Si il y a un truc que je ne fais plus depuis des années, c’est lire des critiques de films ou regarder des bandes annonces avant d’aller voir un film. La raison ? En lisant une critique, on part avec une idée préconçue : je n’aime pas ça. J’aime bien que la surprise soit totale, quitte à être déçu. Pourquoi ne plus regarder les bandes annonces ? Parce que dans 90% des cas (attention, je ne vais rien dire de surprenant) on voit 45 minutes du film : «Voici tel personnage, dans sa vie il fait ceci, dans sa vie tel évènement va survenir, et donc pour s'en sortir il va devoir… » Trop cool, la moitié du film est spoilée, ce sera sans moi.

Si il est très simple de ne pas regarder une bande annonce chez soi, c’est un peu plus compliqué au ciné, du coup, oui, j’en vois quelques unes, et je le regrette. Tout ça pour vous dire que ma critique (sans spoilers) sera très courte, assez courte pour vous donner envie d’aller voir le film (et avoir vos retours) mais sans trop vous influencer. Voilà cette courte critique sans spoilers :

Vous aimez Blair Witch ? Vous aimez The Descent ? Vous aimez les Catacombes de Paris ? Alors vous risquez de bien aimer ce film. Attention toutefois à ne pas être trop exigent, «Catacombes» souffre de pas mal de défauts qui font qu’une fois sorti de la salle on éprouve une vilaine sensation de gâchis que je résumerais en une seule phrase : «Dommage, ça partait vraiment bien...» Mais allez le voir quand même par vous-mêmes ! Le fait de vous dire ça devrait faire en sorte que vous trouverez le film moins gâché que ce que je dis ? Une fois que vous aurez vu le film, rendez-vous après l’affiche ci-dessous pour une longue critique.


NE PAS LIRE CE QUI SUIT SOUS L’AFFICHE SI VOUS VOULEZ ETRE SURPRIS !




.
Avant toute chose, je tiens à dire que cette critique n’est pas très objective. Ce film souffre de plein de défauts mais je n’arrive pas à me dire qu’il est foiré. Parce que pratiquant l’exploration urbaine depuis longtemps, ayant vu (et adoré) The Blair Witch Project à sa sortie, aimant le lieu où se déroule Catacombes, j’étais déjà à moitié conquis.

Imaginez que vous grandissez à coté d’une maison abandonnée que vous connaissez depuis vingt ans, que vous avez visité trois ou quatre fois, et qu’un beau jour on vous dise qu’un film vient d’y être tourné : même si le film est nul, vous avez quand même envie de voir ce que ça donne, le film résonne en vous sentimentalement, vous savez où il a été tourné : impossible de passer à coté de ça si on est un peu curieux. C’est dans cet état d’esprit que je suis allé voir Catacombes : pas grave si c’est raté, ça se passe dans les catacombes (pour de vrai) et cette experience est aussi sympa que lorsque l'on découvre qu’un manoir qu’on a visité a servi de lieu de tournage pour un film d’épouvante dans les années soixante-dix.



Le résumé du film selon Wikipédia : «Scarlet Marlow est une étudiante en archéologie urbaine. Elle maîtrise quatre langues vivantes et deux langues mortes, mais ne maîtrise cependant pas l'araméen, la langue dans laquelle est écrit un texte permettant de trouver la pierre philosophale, une pierre pouvant offrir l'immortalité, et va donc faire appel a son ami George. Après avoir découvert un texte sur la stèle de Nicolas Flamel dans un musée, ils découvrent que sous sa tombe se trouve la pierre philosophale. Mais, ils découvrent que la pierre alchimique se trouve sur la carte des catacombes de Paris. Pour cela, ils ont besoin d'aller dans les catacombes sous Paris, et demandent alors l'aide de Papillon, connaisseur des catacombes…»


Le début du film rappelle Da Vinci Code, mais filmé à la Blair Witch. Le tout est plutôt sympathique mis à part quelques défauts que l’on retrouve toujours dans ce genre de film : Scarlet est bien trop insouciante alors que ce qu’elle recherche a rendu fou son père qui s’est par la suite suicidé (elle en a même une vision au début du film). Ne devrait-elle pas être plus précautionneuse ? Moins enthousiaste ? On repense alors à d’autres personnages du même type à qui il arrive des bricoles, et quand les bricoles arrivent, impossible d’avoir un peu de compassion, on ne peut que penser «Ah bah oui mais fallait être un peu plus prudent, poulette, ça te vient d’où cette idée de courir dans des tunnels étroits ?»

