Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.


Il arrive que certains endroits soient situés en pleine ville. C'est même souvent le cas en fait. C'est le cas pour cette ruine, classée Monument Historique, mais dont l'état pitoyable ne laisse aucun espoir quant à une éventuelle rénovation. Vu la proximité du lieu avec un parc, des habitations et la rue, je m'attendais à trouver un bâtiment bien plus ravagé que ce que vous allez voir sur cette page. Je pensais qu'il serait constellé de tags, qu'il n'y aurait plus de documents ni rien, et en fait, bonne surprise, il reste quand même des trucs à voir. Des trucs ravagés, certes, mais tout de même intéressants à mon sens si l'on aime retracer le passé de ces lieux oubliés. La visite début par le bâtiment qui pointe le bout de son nez à mesure que je marche dans le minuscule bois l'entourant. A peine arrivée, les tôles sur la toiture et les volets en vrac devant l'une des entrées laissent présager de la suite de la visite...






Une fois le pas de la porte passé, comme je l'imaginais, le lieu est bien en vrac. Pour autant, je m'attendais à bien plus de tags. J'ai déjà visité des endroits abandonnés en pleine ville où il n'y avait plus ni portes, ni fenêtres ni rien du tout. Le fait que ce lieu soit situé à la campagne joue sûrement.





Passé un couloir et quelques pièces, un escalier apparait. La lumière du jour est plutôt jolie, mais je résiste à la curiosité de monter au premier étage : explorons d'abord le rez-de-chaussée, et nous verrons après ce qui se passe là-haut...

Ressortant par là où je suis entré, je me dirige vers une grande salle qui devait être le salon principal. Là par contre, on peut dire que le lieu a la tête que je m'imaginais en venant : tags, dégradations, traces d'incendie... Il n'y a plus rien à sauver, et en bonus le plafond est en partie effondré, laissant passer une lumière presque divine. Ah oui, à propos de divin, il faut que je précise quelque chose : ce lieu est un ancien couvent. Reste-t-il sur place des objets qui témoignent de son passé religieux ? Les alcôves indiquent que des statues étaient installées là avant, et nous verrons d'autres objets un peu plus loin.





Juste à coté de cette grande salle brûlée, un couloir mène à une petite pièce. Evoluer dans cette partie du couvent est difficile du fait qu'il règne ici un chaos de poutres, de terre et de gravats. Me frayant un chemin, j'arrive un peu à l'explorer, faisant attention aux échardes ou aux clous rouillés : le tétanos n'est jamais bien loin dans ces lieux.







Revenant à la grande salle ravagée (avec la lumière divine venant du plafond effondré) je distingue un passage menant au reste du bâtiment, mais j'aperçois de petites arches par une des fenêtres. Sortant un court instant, je me dirige vers elles, attiré par le coté (probablement) religieux de cette partie du site. Une fois face à ces arches, difficile de dire si cet endroit était réellement à but religieux. Sous les gravats je distingue ce qui ressemble à un grand banc de pierre, mais la petite porte menant une chaufferie située en contrebas me laisse penser que cette partie du couvent n'était pas utilisée dans un but religieux. C'est juste un recoin avec des arches, quoi, enfin j'imagine. Pas loin de là, juste après une belle entrée, je découvre une ancienne cheminée (enfin ce qu'il en reste car des voleurs sont passés par là) située sous d'autres arches. Une cheminée de plein air ? Curieux.







Allez, retournons explorer le premier étage du couvent... Sauf que non, il y a une petite maison à quelques pas. Probablement l'ancienne maison du gardien ? Une fois dedans, comme pour le couvent, tout est bien en ruines, et vraiment dangereux car tout celà semble vraiment vieux, et à l'abandon depuis des années, une bonne dizaine d'années, voire plus. Un petit escalier permet d'accéder à l'étage, où restent encore quelques pièces, et surtout un grenier, dont le plancher a malheureusement disparu. Redescendant au rez-de-chaussée, je traverse les gravats du salon sans plafond et découvre une autre pièce, où traine un vieux magazine Femina ainsi que quelques traces de squat. Allez, cette fois-ci on ressort et on retourne au couvent.













Allant de la maison au bâtiment principal, je remarque une vegetation luxuriante un peu partout. Ce n'est pas une jungle, mais presque. Différence de taille avec une vraie jungle : là je suis juste à une dizaine de mètres de la civilisation. J'emprunte un chemin infesté de moustiques, de ronces, d'orties, le tout avec en fond sonore les bruits de la rue : voiture, discussion entre passants. Toujours aussi surréaliste, comme sensation. Arrivé au coin nord du couvent, je me dirige vers l'entrée principale quand mon regard est attiré par quelque chose posé contre une ancienne remise. Est-ce que ce ne serait pas... ? Oui, c'est bien une croix. Que fait-elle posée ici contre un mur ?





