Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.

Après avoir arpenté un long chemin, me voilà en vue de la demeure. Mon contact m'a dit de faire très attention car la bâtisse est située juste à coté d'une maison habitée, le moindre bruit est donc formellement interdit. Ma visite se passant en automne, c'est avec beaucoup de précautions que j'essaye de marcher sur les feuilles les moins croustillantes en pénétrant dans l'enceinte de la grande et belle maison.




Après être assez descendu un peu en contrebas d'une pente pour être complètement invisible au cas où quelqu'un passerait, je sors mes affaires rapidement pour (au moins) emporter avec moi un petit souvenir en cas de mauvaise rencontre. Désireux de prendre le temps de me promener, je fais un peu le tour de la maison et découvre une très belle serre dont l'état d'abandon semble remonter à une bonne dizaine d'années (si ce n'est plus).









On se dirige vers la maison ? Allez, c'est parti. Je parcours une dizaine de mètres en essayant (encore) de ne pas trop faire de bruit sur toutes ces feuilles mortes, puis arrive en vue d'un accès. La porte est grande ouverte, de nombreux objets trainent un peu partout dehors, en particulier un paquet de vieux journaux ficelés qui me rappelle très fortement l'histoire des Frères Collyer.



La cave se visite assez rapidement, et à ce niveau je constate qu'il y a déjà beaucoup d'objets qui trainent un peu partout. Des objets qui ont l'air assez vieux, mais comme on est dans une cave, c'est peut-être pour ça, il y aura probablement des choses plus récentes en haut. S'il n'y en a pas, cela voudra dire que la maison est abandonnée depuis un bon bout de temps.

Après avoir monté tout doucement quelques marches, j'arrive dans la cuisine. Pourquoi est-ce que je monte très doucement? Car vu l'état de la cave, je me dis que le reste est sûrement à l'avenant, encore en bon état, peut-être un peu propre, du coup la maison pourrait très bien être squattée, et je pourrais être mis dehors comme cela m'est arrivé une fois. J'avance donc à pas de loup, guettant le moindre bruit, la moindre chose qui pourrait m'indiquer que je dois prendre mes jambes à mon cou...

Je découvre alors une cuisine où s'entassent divers objets, certains n'ayant rien à faire là (en principe) comme une valise, des cartons, des boites... Pourquoi est-ce que tout est accumulé ici ? Aucune idée. J'avance très lentement, regardant de temps en temps par la fenêtre, tendant l'oreille vers la cave (quelqu'un pourrait très bien être entré derrière moi), scrutant l'entrebâillement de la porte menant au couloir principal� Vraiment l'ambiance est assez étrange. Pas malsaine, mais j'ai un peu les chocottes car dans ma tête je n'arrête pas de me dire «Il y a des tonnes de trucs dans cette maison, c'est trop bizarre de se promener là-dedans, quelqu'un est sorti faire une course et va forcément revenir.»



Quelle(s) portent ouvrent ces clés ? Aucune idée, je n'ai pas osé les toucher.







Empruntant un petit couloir, je passe devant la porte d'entrée et arrive directement dans une grande pièce à demi dans l'obscurité du fait des volets fermés. Quelques rares traits de lumière permettent cependant d'y voir clair et d'observer ce qui reste sur place, à commencer par un tas de livres au sol. La bibliothèque vide juste derrière indique que des gens ont jeté tous ces bouquins par terre. Quel intérêt ? Un tapis recouvre une partie du tas, dérisoire protection.



A coté des pauvres livres je découvre un joli piano que je n'ose pas toucher de peur de provoquer un son qui pourrait être entendu depuis la maison voisine. Sur le bel instrument trône une photo. Est-ce l'ancien propriétaire quand il était jeune ? Est-il toujours vivant ? Le livre juste derrière la photo traite du Pape Adrien II, et la disposition du portrait sur le livre est très probablement une mise en scène d'explorateurs passés là avant moi.







La pièce mitoyenne est plus petite, et également encombrée d'objets comme la cuisine. Il y a tellement de choses dedans (meubles, fauteuils) que je ne sais pas trop quoi regarder, on pourrait presque passer trente minutes dans chaque pièce, et ce jour-là je n'en ai pas le temps d'ouvrir chaque tiroir pour voir si je ne vais pas tomber sur un trésor ou un indice me permettant d'en savoir plus sur les anciens occupants.

