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Cette visite date du 14 Janvier 2017. Les images satellites m'indiquant que j'allais visiter une ferme tout ce qu'il y a de plus banale, je ne m'attendais pas à trouver grand-chose de spectaculaire ou d'insolite, juste deux ou trois bâtiments et c'est tout. Et probablement fermés. Mais, comme d'habitude, qui sait, peut-être que la visite en valait la peine ?

Une fois sur place, entrer par le portail principal était impossible (barbelés partout). Seule solution : longer un haut mur en espérant trouver un accès. Après quelques minutes de marche, la chance me sourit : le mur s'arrête et devient un grillage. Quelques dizaines de pas plus tard, autre coup de chance : un trou. Pas un trou pratiqué avec des tenailles ou autre, juste le bas du grillage déjà soulevé. Après m'être faufilé dessous je me promène dans un petit bois tout ce qu'il y a de plus agréable.

Un chemin apparait alors, me menant à de petites installations destinées à des animaux. Le lieu vers lequel je me dirige semble abandonné, mais ce qu'il y a autour ne l'est apparemment pas et sert à des éleveurs. Si je me fais attraper dans cette zone, ce sera donc à priori moins pire que dans la ferme, mais étant pas mal à découvert j'accélère quand même un peu, et je me dis que j'ai de la chance que les animaux ne soient pas dehors aujourd'hui.

Au bout d'un chemin, après avoir traversé un mur, j'aperçois plusieurs panneaux «Zone de Chasse». Le jour de cette visite, pas de chasseurs à l'horizon, du moins aucuns coups de feu. J'avance lentement et prudemment dans les feuilles mortes en regardant souvent à gauche, à droite, derrière moi...

Après être passé par des sentiers récemment empruntés, je tombe sur un autre panneau, un panneau cette fois-ci bien plus explicite que les «Zone de Chasse» croisés un peu avant. Jugez plutôt :

Ok. Est-ce du bluff ? Vu les panneaux liés à la chasse vus avant, je pense que non. Et plutôt que d'imaginer de quelles sortes de pièges il s'agit je continue vers la ferme dont je commence à apercevoir la silhouette derrière les arbres. Je fais bien attention à rester sur le chemin. Je suis très à découvert en passant par là mais je préfère être à découvert et me faire griller que de chercher un passage dans la forêt et sauter sur une mine anti-ours.

Quelques instants plus tard, nouveau coup de chance : je tombe sur un autre trou dans le grillage, cette fois-ci probablement pratiqué par un sanglier, des poils drus et sombres étant encore accrochés dessus. Sans perdre une seconde je me faufile et marche lentement vers le grand corps de ferme que j'aperçois très légèrement au loin. Le chemin que j'emprunte alors est plutôt curieux : de très nombreuses plaques brisées jonchent le sol, créant un paysage insolite. Pour autant, je reste méfiant : l'aspect improbable du chemin ne signifie pas que personne ne l'emprunte.

Une minute plus tard, me voici sur place. La ferme est à une dizaine de mètres de moi, et, bonne surprise, c'est visuellement bien plus beau que ce que j'imaginais. Je prends le temps de faire le tour du périmètre afin de vérifier que le lieu est bel et bien abandonné. Apparemment c'est le cas, mais quelque chose ne me rassure pas du tout : pas de tag, pas de dégradations, rien. C'est presque comme si j'étais le premier à venir depuis l'abandon. Abandon ? Peut-être qu'en fait le lieu n'est tout simplement pas abandonné, et que je vais me faire surprendre par des chiens, une alarme ou un gardien.

Au lieu de cela, rien. Je fais deux fois le tour de la ferme, et rien. Aucune barrière, aucune alarme, aucun dispositif éveillant ma méfiance. Et pourtant il règne ici une ambiance étrange, presque malsaine, que je dissipe en me disant que c'est juste lié aux étapes par lesquelles j'ai du passer pour arriver là. Et aussi à la météo automnale tout ce qu'il y a de plus déprimante le jour de cette visite. Mes craintes s'évanouissant peu à peu, je prends alors plaisir à contempler l'architecture insolite de cette ferme, que j'imaginais banale, et qui est en fait, pardon du peu, unique ! Regardez-moi cette fausse façade moyenâgeuse, ça a de la gueule non ?

"Come inside, come inside..."

Une fois dans l'enceinte de la ferme, tout est accessible, et malgré le fait que les pièces soient entièrement vides, il y a de jolis points de vue qui me font oublier le temps de quelques clichés le fait que je ne me sens pas complètement tranquille. Un scenario classique semble se dessiner : le lieu fut un temps en rénovation, et le chantier s'arrêta, très probablement faute de moyens comme dans bien des cas.

Ci-dessous des photos de l'exterieur.

Après avoir visité de fond en comble le lieu, je suis très étonné de ne rien trouver aucun indice pouvant me renseigner sur le pourquoi du comment de cet «apparent» abandon. Je passe quelques minutes à regarder dans les recoins de chaque pièce, et au bout d'un moment, surprise, je tombe sur un bureau en fer bien rouillé. Ouvrant un tiroir, je tombe enfin sur quelque chose : un reste de plan, déchiré et en mauvais état. Il concerne le bâtiment le plus récent. Pas de date, pas de nom, rien. C'est la seule et unique chose que j'ai pu trouver concernant l'ancienne «vie» du lieu. Niveau historique, rien de bien extraordinaire non plus. La visite étant terminée, je fais tout le chemin en sens inverse, cette fois-ci complètement détendu, sachant à quoi m'attendre le long du chemin me menant à la sortie...

Ci-dessous, le lieu en été (2018) :

Ci-dessous, le lieu en 2003, semblant habité.

Ci-dessous, des vues aériennes allant de 2014 à 2019, période à laquelle le lieu est à l'abandon.

Enfin, une photo réjouissante datant de 2020 : le lieu est de nouveau vivant !

Ci-dessous, une superbe photo de Tiski (Instagram / Facebook) faite en 2019. Merci à lui !