Me voici revenu au couvent. Passant à nouveau par la grande salle brûlée, je traverse une pièce plongée dans l'obscurité avant d'arriver à un petit hall dans lequel je remarque un autre escalier qui a l'air en bien meilleur état que celui vu au début de ma visite. C'est par ici que nous explorerons le premier étage.

Bien que très endommagé, la première partie de ce premier étage est encore praticable. Ici pas de risque de trébucher sur des gravats ou de passer à travers le plancher (ce sera pour une autre partie, plus loin). L'ensemble reste bien évidemment très dangereux car certaines pièces n'ont tout simplement plus de toiture, ou n'ont pas de plancher, comme cette pièce vu en tout début de visite, et que je contemple cette fois-ci d'en haut.







Arrivé dans la pièce qui sert de squat pour les jeunes du coin, je découvre des bancs de fortune fait avec des planches et diverses plaques de bois. De ombreuses inscriptions figurent sur le mobilier improvisé, mais rien de bien intéressant. Chose curieuse : il reste parmi ce bazar des documents datant de quand le couvent était encore habité. Je tombe ainsi sur une photocopie d'une photo d'une statue représentant un prisonnier barbare, et juste à coté, un texte sur les variations de l'art ogival. Etonnant.



Ci-dessous, d'autres photos de l'étage.





Revenant au couloir m'ayant permis d'accéder à ces pièces, je me dirige vers l'autre aile, et suis étonné de tomber sur un immense trou : le plancher s'étant effondré sur deux niveaux, nous avons sous les yeux les murs du rez-de-chaussée, du premier étage et du grenier ! L'impression de voir cet immense cratère est assez unique, presque comme si tout avait explosé. Détail intéressant : des gens ont posé des planches sur les gravats, planches qui forment une sorte de chemin permettant d'atteindre l'autre partie du bâtiment. Vraiment étrange de contempler ce grand espace vide...





Ci-dessous, d'autres chambres situées au premier étage. Pratiquement que de la dégradation naturelle, pas de tags, pas de casse : étonnant quand on sait que ces pièces sont à quelques mètres de salles complètement ravagées.









La visite de ce niveau étant finie, je me dirige vers l'escalier, puis tombe sur un flyer ayant plus de 40 ans, annonçant l'ouverture d'un Novotel à Porte de Bagnolet ! Que fait ce tract ici ? Aucune idée, mais il est encore en sacré bon état vu son âge.





La visite touche à sa fin avec la visite rapide et pas bien passionnante de l'autre partie du couvent, celle accessible via l'escalier vu en tout début de visite. Des pièces vandalisées, taguées, sans grand intérêt, qui font que je ne les ai pas prises en photo. Voici tout de même en guise de conclusion le haut de l'escalier. Au fond de l'image, la grande pièce effondrée vu un peu plus haut.




Niveau histoire, il y a des choses intéressantes à dire sur ce couvent. Fondé au XVIIème siècle, ce fut un monastère d'hommes qui reçut la visite de personnages importants de son époque, avant d'être réaménagé au XIXème siècle. Mes recherches m'ont appris qu'il fut par la suite la propriété d'une même famille pendant près de 200 ans, mais cela contredit une autre information indiquant qu'il serait toujours une propriété appartenant à l'Eglise. A la fin des années 90, la ville racheta le parc attenant au couvent et le rendit public. Une clôture fut installée entre le parc et le couvent, clôture que les jeunes du coin n'ont aucun mal à traverser comme en témoigne l'état du site... Ci-dessous une vue de 1954.

Ci-dessous une jolie vue de 1963 permettant de bien voir le couvent, et le parc situé juste à sa droite. Après cette vue, une autre, datée cette fois-ci de l'année 2000. Rien n'a vraiment changé entre ces deux vues, si ce n'est qu'on distingue la séparation (en vert) faite quand la ville racheta le parc à coté du couvent. L'espèce de zone blanche deviendra le parking.



Ci-dessous, une vue de 2006 montrant le lieu dans un triste état : on distingue bien les réparations faites sur la toiture : tôles, bâches... Tout cela ne suffira malheureusement pas. Petite curiosité : le parking à coté a changé d'allure.

Enfin, ci-dessous, deux vues, datées de 2012 et 2014, et montrant le couvent dans un état pitoyable.