Le personnage de George, que l’on découvre en train de réparer la cloche d’une église (clin d’œil évident aux Untergunther qui ont réparé clandestinement l’horloge du Panthéon) est intéressant. La manière dont il refuse d’accompagner Scarlet puis accepte aussitôt quand elle lui dit de quoi il retourne est un peu facile, on a déjà vu mille films du style «Non, je ne viendrais pas. Bon ok finalement je viens.» Ceci dit, détail important, il veut bien accompagner Scarlet jusqu’à l’entrée des catacombes, mais pas plus, ayant perdu son frère dans une grotte quand il était petit. Le mec traumatisé, tout ça, oui on se doute bien qu'il va quand même y aller.

Le cameraman Benji est quant à lui un personnage plutôt sympathique. On ne le voit pas trop au début (vu qu’il est derrière la caméra) mais ça change par la suite et c’est heureux car c’est (je trouve) un personnage assez sobre auquel on peut s’identifier, un des rares à vouloir rebrousser chemin, et également un peu claustrophobe (la scène où il est coincé est très réussie à ce sujet).




A la suite de petites scènes à la Da Vince Code, notre trio décide alors d’entrer dans les catacombes (non officielles) et va faire un tour dans les catacombes (officielles, de Denfert Rochereau) pour vérifier quelque chose par rapport à leur carte. Au détour d’un chemin, le trio tombe un jeune homme, assis contre un pilier, occupé à dessiner. Il leur donne le nom d’une personne («Papillon») à même de les aider à entrer. Le temps d’un mouvement de caméra, le type a disparu… On reverra cette personne (j'ai l'impression que c'est la même sinon je ne vois pas pourquoi un inconnu dirait comment faire pour entrer dans les catacombes non-officielles) un peu plus loin dans le film. Sa présence dans les catacombes officielles (si c'est bien lui) pose problème. J’en reparle plus loin.




La suite se passe au Showcase (discothèque sous le pont Alexandre III), où le trio rencontre Papillon, qui accepte de les accompagner. La séquence de la discothèque est un peu cliché, façon boite gothique, avec une étrange femme s’en allant de la boite, mais regardant Benji (le cameraman) avec insistance. Pourquoi ? Aucune idée.



L’expédition commence alors. On découvre l’équipe de Papillon préparant l’expédition (avec lampes, matériel de spéléo et tout). On suit le groupe sur la Petite Ceinture, direction un tunnel bien connu. Ayant emprunté le même chemin en 2001, 2002 et 2003, voir ça à l’écran est vraiment sympathique. Ca sonne vrai. En fait, jusqu’ici, ça sonne aussi «vrai» que pouvait le sonner Blair Witch : on est dedans, c’est pour de vrai, on sait très bien que c’est un film mais pas grave, on y croit, et d’un point de vue personnel ça me rappelle beaucoup les vidéos que j’ai fait dans différents endroits abandonnés il y a une dizaine d’années. Les pseudos des autres membres du groupe (Zed et Siouxsie, référence on ne peut plus Gothique) sont plutôt plaisants et collent bien à l’action.


Alors que le groupe se faufile lentement dans un trou, un coup de flippe surgit : un policier, probablement venu pour verbaliser le groupe, déboule à fond la caisse et tamponne un des membres. Qui est ce policier ? Pourquoi n’a-t-il pas parlé au groupe ? Comment ont-ils fait pour ne pas le remarquer alors qu’ils sont six ? Un policier, tout seul, qui s’attaque (y’a pas d’autre mot) à un groupe de six personnes sur la Petite Ceinture, sérieux ? Le groupe entre alors très rapidement dans le tunnel, et Papillon allume un fumigène sensé protéger leur fuite dans les catacombes. George, qui était censé accompagner le groupe uniquement jusqu’à l’entrée, est forcé de suivre le mouvement. Jamais par la suite on entendra reparler de ce policier, seul (?), venu (il me semble) intercepter le groupe.


L’expédition à proprement parler commence alors. C’est l’occasion d’une scène qui me parait aussi grotesque que sympathique (je n’arrive pas trop à me décider) : le groupe entend une sorte de chant (à la 2001 Odyssée de l’Espace, à écouter ici). De la lumière au bout d’un couloir nous signale que nous allons voir de quoi il s’agit. Nous assistons alors à une sorte de séance de chant, 4/5 femmes en longues robes blanches, bougies et tout. La chef des choristes (qui n’est autre que la mystérieuse femme qui a regardé Benji dans la boite de nuit avant) lance un regard bien flippant à Benji, qui détourne le regard (la caméra), le groupe continuant à avancer un peu plus loin.