Mes pas me mènent vers un petit escalier me permettant d'accéder au premier étage. Gravissant les grinçantes marches, je constate qu'elles sont noircies. Au fur et à mesure de l'ascension je vois qu'un incendie a ravagé deux pièces du premier étage où il ne reste (littéralement) rien. La fumée ayant faite son oeuvre, toutes les autres pièces sont noircies et il faut faire très attention à ne pas se coller aux murs sous peine d'avoir un look de ramoneur deux secondes plus tard. Le fait que seules deux pièces (et un couloir) aient été ravagées permet d'imaginer que les pompiers sont intervenus très rapidement sinon c'est toute la maison qui serait dans cet état.







Ci-dessous, la salle de bain. Une pièce bien en bazar comme les autres, avec vraiment pas mal de trucs au sol, jetés un peu par tout. Vandalisme ? Probablement, mais aussi du vol. La baignoire est encore magnifique avec cette mosaïque bleue et dorée qui me rappelle le Manoir aux Papillons Bleus.

















Plus loin, d'autres pièces méritent une petite visite car elles contiennent elles aussi beaucoup d'objets, même si la fumée les a noircis. Livres, meubles, documents personnels, là encore on est submergé par tout ce qui reste, et un certaine frustration se fait sentir : fouiller tout ça prendrait une bonne journée ! Alors le regard passe rapidement d'objets en objets, on sait qu'on va rater des choses mais on n'a pas le courage de fouiner dans tout ce bazar. Cependant, au détour d'un regard, un vieux calendrier «Art Nouveau» retient mon attention malgré son état déplorable.









Direction le deuxième étage. Sera-t-il dans le même état ? Tout sera-t-il aussi ruiné ? Je me pose ces questions en montant des marches encore plus craignos que celles menant au premier étage (voir photo ci-dessous).

Surprise, le deuxième étage est presque en parfait état comparé au premier ! Tout est évidemment en désorde, y'a eu de la grosse fouille, du vol et de la dégradation, mais les objets présents ne sont pas dans un sale état, ce qui fait plaisir. La fumée semble avoir parcouru le couloir de cet étage et être directement sortie par le toit (qui est en partie cramé) sans investir les pièces. Je découvre alors une deuxième salle de bain, plus petite et plus moderne que celle du premier : sauna et bain à remous, ça devait être pas mal à l'époque.





Le clou de cette visite est la pièce située juste à coté : une petite bibliothèque miraculeusement préservée des flammes, et dans laquelle on trouve plus de cent livres encore en bon état, mais également des cahiers, des carnets, des documents... Si je devais retourner dans cette maison je pense que ce serait la pièce où je serais prêt à passer deux heures pour en savoir plus sur les anciens occupants.



Une cassette audio est posée sur un des meubles. «Heavenly Creations» d'un certain Sal Rachele, dont le site est un régal visuel que je vous recommande ici.

Juste à coté de cette cassette, le vent fait danser les pages d'un livre. Heureusement pour moi, les pages ne s'arrêtent pas sur un portrait d'enfant me faisant un clin d'oeil avant de se remplir de sang ("Clin d'oeil !").







Après avoir un peu exploré cette bibliothèque, je termine ma visite en regardant vite fait les autres pièces aperçues durant mon trajet vers la bibliothèque. Encombrées elles aussi de meubles, de jouets (etc) elles ne présentent pas un grand interêt.

Je ne m'attarde pas trop, sauf à un moment précis où on regard se bloque face à ce que je vois à environ deux mètres de moi : caché derrière un rideau et m'observant de ses yeux méfiants, un petit chat timide m'observe. J'ai à peine le temps de prendre une photo qu'il bondit vers la fenêtre et se sauve. Regardant dans mon appareil la tête de la photo que j'ai à peine eu le temps de cadrer :

Plutôt content de mon cliché, je quitte la maison et rentre chez moi sans savoir que le cliché du chat est le dernier que je pourrais faire dans cette maison, un contact m'informant qu'elle est désormais condamnée. Mise à jour Mai 2019 : la maison a été rasée. Merci à Meganums pour les deux photos ci-dessous.