Cette page présente un lieu démoli en 2024. Il ne sert donc à rien de chercher à le localiser.


Tout a commencé par trois photos qu’un ami m’a envoyé, accompagné d’une simple phrase : «Regarde, on a découvert cette maison par hasard, c’est dingue». Au premier abord ma réaction fut de trouver le lieu effectivement dingue, puis je me suis dit que ça ressemblait quand même drôlement à certains lieux que je vois passer sur Internet, que certains font passer pour «abandonnés» alors qu’il s’agit en fait de résidences secondaires.

Après avoir obtenu un peu plus d’informations je fus convaincu par cet ami que le lieu était bel et bien à l’abandon, et ce depuis une bonne quinzaine d’années, voire plus. Ayant prévu d’aller visiter une usine située à une trentaine de minutes de cette fameuse maison, je me dis que ça ne coutait rien d’aller voir tout ça par moi-même. Deux semaines passèrent jusqu’à ce samedi matin ensoleillé où je me mis enfin en route vers cette étrange destination. Voici le récit de cette visite.

Une fois garé pas trop loin, je me mets à marcher et après deux petites minutes me retrouve face au portail, qui est à demi ouvert. Quelqu’un est-il présent sur place ? Aucune idée. La maison étant situé en pleine ville, je me dépêche d’entrer avant que le voisinage ne me remarque. Et c’est d’ailleurs ça qui est étrange : la (vieille) bâtisse est bien en vue, donc en principe, avec son air abandonné, elle devrait être largement fouillée par les cambrioleurs, les ados du coin ou que sais-je encore. Et pourtant, d’après les photos reçues, il y a encore énormément de choses dedans. Et pas de tags ou de grosses dégradations. Curieux. C’est en pensant à tout ça que je me faufile à l’intérieur et que je commence à déplier le trépied qui va me servir à immortaliser cette curieuse maison.

La première pièce que je visite est la cuisine. Comme dans tout «bon» endroit à l’abandon, on a droit aux classiques : traces d’humidité, fissures, toiles d’araignées, mais ici, c’est le principal qui est fou : tout est encore en place. Du moins il n’y a rien qui me saute aux yeux genre «Oh, on voit qu’il manque un meuble ici», non, ici on pourrait croire que tout a été abandonné hier. Et pourtant tout est vraiment ancien, on a l’impression d’être revenu dans les années soixante-dix tellement certains objets sont vieillots, voire carrément kitch. Voici des photos de cette première pièce :









A peine le temps de passer une porte, et me voici dans le salon, dont j’avais vu une photo. Je ne m’explique pas pourquoi certains volets sont fermés et d’autres ouverts, mais cela crée une ambiance légèrement oppressante dans la partie où sont situés les trois fauteuils. Heureusement, l’autre partie du salon est plus lumineuse, et regorge d’objets aussi variés que désuets : cassettes vidéo, disques vinyles, vieux magazines, bibelots divers… Comme pour la cuisine, on a l’impression de voyager dans le passé, alors qu’en fait, en réfléchissant cinq secondes, nous sommes à priori tout simplement dans l’ancien salon d’une personne âgée. Voici des photos de cette grande pièce au milieu duquel trône… une pelle !















Après la cuisine et le salon, la pièce suivante est la salle à manger. Comme pour la pièce précédente on trouve différents objets (franchement datés) mais surtout, une table, des chaises, un buffet, en fait c’est vraiment fou mais il y a tout, y compris un plancher en très mauvais état qui couine si on marche au mauvais endroit. C’est dans cette pièce que je m’arrête un moment pour réfléchir et me dire que c’est quand même incroyable que rien ne soit plus détérioré que ça alors que nous sommes tout de même en pleine ville. Et que la maison est très accessible. Et que je suis dedans et que j’ai la chance de pouvoir y faire des photos en toute tranquillité. Voici des photos de la salle à manger :















Il est rare que je visite des lieux aussi remplis d’objets, et c’est avec une certaine excitation (inutile de le cacher) que je découvre la salle de bain, pièce de la maison où il ne reste pas tant d’objets que ça comparé au autres pièces, mais où l’ambiance est incroyable avec cette lumière verdâtre due à la végétation poussant devant la fenêtre. Le fait que des feuilles mortes soient entrées dans la maison et traînent un peu partout (surtout dans le lavabo) donnent un beau cachet de mélancolie. Sur un des murs, je distingue une vieille photo d’un lieu de villégiature en montagne. Si vous reconnaissez le lieu, n’hésitez pas à me le signaler.