Quel est le sens de cette séquence ? Si le but est de préparer le spectateur à avoir peur, oui, bien joué, c’est cool, mais peu crédible, et malheureusement proche des clichés selon quoi des messes noires/sataniques auraient lieu dans les catacombes : il n’y a rien de tout ça, juste des gens qui se font des squats le samedi soir. Détail intéressant : les autres membres du groupe ne semblent pas (si je me souviens bien) remarquer ce que Benji filme. Si il n’y a que Benji qui voit tout ça, est-ce là «juste» la matérialisation d’une de ces peurs comme on le verra par la suite dans le film ?



Le premier check point de l’expédition est un passage bloqué par des pierres. Il serait très facile de dégager les pierres mais Papillon signale qu’il ne tient pas à passer par là, précisant que les gens qui sont entrés là-dedans ne sont jamais ressortis. Tentant de contourner le passage, le groupe emprunte un passage étroit (plein d’os), nous amenant à une scène de claustrophobie particulièrement réussie (Benji étant bloqué assez longtemps pour bien paniquer, le tout avec en fond sonore le chant du paragraphe précédent). Peine perdue pour le groupe : le passage tourne en rond et ramène au même point, juste devant le passage que Papillon refuse d’emprunter. Après discussion, le groupe retire les pierres et se dirige dans le fameux tunnel «maudit».


Cette partie est vraiment sympa à regarder, ça sonne un peu comme du Indiana Jones, mais en plus flippant, en plus «vrai». Le tout est parsemé d’éléments insolites n’ayant rien à voir (semble-t-il) avec la chasse au trésor, mais ayant tous un lien avec les personnages interagissant avec ces evenements : vision furtive d’un gamin (mort) pour Benji (ou George, je ne suis pas sûr), découverte d’un piano pour George, vieux téléphone qui sonne dans un coin (en décrochant, Scarlet entends son père lui reprochant, je crois, de ne pas être venu l’aider).



L’apparition du personnage «La Taupe» est pas mal non plus : on le croyait disparu après avoir exploré le couloir «maudit», il ne l’était pas. Que faisait-il depuis ce temps ? Papillon ne semble pas trop curieux de le savoir. Détail un peu incohérent : quand Papillon parle à La Taupe, les deux s’expriment en anglais, alors qu’ils sont tous deux français. Si vous étiez guide pour touristes et que vous recroisiez un ami perdu de vue depuis un moment, vous lui parleriez dans la langue des touristes ? J'en doute.

Le mix de cette chasse au trésor avec des éléments à priori propres au groupe (comme si les peurs des membres de l’expédition prenaient vie là-dessous) fonctionne pas mal même si les élèments s'empilent sans nous laisser de repit (c'est quoi ce téléphone ? ce piano ? ces choristes ? etc) Le grand moment de cette partie du film est bien sur la découverte de la Pierre Philosophale, mais surtout, pour moi, le moment où le groupe trouve (dans une salle juste avant) le cadavre d’un chevalier templier, mort depuis 700ans, mais dans un état de décomposition très peu avancée : la peau est juste blanche, comme s’il était mort il y a quelques jours. Va-t-il se réveiller ? Protège-t-il la Pierre Philosophale ? Le fait que le groupe ait emprunté un couloir «maudit» ajoute une tension très agréable...



Tout cela est malheureusement mis à mal dans la seconde partie du film, qui commence à partir du moment où la Pierre Philosophale est retirée du mur où elle était fichée : un éboulement oblige le groupe à rebrousser chemin, et revenir dans la salle du templier. On entends alors une forte respiration qui semble (à priori) venir du chevalier. Cool ! Il va se réveiller ! Euh, en fait non... Remarque : ses habits, auparavant propres, sont devenus crades. L'inversion (voir plus loin) a commencé. Dommage que le chevalier ne se soit pas réveillé, du coup ? (Merci Dimitri pour m'avoir signalé que les vêtements du chevalier avaient changé.)

Au fond de la pièce, on découvre la Taupe (qui a échappé à l’éboulement), stoïque. Siouxsie s’avance pour lui demander si ça va, et ce qui devait arriver arrive : La Taupe tue Siouxsie, puis s’échappe. A ce moment précis, je me suis dit «Ah zut, ça aurait été super sympa que le chevalier se réveille et les poursuive. Ca viendra peut-être après.»



Raté, par la suite on ne revoit plus le chevalier. Tout est alors un étrange mélange. Exit la chasse au trésor, on est à présent dans un pur film de survival, la chasse au trésor étant apparemment terminée : mystérieux personnages encapuchonnés, créatures de pierre sortant des murs, matérialisations de souvenirs liés aux personnages : femme cadavérique (la fameuse chef de chœur au début) portant un bébé (mort ?) pour Benji, frère noyé de George...




