il faut croire qu’il a été éteint à temps, où qu’il s’est éteint tout seul sans emporter le bâtiment avec lui. Cigarette mal éteinte ? Squat de jeunes (les mêmes venus avec des motos) qui tourne mal ? Difficile à dire, en tout cas tout est noir de suie, et fait de la peine à voir... Au fond de la pièce, une porte ouverte donne accès au bois situé derrière le site. La première pensée qui me vient est «Si je vois quelqu’un au bout d’un couloir, voilà un échappatoire.» Continuant ma visite, je découvre une grande pièce sous laquelle était située (il me semble) la salle de fitness.















Passant une porte, je découvre une pièce avec un très beau papier peint bien kitch comme il faut. Seule (grosse) ombre au tableau : un graf le défigure. Dommage. Passant rapidement devant une des fenêtres je suis alors surpris de voir… un chevreuil ! Et, coup de chance, il ne m’a pas vu ! Ne bougeant plus, je m’agenouille alors tout doucement et ôte mon objectif grand angle pour mettre à la place l’autre objectif, plus petit, qui me permettra de zoomer et faire une plus jolie photo du chevreuil.

Une fois l’objectif en place, je me relève et constate que le petit cervidé est toujours là, le museau en l’air, humant le doux parfum de l’air automnal - qui est divin en ce matin. Je réalise que lui et moi sommes à une bonne vingtaine de mètres du chantier en cours (celui vu en arrivant sur place) mais que le bruit des engins et des ouvriers ne semble pas du tout lui faire peur. Il faut croire que le site est un havre de paix pour lui, et probablement ses congénères ? Prenant deux ou trois photos, je le laisse alors tranquille et continue ma visite, amusé de cette fugace rencontre.





Me voici à présent dans un couloir plutôt étroit, donnant accès à de nombreuses chambres. Certaines donnent sur l’intérieur du site, d’autre sur l’extérieur (là où j’ai aperçu le chevreuil). Pas grand-chose à dire sur cette partie du site si ce n’est qu’au bout du couloir on arrive à la salle à manger principale, qui a connu des jours meilleurs. Il semble que le faux-plafond ait été retiré. Ne restent que des lambeaux, faisant évidemment penser à des fantômes…











Poussant une porte, me voici dans les cuisines. Rien de franchement original ici, mais je m’étonne que certaines zones précises du lieu soient taguées et d’autres non. Car visiblement tout a été visité.













Sortant de la cuisine par une porte vitrée ne comportant plus de vitre, je trouve un petit escalier me menant à l’étage. Je fais alors le chemin inverse de mon exploration de ce bâtiment, mais cette fois-ci un niveau plus haut. Et cette visite se fait rapidement car à l’étage il y a une cinquantaine de chambres toutes plus similaires les unes que les autres.

J’en visite une, deux, trois, puis, la lassitude se faisant sentir, je ne m’arrête plus à chaque porte. Arrivé au niveau du hall principal, je me retrouve là où j’étais au début de la visite. L’occasion d’admirer la charpente visible, puis, plus loin, quelques dessins sur les murs réalisés par des artistes de passage… Ci-dessous, le résultat de cette exploration du niveau supérieur du bâtiment :

























Ma visite étant terminée, je reviens aux cuisines et ressort à l’air libre pour documenter un peu l’extérieur du site, si charmant en automne. Contrairement à la fois précédente, ici je n’ai pas à me poser la question de ce que renferme ce bâtiment : je viens de le visiter. Et comme tout explorateur urbain qui a fini de documenter le lieu comme il le voulait, une grande sérénité m’envahit.

C’est donc avec une certaine insouciance que je me promène devant ces façades joliment tapissées de lierre. Niveau couleur c’est si joli que j’en oublie que je suis venu explorer un site à l’abandon : j’admire tout simplement la beauté de l’automne, et c’est avec un appareil photo rempli de ces belles teintes vertes, jaune et rouge que je ressors sans difficulté du site. Ci-dessous, les photos prises lors de ma promenade :



























Une fois dehors, je reviens à ma voiture, range mon matériel, puis revient me garer directement devant le site. Sortant le drone, je m’envole alors dans les cieux afin de mieux voir la tête du site depuis le ciel. Vu que mes photos sont déjà faites et que je ne compte pas entrer sur le site, zéro stress... Ci-dessous, des photos du premier bâtiment, celui ayant subi un incendie. Si au sol il faisait peine à voir, de haut les dégâts sont encore plus parlants :













Ci-dessous des vues des deux bâtiments :



Enfin, ci-dessous, des photos du deuxième bâtiment, exploré plus haut :



















Quel sera l’avenir de ce lieu ? Je n’en ai aucune idée. Concernant son histoire, le premier bâtiment (celui qu’un incendie a ravagé) fut construit dans les années soixante. Sur une vue aérienne de 1963 il n’y a rien, mais dès 1968 il est là. Pas de deuxième bâtiment à l’époque. Ci-dessous, la vue de 1968, puis 1969:



Ci-dessous une vue du deuxième bâtiment, en construction, en 1971 :

Ci-dessous d’autres vues aériennes allant de 1973 à 2004 :



















A priori c'est entre 2004 et 2005 que le lieu fut abandonné. Ci-dessous des vues allant de 2005 à 2020 :