L'hôtel ci-dessous semble être l'Hôtel Bellier à Val d'Isère, merci Adrien !





Après avoir visité la cuisine, le salon, la salle et la manger et la salle de bain, j’arrive aux chambres. Et ici, le spectacle est encore plus impressionnant que dans les autres pièces, car il y a vraiment une quantité d’objets qui donne le tournis. Je dis souvent que je n’aime pas les lieux où il y a trop de choses car on ne sait plus trop quoi prendre en photo. Je dois avouer que de temps en temps, éprouver cette sensation n’est pas déplaisante car il se produit ici un véritable voyage dans le passé. Qui a vécu ici ? D’où viennent ces objets ? Pourquoi sont-ils encore tous ici ? Voici les questions que je me pose en visitant la première de ces chambres.





Ci-dessous, la seconde chambre :



La troisième et dernière chambre est incroyable, et le fait qu’il y ait peu de lumière dedans joue énormément sur l’ambiance. Et si j’ouvrais les volets ? Ce serait mieux pour les photos, mais… Mais on pourrait me repérer. Non, je ne touche ni aux volets, ni au lit, ni au mobilier, ni à rien. J’évolue très lentement en essayant de ne rien toucher ou casser. Cette chambre possède une atmosphère particulière, on sent vraiment le poids des années à chaque endroit. Une petite porte donne sur un réduit encombré de livres, de disques et de vêtements divers. De toute évidence, si décès il y a eut, personne n’est venu ici pour ranger quoique ce soit.

















Me posant deux minutes pour réaliser que je suis dans un lieu assez incroyable en termes d’exploration urbaine, je me demande pourquoi il y a encore tout ça sur place. Une histoire de décès et personne n’est venu ranger ? Y’a-t-il seulement des héritiers ? La ville a-t-elle un projet immobilier de prévu sur le terrain ? La maison est-elle en vente ? Me posant ces questions, j’ai alors un petit flash : je me souviens avoir vu un escalier dans une des chambres. Un escalier menant à l’obligatoire grenier que l’on trouve très souvent dans les maisons abandonnées. Et ce que j’y trouve après avoir gravi une dizaine de marches grinçantes est tout simplement fou.

Si les autres pièces de la maison étaient remplies d’objets, ici c’est encore pire. On marche littéralement sur des vieux magazines, des journaux, des tableaux, des cartons… J’avais déjà vécu ça dans une autre maison mais là c’est un peu différent : tout est plus étouffant : trop d’objets, chaleur extérieure, être sous les combles… Il me faut ôter ma veste et faire mes photos en t-shirt tellement l’ambiance est étouffante. Laissant ma veste, je ne peux m’empêcher de sursauter en sentant mes bras nus effleurer les toiles d’araignées, mais je me sens aussi privilégié de pouvoir immortaliser un lieu aussi «beau dans son état d’abandon» en admirant les bibelots installés sur les poutres. Je vous laisse juger :





































Même en t-shirt, la chaleur sous les combles est insupportable. Je décide de ranger tout mon matériel puis de revenir au rez-de-chaussée. Là, me posant un instant dans un des fauteuils du salon, je fais le point sur ce que je viens de visiter. J’essaye de me souvenir à quand remonte la dernière fois que j’ai visité un lieu aussi «rempli»… Il y a la «Maison Bagheera» visitée en 2019, et avant ça le «Manoir Cobblepot» en 2018 (qui a depuis été racheté et réhabilité), puis encore avant ça la «Maison Toildaraignix» en 2017.

De biens curieux lieux à explorer, où le temps s’est arrêté, où l’ambiance est particulière… Pas mon genre de lieu préféré ceci dit, car la sensation d’être «chez quelqu’un» est vraiment gênante. Pour autant, je ne peux renier le fait que j’apprécie visiter ces lieux pleins de silence, un silence ponctué par le chant des oiseaux au dehors, les voitures passant à proximité ou les cris des enfants rentrant de l’école, heureux et insouciants, alors que moi je suis là comme un idiot à jouer à me faire peur en pleine journée.




Epilogue : la maison présentée ici (et aujourd'hui démolie) était la partie "habitation" d'un ancien atelier de tôlerie. Le lieu étant très rempli d'objets, documents et autres traces de vies, j'ai scindé cette visite en deux parties : "habitation" et "atelier". Pour une page générale sur ce lieu, cliquez ici ou sur la photo ci-dessous.