On voit également une voiture en flammes (jolie idée de scène vu qu’on voit quelque fois des voitures dans certaines carrières) avec un type assis à l’arrière, reprochant (je crois) à Papillon de ne pas être venu l’aider, ce à quoi Papillon réponds «Ce n’était pas ma faute !» avant de se faire aspirer dans la voiture, qui disparaît façon Poltergeist. Cette scène pose problème car le jeune homme est (je crois) celui qui a indiqué où trouver Papillon au trio originel (Scarlet, George, Benji) : le jeune homme serait donc un fantôme/démon/esprit désirant se venger de Papillon, et donc parlant à des gens désireux de se rendre dans les catacombes non-officielles ? Pourquoi pas, mais que fait-il dans la partie «non-maudite» ? Cette partie est-elle dangereuse, elle aussi ?

Je ne pense pas que ce soit un hasard si à un moment du film, le groupe croise une pierre avec écrit dessus «Barrière d’Enfer», sous-entendu l’enfer commence ICI, donc PAS dans les catacombes officielles. De plus, Papillon est-il vraiment responsable de la mort du jeune homme ? Ces histoires de culpabilité sont trop esquissées pour qu’on arrive à décider si la personne «mérite» ce qui lui arrive, on a pas d'autre choix que de voir le personnage se faire zigouiller, point barre.

Le fait que les personnages voient à un moment écrit «Vous qui entrez ici laissez tout espoir» (référence au portail de la porte des enfers) donne une bonne explication quant à tout ça (l’endroit est démoniaque et basta) mais pour moi c’est surtout une bonne excuse pour fourrer le plus de choses possibles sans avoir à fournir d’explication. Plutôt pratique pour une experience "train fantôme" (squelettes, momies, vampires, chauves-souris etc) mais plutôt frustrant dans un film.



Pour ce qui est du final, il n’est pas si incompréhensible que ça. Les personnages du film ont tous un sentiment de culpabilité vis-à-vis d’un événement de leur vie. Pour sortir, il leur faut plonger dans un puits - ce qu’ils font. Une fois au fond du trou (l'histoire ne dit pas comment ils ont survécu, le puits étant pourtant très profond) ils découvrent une étrange plaque ronde, qu’ils n’arrivent pas à ouvrir. Réalisant alors que la paque s’ouvre si on la pousse, le film nous retourne alors (littéralement) le cerveau en nous montrant que sous cette plaque (d’égout) nous attends le monde réel, à l’endroit, les personnages étant dans une sorte de dimension parallèle inversée.

Les personnages sortent par la plaque, la caméra effectue une petite rotation, et hop, nous voilà revenus «à l’endroit». Scarlet et George s’en vont alors, laissant le pauvre Zed rentrer seul chez lui (bonne idée alors qu’il vient juste de perdre ses amis Papillon et Siouxise dans des conditions particulièrement abracadabrantesques). Note : les personnages ressortent pas très loin de Notre-Dame (voir image ci-dessous).




Je trouve l’idée de l’inversion pas si maboule que ça (pourquoi pas hein ?) mais l’idée de «pour remonter, il faut aller plus bas» a du mal à passer avec tout ce qu’on s’est tapé avant : chasse au trésor, apparitions étranges, créatures de pierre… Trop c’est trop les mecs, décidez-vous, soit c’est Indiana Jones, soit c’est Blair Witch, soit c’est Paranormal Activity, mais tout ça à la fois avec en plus le bazar lié aux sentiments de culpabilité des personnages, c’est bien trop indigeste. Et c’est avec une désagréable impression de gâchis qu’on ressort du cinéma. Une sympathique idée de chasse au trésor, un excellent lieu de tournage, une ambiance Blair Witch pas déplaisante, mais trop de choses pour un seul film. Dommage.

Le début du film se passe en Iran. Au lieu de faire sa vidéo «Waouh, je m’apprête à voir un truc de dingue !» dans un bus, Scarlet pouvait très bien la faire seule dans sa chambre d’hôtel, c’était quand même moins risqué. On constate qu’elle a une vision de son père pendu dans les catacombes (ou carrières) abritant l’immense taureau. Le fait de voir son père est-il dû à elle ou au lieu ? Par la suite elle ne semble pas trop prêter attention au fait qu’elle a filmé le fantôme de son père : pourquoi ? Un fantôme capturé sur un caméscope, et rien là-dessus ? Autre question : les catacombes sont-elles dangereuses si on y vient sans sentiment de culpabilité ?

J’ai écrit tout ça quelques jours après avoir vu le film (05/09/14). N’ayant pas pu trouver le film sur le net (pour faire des captures d’écrans, vérifier la chronologie des évènements etc) il est fortement possible que j’ai oublié des trucs et des détails (je rectifierais tout ça dès que je le pourrais). Ci-dessous, les réalisateurs du film posant devant la sortie située près de Notre-Dame.