Repérée le 1er Aout 2014, je n’ai eu le temps d’aller visiter cette maison que le 18 Octobre de la même année. Tout ce que je sais, c’est qu’un incendie y a eut lieu début Janvier 2014 Aucune info, aucune histoire particulière… Il faut croire que c’est une (grande) maison extrêmement banale comme il y en a tant. A force de visiter des endroits chargés d’histoire (hôpitaux etc) on finit par imaginer que chaque lieu abandonné a forcément une histoire tragique (une histoire à creuser, des documents à dénicher etc). Ici ce n’est probablement pas le cas, et comme très souvent, le cerveau travaille bien plus que la réalité, ordinaire au possible : c’est juste une maison.



Alors pourquoi s’embêter à vouloir la visiter ? Parce que je n’ai pas envie de passer devant un jour et de voir qu’elle a été démolie. Je veux voir, je veux savoir. Et pour entrer, vu la localisation, ça ne va pas être de la tarte : la maison est situé au coin de deux rues fortement utilisées. Comment entrer ? En escaladant la grille via une borne électrique. Oui mais pour ça, encore faut-il attendre le bon créneau où il n’y aura personne pour regarder : entrer dans une maison abandonnée en pleine ville ce n’est pas escalader un muret en forêt : plein de gens passent, et tous peuvent potentiellement appeler la police pour dire qu’un type est entrée dans une maison. Alors j’attends. Cinq minutes, puis dix, puis une demi-heure. Des gens passent, encore et encore, le plus souvent espacés de cinquante mètres, juste assez pour que je ne puisse pas entrer sans être vu. Trente minutes. Trente cinq.

Et puis tout à coup, c’est le miracle : personne ! Problème : je poireaute depuis trente cinq minutes. Je ne suis plus chaud comme je l’étais en arrivant. C’est donc très péniblement que j’escalade le bloc électrique, que je m’accroche comme je peux à la barrière en faisant attention aux barbelés (oui, il y a des barbelés) puis je me laisse tomber près de la porte d’entrée. Mission accomplie ? Pas encore : à chaque pas, mes pieds se posent sur de la brique, du verre, de la végétation, des feuilles, et niveau bruit je suis complètement audible des gens passant juste derrière, à un mètre. Alors on y va très doucement. On entre par la fenêtre ouverte, et l’exploration commence.





Et c’est avec une certaine déception que je découvre une maison complètement vide, où une réhabilitation semble avoir eut lieu, puis s’être arrêtée. Aucun meuble, aucun documents, absolument rien. Rien à part un graf à un endroit, avec un personnage qui m’a donné l’idée du nom de cette maison. Certaines pièces sont murées, modifiant la structure originelle de la maison. Un grand ennui s’installe. Je visite le rez-de-chaussée, le premier étage, puis je me dis que le deuxième étage (le grenier) sera un peu plus sympathique, ayant vu depuis la rue que le toit avait brûlé...



























Le grenier est un peu moins ennuyeux. Merci l’incendie qui donne un coté un peu plus «tragique» à la visite, même si (si ça se trouve) personne n’a été blessé (ou est même mort) à la suite de cet incendie. Des bâches gisent au sol, arrachées par le vent et les intempéries. De la végétation pousse à même le sol, créant un minuscule gazon pas déplaisant, mais diablement glissant. D’autres petites plantes poussent, laissant imaginer la suite : de vrais arbustes sortant par la toiture décharnée d’ici quelque temps. Dans une des pièces du grenier, une bâche recouvre un velux, créant une atmosphère bleutée assez étrange.







La visite continue en redescendant et sortant de la maison pour explorer la petite maison située au même endroit (à gauche sur la photo satellite). Rien de bien extraordinaire. Des chaussures oubliées là, un caddie, des choses laissées à l’abandon un peu à la hâte mais rien d’extraordinaire.



































Et c’est donc après une petite visite d’une heure que je décide de sortir, en essayant à nouveau de trouver le bon créneau. La tâche est un peu plus difficile, vu que je suis dans une zone ne me permettant pas de voir avec précision qui arrive, et par où. Mais mes photos étant faites, je me dis que c’est pas grave si je me fais griller. Et coup de chance, en repérant un créneau favorable, je ressors sans me faire voir. M'en allant, je suis déçu par la faible qualité de cette visite, mais diablement satisfait à cause d’une chose : il n’y a rien dans cette maison, mais au moins maintenant je le sais. Ci-dessous, l'anecdote racontée dernièrement sur Facebook.

Après être sorti de la maison, des jeunes (14-16 ans) me voient faire des photos de l'exterieur de la maison, et viennent me voir.

«Eh m’sieur, vous faites des photos de la maison ?»
- Oui.
- Si vous voulez y’a un mur là-bas, aussi, à prendre en photo.
- Un mur ?
- Ouais si vous aimez les vieux trucs, haha.
- Nan merci, j’préfère la maison, en plus l’intérieur est pas mal, surtout là-haut. (Je montre la toiture cramée).
- Là haut ? Ah ouais genre vous êtes allé dedans ?
- Oui, j’en sors là.
- Vous étiez dans la maison ?!
- Oui.
- Euh, désolé mais j’vous crois pas trop, là.
- Si si, regarde. (Je montre les photos avec l’écran de l’appareil.)
- Mais vous êtes FOU, vous ! Vous êtes allé là-dedans ?!
- Oui.
Un autre jeune à coté : «Allez viens on s’en va.»
En partant j'entends : «C’est un malade le mec ! Franchement c’est un fou !»


Ci-dessous, quelques vues aériennes. La maison était déjà là en 1926, mais c'est à partir de 1950 (ci-dessous) qu'on la voit bien. Après, des vues datant de 1956, 1967, 1968 et 1983.











La première (belle) vue en couleur date de 2008, et on peut voir que e toit était encore en bon état à l'époque.



Ci-dessous, 2011. Une bâche sur le toit indique un probable incendie. La vue juste après date de 2014, et rien ne semble avoir changé sur place en trois ans.



Ci-dessous la maison en 2015 :

Ci-dessous, la maison en 2016 :

Ci-dessous, deux vues : en 2018 sur Street View, puis en 2019, année où une réhabilitation débuta.



Ci-dessous, deux photos prises le 27 Avril 2020. Confinement, donc chantier à l'arrêt...