Voici un lieu insolite que je n’avais jamais pensé à visiter. De quoi s’agit-il ? De l’ancienne voie d'essai de l'Aérotrain d'Orléans. Construite en 1968, longue de 18 kilomètres et située entre Saran et Ruan (Loiret), cette immense construction fut conçue pour faire circuler les aérotrains réalisés par l'ingénieur français Jean Bertin. Un des aérotrains y réalisa un record mondial de vitesse le 5 Mars 1974 en atteignant la vitesse de 430.4 km/h. Prévue pour s'inscrire dans un futur axe Paris-Orléans, la voie fut désaffectée en 1977 et ne fut jamais réhabilitée ou démolie. Elle reste là en plein milieu des champs comme un vestige. Lors de ma visite le samedi 21 Aout avec Cafarnaom, nous avons constaté que le lieu était entretenu. C’est quoi l’aérotrain ? Direction les années 60 via Wikipédia : «L’Aérotrain est un véhicule se déplaçant sur un coussin d'air, et guidé par une voie spéciale en forme de T inversé, formant par nécessité un site propre. Son principe de fonctionnement emprunte aussi à la technique du monorail. C’est une invention française, due à l'ingénieur Jean Bertin, qui n’a cependant jamais connu d’exploitation commerciale. Le nom «Aérotrain» est une marque utilisée comme nom en France, déposée initialement par la société de l'Aérotrain le 13 Juillet 1962.» Ci-dessous, des photos de différents aérotrains : |
En France, ce projet a temporairement bénéficié de l’appui des pouvoirs publics, notamment du Comité interministériel à l'Aménagement du Territoire (CIAT) qui l’avait retenu en 1967 dans la perspective d’assurer des dessertes de voyageurs sur des distances allant de 100 à 500 km à des vitesses de 250 à 300 km/h, caractéristiques qui en font le précurseur du TGV. Il peut être propulsé par une hélice (moteur d'aviation), une turbine, un turboréacteur ou un moteur électrique linéaire, et est supporté par un coussin d'air, ce qui lui permet de se déplacer sans contact avec la voie, et donc sans frottement avec cette dernière. Ci-dessous, le principe de sustentation de l'Aérotrain : |
Malgré le vif intérêt pour cette nouvelle technologie qui suscita l'engouement d'une vingtaine de pays dont les États-Unis, le projet fut finalement abandonné en 1974 en faveur du TGV, capable de vitesses équivalentes, pouvant utiliser, à des vitesses plus faibles, le réseau ferroviaire existant et utilisant de l’électricité plutôt que des hydrocarbures. Jamais démolie, la voie d’essai reste là comme un témoignage de cette histoire. Pour connaitre l’histoire de l’aérotrain plus en détails, je vous invite à consulter la page Wikipédia. |
En ce qui me concerne je connaissais vaguement l’histoire de l’aérotrain. J’avais souvent vu celui situé au milieu d’un rond-point à Gometz-la-Ville (photo ci-dessus), mais sans chercher à mieux connaitre son histoire. C’est suite à une proposition de Cafarnaom (qui connaissait bien l’aérotrain pour être souvent passé devant en train en allant de Paris à Orléans) que je pus découvrir de mes yeux cette étrange monorail longiligne de béton situé au beau milieu des champs. Après une petite heure de route, nous avons découvert la plate-forme nord située à Ruan, et attendu la nuit pour y faire des photos avec le drone. Voici une photo du site en question, et juste après, les photos faites par Cafarnaom : |
Le lendemain, nous sommes allés voir la gare centrale située à Chevilly. C’est vraiment étrange de se dire que toute cette structure date de 1968, et est toujours là. Pour la petite information, du nord au sud il y a environ 900 piliers, chacun hauts de 10 mètres, et espacés de 20 mètres les uns des autres. La perspective vaut vraiment le coup d’œil. Les piliers étaient fabriqués directement sur place via une usine de préfabrication située juste à côté de la gare centrale. En discutant, nous nous demandions pourquoi tout cela était toujours en place, et la conclusion (qui vaut ce qu’elle vaut) est que tout cela serait bien trop cher (et contraignant) à démolir alors que ça tient depuis 1968. Alors pourquoi s’embêter à démolir ? Sur place nous avons vus que le site était entretenu, signe que ces vestiges ont une certaine valeur patrimoniale. Une étude de 2016 estime «que l'ouvrage peut être valorisé comme musée ou comme attraction. Toujours selon cette étude, la voie et ses piles sont bien conservées, grâce à la qualité du béton employé, et seules les trois plates-formes (clôturées et inaccessibles) se sont dégradées.» Ci-dessous des photos faites avec mon smartphone. |
Ci-dessous, des photos faites au drone : |
Ci-dessous des vues aériennes. Sur la première (1968) on aperçoit l’usine de préfabrication où étaient fabriqués les piliers. Un grand merci à Cafarnaom pour m’avoir proposé de découvrir ce lieu insolite ! |
Pour aller plus loin, Boreally a fait une très belle série de photos sur place en 2006 et 2007, cliquez ici ou sur l’image ci-dessous pour les voir. |
Edouard Bergé y a fait également des photos en 1999, vous pouvez les voir en cliquant ici ou sur l’image ci-dessous. |