Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.


Automne 2017. Depuis les fenêtres de la maison de retraite des personnes âgées nous regardent sortir de la voiture, que nous avons garé sur le parking public de l’établissement gériatrique. Peut-être pensent-elles que nous sommes venus voir de la famille ? A chaque nouvelle arrivée de voiture ça doit être pareil : qui donc est venu, et pour voir qui ?

Mais nous ne sommes pas venus voir de la famille. L’ancien sanatorium que nous sommes venus visiter se situe sur le même (vaste) terrain que la maison de retraite. Un long grillage sépare les deux institutions, mais il y aura bien un trou quelque part menant à notre objectif du jour... Bingo, une cinquantaine de mètres plus loin nous trouvons un trou pratiqué par les gens venus ici avant nous. Chose étrange : en venant ici nous n’avons vu absolument aucun panneau nous interdisant d’entrer sur le site de l’ancien sanatorium. C’est assez rare pour être signalé.

Le premier bâtiment en vue est une chapelle reconnaissable à son clocher extérieur et sa cloche toujours en place. Elle est entourée de grands arbres verdoyants. Un banc en bois est installé le long de la façade. La porte principale est entrouverte. Rapidement, nous entrons. L’intérieur est sobre dans sa décoration. Certains bancs sont renversés, d’autres non. Sur l’autel, un bouquet de fleurs en plastique et une inscription «Merci à Saint-Antoine» ont résisté au temps ou au respect des visiteurs. C’est assez touchant de voir qu’il n’y a pas un seul tag sur les murs ou d’autres dégradations irréversibles. Ci-dessous les premières photos prises lors de cette visite :



















Consultant Google Maps, je vois qu’il y a cinq bâtiments à visiter, mais, comme c’est souvent le cas avec les sanatoriums, ils sont tous basés sur le même modèle, et c’est lassant de visiter une dizaine de bâtiments exactement pareils… La lumière ayant tendance à baisser rapidement en automne, il faut faire un choix : nous n’en visiterons qu’un ou deux, et pourquoi pas un troisième si nous avons encore de la lumière. Ci-dessous, des photos prises dans le premier pavillon visité. Dans l’entrée, une petite fresque en mauvais état attire mon regard : des poussins ? Parfait pour donner un nom fictif à ce lieu. Sur une des photos ci-dessous vous verrez une personne transparente : il s’agit de Tiski ! Etant dans le champ au moment de ma photo, je me suis dit que ça serait amusant de le prendre en photo comme un fantôme (un effet fort simple à réaliser sur place).
















La visite se poursuit avec un autre pavillon dont l’entrée est fermée. Par chance, tout est grand ouvert derrière, et c’est l’occasion de découvrir que les pavillons portent tous des noms. Ainsi, les trois photos ci-dessous furent prises dans le pavillon «Les Myosotis», très mignon avec son décor stylisé d’arbres et de maisons jaune et bleu sur les murs.





Ci-dessous des photos prises dans le pavillon «Les Mimosas» :















La lumière étant encore bonne, je propose de tenter de visiter un autre pavillon, mais Tiski, parti un peu en avant, revient en courant et en disant à voix basse «Y’a une caméra, on bouge ! On bouge !» Une caméra ? Dans un lieu aussi décrépi ? Pas le temps de réfléchir, nous décampons le plus vite possible jusqu’au trou par lequel nous sommes entrés. Fin de la visite ! Ci-dessous le dessin réalisé pour le livre «Urbex Europe» :

La construction de cet ancien sanatorium fut décidée pendant la Première Guerre Mondiale pour essayer d’endiguer la montée de la tuberculose parmi les soldats. Mais ce n’est qu’en 1920 qu’il sera finalement inauguré. Conçu pour des soldats, il n’accueillera que des hommes, mais de nouveaux pavillons seront mis en service pour les femmes et les fillettes au milieu des années 20, portant la capacité d’accueil à presque 400 patients. Les sanatoriums avaient la double fonction de soin et d’isolement. On craignait la contamination, et c’est pourquoi ils étaient de vraies petites villes avec école, cinéma et chapelle (bien qu’ici il n’y ait pas de cinéma ou d’école).

Au fil des années (et de l’avancée de la médecine) le site finira par se vider de ses patients. Le dernier pavillon consacré exclusivement aux tuberculeux fermera dans les années 1980. Ci-dessous des vues aériennes prises en 1961, 2005, 2014, 2017, 2020 et 2025. On remarque qu’il y a une dizaine de pavillons en 1961, mais trois disparaissent entre 2005 et 2014, puis deux autres disparaissent par la suite.