Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.

Des fois, sur Google Maps, on cherche un accès pour visiter un lieu abandonné. On tourne autour, on zoome avant, on zoome arrière, et dans un coin de l’écran, l’œil est attiré par quelque chose de bizarre. On regarde ça de plus près, et on trouve rien de moins qu’un deuxième lieu abandonné pas loin du premier qu’on inspectait. Et c’est ainsi que le jour où on se décide à aller visiter le premier lieu, on peut visiter deux spots dans la même journée. Ci-dessous, une vue du site.



Après avoir marché une bonne dizaine de minutes le long d’un chemin presque invisible (et où poussent des arbustes, des plantes etc), on arrive à un grillage très facile à passer, puisqu’on a juste à le lever un peu pour passer dessous. Et ça y est, après une dizaine de mètres se dessinent les silhouettes des premiers bâtiments. Le lieu étant assez reculé, de la ville - voire même du village où il est situé - on a presque l’impression d’être les premiers à visiter un lieu abandonné il y a je ne sais combien de temps. Ne voir aucun tag, aucune dégradation (à part les dégradations naturelles liées aux éléments, vent, pluie etc) procure vraiment un sentiment incroyable.





Ci-dessous, des affiches bien old-school encore sur place. Voir ces témoignages du passé en aussi bon état est assez fou, si le lieu était plus connu ces affiches seraient probablement taguées ou arrachées.





La visite continue avec d’autres entrepôts et ateliers assez vides, mais comportant des éléments intéressants qui renseignent sur la fonction passée du lieu.



















Un lierre a entrepris de coloniser une grande salle. (Y’a du boulot.)



Nous arrivons à une zone comportant encore de grandes et belles machines, probablement trop grosses pour être emmenées lorsque le site fut fermé. Pour les amoureux de vieux boulons et bidons rouillés, le spectacle est fabuleux, avec en particulier une vieille horloge (qui semble être une pointeuse ?) encore très bien conservée. Midi et deux minutes ? Minuit et deux minutes ?





Ci-dessous, des documents en vrac éparpillés dans un des bâtiments. Pour les archéologues en herbe, il y a là de quoi passer une bonne heure à éplucher de la paperasse qui sent bon le grenier… Vu les nombreux trous dans les toitures, il est étonnant que tout cela ne soit pas complètement pourri.













Je vais me répéter mais c’est asse rare de ressentir l’impression d’être le premier à visiter un lieu oublié, et c’est souvent le cas dans certaines pièces du site. Ci-dessous, une pièce toute simple, mais qui dégage cette sensation unique.





La visite se poursuit avec d’autres pièces tout aussi sympathiques et bien achalandées. Le fait qu’il y ait au moins une bonne quinzaine de bâtiments à visiter (même si ils sont tous de plein pied, sans étages) et que les arbres aient poussé un peu partout donne une impression assez cool de ne pas pouvoir appréhender la globalité du lieu en un clin d’œil. On passe d’un bâtiment à un autre et on en découvre au hasard d’autres derrière des arbres…















Nous arrivons alors à la fin de la visite en apercevant l’entrée principale au loin. Avançant comme depuis le début (à la cool) nous sommes surpris de voir un homme à une dizaine de mètres de nous, en train de parler sur son téléphone portable. Cela n’indique rien de bon. Il n’a pas l’air commode et nous aperçoit. Nous nous avançons vers lui, et après avoir passé la traditionnelle étape de «Vous n’avez rien à faire ici, c’est une propriété privée, allez, dehors.» nous sortons du lieu par la grande porte, qui du coup nous est ouverte.

En nous en allant, nous passons devant quatre ou cinq bâtiments que ne nous ne pourrons pas explorer cette fois, et probablement pas la prochaine fois non plus : l’homme qui nous a surpris (et qui était au téléphone avec le propriétaire) semble vivre ici et gardienner le site. Une information qui explique la «propreté» des lieux : très peu de gens doivent le visiter.



Marchant paisiblement vers la voiture, nous croisons un homme promenant ses deux chiens, un petit assez mignon et un plus grand, mais qui n'a pas l'air méchant. Au moment de nous croiser, l’homme nous lance en souriant «C’est vous les photographes ?» d’une voix qui fait très «Allez les p’tits cons, rentrez chez vous.» Nous réponds par l’affirmative, et sommes surpris en voyant l’homme continuer son chemin comme si de rien était en nous disant pour finir que si on veut visiter, faut faire une demande. Je lui demande si il a un numéro pour le contacter. Réponse sèche : «Non, là j’suis en week-end.» Tout ça en continuant de marcher.

Nous nous dirigeons vers la voiture, et c’est sur une impression de grande chance (site impeccable, assez beau, jolies machines encore présentes, on se fait griller par un gardien pas chiant, propriétaire qui a l’air de s’en taper) que nous rentrons… Ci-dessous, la vue aérienne la plus ancienne que j’ai pu trouver. Nous sommes en 1949 et le site existe déjà. Rien qu’avec cette première vue, on peut apprécier la taille du site, qui est bien grand : une bonne vingtaine de bâtiments.




Ci-dessous, 1957. Rien de spécial sur cette image.



Cette vue de 1969 est magnifique, on voit vraiment pas mal de choses. L’espèce de grand accent circonflexe qu’on voit au milieu à gauche est en fait une cheminée en briques rouges. La cheminée est la partie de gauche de l’accent, la partie droite est son ombre. Juste après cette image, une vue aerienne de 1976, presque identique.





Ci-dessous, 1991, 1999, puis 2003. Par rapport aux vues précédentes on ne voit pas de voitures ou camions. Le lieu a apparemment fermé aux alentours de 1991.







Enfin, nous voilà en 2015, et le lieu est abandonné et complètement envahi par la végétation. La visite doit être sympathique en hiver, on doit un peu mieux voir ce qu’on a visité, ce qu’il reste à visiter etc. Un grand merci au gardien qui n’a pas été chiant, et au propriétaire qui ne s’est même pas arrêté en nous croisant.



Ajout : Ispahan a visité ce lieu avant moi et y a fait quatre photos. Parmi les quatre, on voit un labo : peut-être la partie que je n’ai pas pu explorer pour cause de gardien ? Cliquez ici ou sur l’image ci-dessous pour voir ça. Merci Ispahan !