Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.


Par le passé j’ai souvent visité des lieux industriels, mais jamais un lieu aussi ancien d’après les informations que j’ai pu trouver (et que je ne peux malheureusement pas divulguer ici pour des raisons de conservation). On trouve une première trace de ce moulin à la fin du XIVème siècle, puis il est souvent cité dans divers documents historiques. Pour autant, la bâtisse présentée ici date-t-elle du moyen-âge ? Il est probable que non, le moulin a très probablement été modernisé ou refait au fil des années.

Son dernier propriétaire est en tout cas décédé vers la fin des années 2000. Le moulin tournait-il encore à cette époque ? Là encore, difficile à dire car tout sur place est si vieux… Ci-dessous, deux photos assez parlantes quant à la fonction de ce vieux moulin. Admirez-moi cette grand et belle roue, et cet immense engrenage qui servait à moudre le grain ! Du grand art, toujours présent (et suintant de graisse) après toutes ces années de silence.



Ci-dessous un aperçu du premier étage du bâtiment, accessible via un antique escalier en bois pas bien rassurant, mais en même temps il y a tellement d’endroits où se raccrocher qu’on se sent tout de même (un peu) en confiance. Le fait que la toiture soit toujours étanche est également un bon avantage, on se sent un peu en sécurité, presque protégé par le moulin, qui n’en reste néanmoins pas inoffensif pour autant, il y a quelques trous ici et l

Comme vous l’avez sûrement remarqué sur les deux photos ci-dessus, le lieu est exempt de tags (du moins à ce niveau). C’est un vrai bonheur que d’explorer cet endroit figé dans le temps et non souillé par des individus désireux de laisser une trace indélébile de leur passage. On pourrait passer une journée entière à analyser tous les objets encore présents sur place, car, j’ai oublié d’en parler, mais il reste vraiment de nombreux artefacts sur place. Des artefacts en rapport avec le moulin ? Difficile à dire, car on trouve pêle-mêle des ampoules, des cartouches pour mortier, des plaques de poudre à souder… Comme si le lieu avait servi de stockage à une époque lointaine. Mais nulle trace de sac de farine ou de grains !





Ci-dessous, un bon exemple de l’hétérogénéité du lieu : au milieu de divers objets disposés en vrac, une caisse en bois trône là depuis je ne sais quand, remplie de divers objets tous plus différents les uns que les autres. Sur cette caisse, une étrange inscription : «ARMAX». Une rapide recherche Google me donne deux résultats différents : je tombe sur divers sites parlants d’armatures métalliques pour béton. Un peu trop récent… Autre résultat : le mot Armax est une variété de semence de sorgho selon cette page. Un lien avec le moulin ? Difficile à dire, car le mot n’apparait nulle part sur la page Wikipédia sur le sorgho.

Le deuxième étage du moulin est tout aussi encombré d’objets variés, et on est sur de l’ancien, du assez ancien, et du très ancien. Ici, une vieille caisse contient des plaques à souder de la «Société des Plaques et Poudres à Souder J.Laffitte» datant à priori des années 1910. Là, une autre caisse contient d’antiques ampoules à incandescence plutôt grosses (et en bon état). Un peu plus loin, une cuiller à glace trône sur une caisse de «14 relais pour cartouches». Pour finir je tombe sur une appareil fabriqué par la «Compagnie pour la Fabrication des Compteurs et Matériel d’Usines à Gaz» basée à Montrouge. Il existe une page Wikipédia à son sujet, n’hésitez pas à la lire ici.









La visite se termine par le troisième et dernier étage du moulin, un peu plus éclairé que le reste, et contenant (pour une raison qui reste mystérieuse) une armée de caisses contenant elles-mêmes des boites où l’on peut encore lire l’inscription «14 relais pour cartouches». Suite à la publication de cette page je reçois un message : "Ce sont des éléments de mortier, donc un équipement pyrotechnique militaire potentiellement dangereux, probablement la munition (l'obus) utilisé dans les mortiers français. Après vérification c'est en fait une partie du projectile, visiblement la fusée qui envoie l'obus vers sa cible." Merci Cypher Lennox ! Cette partie du moulin est la seule qui soit recouverte à certains endroits de tags roses, que je me suis permis d’effacer afin que l’on se concentre plus sur le lieu que sur ceux qui sont venus le dégrader. Ci-dessous, trois photos :





Le clou de cette visite est visible en levant la tête : une splendide poulie rouillée et joliment décorée sert de sommet à l’ancien monte-charge. Chose étonnante : bien que l’installation soit encombrée, elle marche encore en tirant légèrement la corde. Il m’est arrivée de voir de nombreux monte-charges lors de mes précédentes explorations, mais là c’est bien la première fois que j’en vois un aussi beau. De quand date l’installation ? Aucune idée, à la louche je dirais début XXème siècle, mais aucun moyen d’en être sûr.



C’est sur cette jolie vision que s’achève cette visite. Descendant les escaliers, je me dis que ce moulin est vraiment étonnant de part sa belle conservation, mais aussi la variété des objets que l’on peut y trouver. Un véritable trésor pour qui aime contempler des artefacts si anciens que l’on ne sait presque plus trop à quoi ils servaient.