Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.

Voici un lieu assez incroyable. Non pas par son architecture, qui ne présente rien d'exceptionnel (quand on a déjà visité des dizaines de châteaux en ruine, évidemment) ni par son histoire ou ce que j'y ai trouvé. Ce qui est un fou avec ce lieu, c'est sa localisation : en pleine ville. Et pas n'importe quelle ville : une bourgade plutôt bourgeoise, où (en principe) nulle ruine n'a sa place. Autour de cette demeure dévastée, on peut compter trois ou quatre manoirs similaires, et tous sont entretenus, actifs, habités etc. Etonnant. Si le château que je vous présente sur cette page était situé en pleine campagne, au milieu d'un bois, à l'abri des regards, on comprendrait son état. On le regretterait, évidemment, mais l'éloignement ne joue jamais en faveur des lieux complexes à réhabiliter. Ici, nous sommes en pleine ville.

Alors qu'est-ce qui fait que ce château tombe en ruines depuis la fin des années 80 sans que la ville ne fasse rien ? Mystère total. J'ai écrit à la Mairie pour obtenir des informations sur le lieu. Réponse : juste une maison bourgeoise comme tant d'autres, construite au début du XXème siècle. Certains lieux abandonnés n'ont pas d'histoire, ça arrive. Je n'ai pas insisté pour savoir si la ville comptait faire quelque chose de cette ruine. Le futur de ce lieu, déjà très abimé, est donc le suivant : s'effondrer, tout simplement. Ci-dessous, voici l'extérieur du château, quasiment invisible en été. (Note pour plus tard : revenir en hiver.)

Pénétrer à l'intérieur du château n'est pas compliqué. Quelques arbustes dissimulent l'entrée principale. Quelques marches plus loin, nous voici dans la ruine. Et elle porte bien son nom. Le sol est en morceaux, les murs tiennent par l'opération du Saint Esprit, et le plafond fait assez peur. Une réhabilitation est ici hors de propos tellement il n'y a plus rien à faire à part contempler les ravages du temps. Dans l'entrée, l'escalier principal est effondré, probablement suite à un incendie, ou aux intempéries. Il y aura forcément un escalier de service à proximité...

Un peu plus loin, toujours au rez-de-chaussée, je découvre la deuxième moitié de la bâtisse aussi ravagée que la première. Etonnement, peu de tags, du moins bien moins que ce que l'on pourrait s'attendre à trouver dans un lieu visiblement aussi visité. Le fait qu'il soit camouflé derrière autant d'arbres joue sûrement. Au sol gisent des planches, des gravats, et parfois ici et là quelques petits objets ayant survécu, comme le squelette d'une chaise dans une petite pièce assez sympathique contenant un petit escalier (en métal), menant probablement aux appartements du personnel de l'époque.

La lumière étant plutôt belle, je prends le temps de faire un autoportrait.

Juste à coté, comme prévu, je trouve l'escalier de service. Grâce à lui, je découvre le premier étage, dévasté comme le reste, mais encore pire, car le plancher du deuxième étage est effondré à plusieurs endroits. Comme pour le rez-de-chaussée, nous avons affaire à un vrai champ de bataille, avec en bonus de petits arbustes poussant à même le sol. L'escalier étant trop mal en point pour accéder au deuxième étage, je décide de descendre voir ce que la cave m'offrira.

Ca ne se voit pas trop ci-dessous, mais on marche sur environ un mètre de gravats accumulés là depuis je ne sais combien d'années.

Cette journée étant particulièrement chaude, se retrouver à la cave fait un bien fou. La différence de température est tellement grande qu'il faut même un peu fermer sa veste. A ce niveau de la ruine, un peu moins de gravats, tout est un peu moins dévasté que le reste, et ce pour une raison simple : la grande majorité des gens ont peur du noir, ou n'emmènent pas de lampe de poche pour visiter le sous-sol des lieux de ce genre. C'est ce qui fait qu'ici il y a moins de tags, moins de dégradations, et même quelques objets surgis du passé, mais aussi du présent, puisqu'il semble qu'une petite pièce ait servi de lieu de vie à un sdf. Au sol, une guirlande de Pères-Noël : a-t-elle été amenée ici par le sdf ? Ou date-t-elle de l'époque où le lieu était habité ?

Ci-dessous d'autres photos du sous-sol. Jolie surprise (rouillée), la machinerie de l'ascenseur est toujours présente. Car, oui, ce lieu avait un ascenseur !

La visite est à présent terminée. Comme je l'ai dit un peu plus haut, je n'ai absolument rien trouvé concernant l'histoire de ce lieu. Ni histoire, ni nom de propriétaire, ni cartes postales anciennes, RIEN. Ce que j'ai réussi à trouver, par contre, ce sont quelques vues aériennes qui montrent le château quand il était habité. Et là, ça fait plutôt mal quand on voit à quel point la bâtisse semblait avoir de la gueule. Ci-dessous des vues datant de 1947, 1961, 1968 et 1982. Sur la vue de 1961 on distingue un terrain de tennis, que je n'ai pas vu lors de ma visite, car il doit avoir complètement disparu sous la végétation.

Je ne sais pas ce qui a fait que ce lieu fut abandonné (décès ? problème d'héritage ?) mais il semble que le tournant ait eu lieu entre la dernière vue ci-dessus (1982) et la première ci-dessous (1986). Entre ces deux images on voit bien que la végétation a poussé au point de rendre quasiment invisible le chemin circulant autour du château.

Enfin, voici trois images datant de 2001, 2006 et 2015. Rien de particulier au niveau de l'évolution du lieu : il est de plus en plus envahi par la végétation. Si vous avez la moindre information sur ce lieu, ça m'intéresse !

Septembre 2018 : Grâce à un message de Guillaume (que je remercie chaleureusement) j'ai pu apprendre le vrai nom de ce mystérieux manoir, ainsi que son histoire. En bonus j'ai même pu collecter une photo du lieu quand il était en activité, ainsi qu'une autre où on le voit mieux à l'état de ruine. Merci beaucoup ! Ci-dessous, l'histoire du bâtiment (les noms sont volontairement réduits à des initiales) :

Ci-dessous des photos faites lors d'une nouvelle visite à l'Automne 2023 :

Ci-dessous des photos faites au drone lors de la même nouvelle visite :