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Important : cette page présente un lieu qui a été racheté depuis ma visite en 2022, et qui est en cours de rénovation. Il ne sert donc à rien de chercher à le localiser pour le visiter. |
Ca faisait des années que j’avais l’adresse de cet hôtel sur ma carte. Mais comme il était (vraiment) trop loin de chez moi je n’avais jamais pu l’explorer. Il y a des lieux comme ça qui sont trop loin, alors on les laisse passer… C’est en 2022, à l’occasion d’un road trip avec Cafarnaom, que j’eus l’occasion d’aller y faire un tour. Mais après ces quelques années je craignais de tomber sur un lieu dévasté. Pourquoi ? Parce que vers 2015 des photos de cet hôtel avaient été publiées sur un site très connu, très bien référencé, et le nom de l’hôtel, écrit sur sa façade, était bien visible. En un clic, tout le monde pouvait donc le retrouver : explorateurs, mais aussi casseurs, voleurs etc. Bon, comme le site était dans un endroit assez perdu j’avais tout de même un petit espoir de trouver un lieu encore en bon état… Après un peu de route, Cafarnaom et moi-même nous garons assez de loin de l’hôtel pour ne pas éveiller les soupçons, même si, honnêtement, il n’y a personne dans le coin. Mais on ne sait jamais ! Nous nous dirigeons alors tranquillement vers l’objectif. Le seul son que nous entendons est celui de la jolie rivière (la Sioule) longeant le bâtiment. Dans quel état sera l’hôtel ? Suspense... En tout cas il a l’air accessible. Rapidement, nous voyons que plusieurs portes sont ouvertes. Pour ne pas être vus depuis la route nous nous engouffrons rapidement en gravissant les marches de l’escalier d’entrée. Les premières photos que je prends montrent un environnement envahi par la végétation, et diablement photogénique avec ce contraste entre le vert et le rouge vif de la façade. |
Une minute plus tard, j’entre dans ce qui était une terrasse couverte où prendre son petit déjeuner devait être bien agréable. Malheureusement, au moment de ma visite, le lieu a perdu de son charme. La météo pluvieuse du jour n’arrange rien : un peu partout, des gouttes tombent de la toiture dans de petites flaques, créant une petite musique régulière mais assez triste : celle d’un lieu sans vie. Au sol, des vestiges hétéroclites trainent un peu partout : chaises, tables, lampes, cartons, planches… Passant une porte, je découvre une autre pièce, à la peinture criarde, qui devait probablement elle aussi servir de lieu de lieu de déjeuner ou de petit déjeuner. Drôle d’endroit pour y découvrir du mobilier de bureau. La pièce a sûrement du servir de lieu de stockage après la fermeture... Premier constat à ce stade de la visite, je suis agréablement surpris : le lieu n’est pas du tout dévasté comme je l’avais imaginé. Il est même encore assez charmant, et une rénovation ne semble pas impossible. |
Revenant sur mes pas, je découvre l’entrée principale de l’hôtel. A partir de là, prendre des photos ne s’avère pas si simple que ça étant donné la pénombre dans laquelle le premier niveau du bâtiment est plongé. Grâce à mon trépied et à la minuscule fenêtre située au bout près de l’escalier j’arrive à documenter cet accueil (merci les poses longues) qui devait être bien plus chaleureux quand l’hôtel était en activité. Sur le comptoir, de nombreux documents gisent encore là : menus, registre etc. Si je suis étonné de découvrir un lieu en relativement bon état, je suis vraiment étonné qu’il reste encore tous ces objets sur place. Ce lieu ne serait-il donc presque pas vandalisé ? Belle surprise ! Le registre attire mon attention. En me rendant ici je n’aurais jamais pensé pouvoir le consulter, et y lire autant d’informations : «Mardi 22 : brume, puis finalement temps ensoleillé. Très bel après-midi chaud.» Sur une autre page : «Buffet, 300 personnes, 9€50 par personne, fermé le soir» Est-ce que 300 personnes sont réellement passées ici ce jour-là ? Ca parait improbable vu la petite taille de l’hôtel (qui faisait aussi restaurant) et pourtant l’inscription est là. |
La lumière m’invite à aller explorer la pièce suivante, qui devait probablement être une petite salle à manger, puisque depuis celle-ci une porte mène directement à la cuisine. Et quelle cuisine ! Ecarquillant mes yeux pour m’habituer à l’obscurité, je suis (encore une fois) étonné de voir qu’il reste encore tellement d’objets. Quelques dégradations ici et là indiquant le passage des vandales, mais quand on voit à quel point le lieu est visible et accessible (nous sommes à un mètre de la route et le bâtiment est complètement rouge, impossible à rater) c’est un miracle qu’il ne soit pas complètement dévasté. Progressant lentement, je découvre mobilier, bouteilles, matériel de cuisine, le tout dans une ambiance olfactive assez désagréable... Curiosité dans une des pièces : un beau fauteuil trône là, au milieu de cet abandon. L’hôtel a fermé mais ce fauteuil est toujours là, debout. Simple, mais beau. (Bon, c’est peut-être un visiteur qui l’a installé là pour se reposer, mais quand même, c’est chouette.) |
Il est temps de revenir à l’accueil de l’hôtel vu quelques instants plus tôt : celui-ci me permet d’accéder à la salle à manger principale, bien plus vaste que celle menant à la cuisine. Bien plus vaste, mais aussi bien plus sombre... C’est sûrement la partie la plus obscure du lieu. Est-ce oppressant ? Pas le moins du monde. C’est juste fastidieux à prendre en photo avec les poses longues. Le bon côté des poses longues, c’est de pouvoir mieux révéler le fabuleux motif mural, tout en volutes végétales du plus bel effet (kitch, ou désuet, ou les deux, c’est vous qui voyez). Un buffet est toujours là, non renversé, ainsi que quelques tables assez sommaires. Je constate que toutes les chaises ont disparues. Elles ont probablement été volées… Lassé par la pénombre de la pièce, je découvre une jeune pousse de ronce poussant près d’une des fenêtres. Peut-être a-t-elle le projet d’entrer dans l’hôtel pour le coloniser ? Derrière elle, la pergola, devenue une véritable jungle, l’est complètement. |
Le temps de passer une porte je découvre une autre pièce à manger, à la toiture en pente comme la terrasse couverte vue en tout début de visite. Là encore, je suis surpris de ne pas trouver toutes les vitres brisées alors que de toute évidence il y a eu du vandalisme ici... Tant mieux ! Prenant mes photos, le clic-clac de mon appareil photo se synchronise avec le plic-ploc des gouttes tombant dans la pièce via quelques trous dans la toiture. Une jolie mélodie qui m’arrache un sourire dans cet environnement on ne peut plus déprimant. A travers une des vitre j’aperçois une petite maison située juste en face de l’hôtel. C’était probablement là que les propriétaires vivaient au tout début. |
La pénombre du rez-de-chaussée se faisant de plus en plus pesante, je décide que j’ai eu mon compte de photos à ce niveau, et me redirige vers l’accueil. De là un escalier mène aux étages. Direction la lumière ! Enfin, j’espère ? Perdu ! L’étage est tout aussi sombre. Du moins toutes les pièces orientées au nord… Curiosité : le couloir desservant les chambres est vraiment (vraiment) étroit. Jamais je n’ai vu un espace aussi réduit. Il est littéralement impossible que deux personnes se croisent. Erreur de conception, ou normes d’un autre âge ? En tout cas c’est l’endroit parfait pour poser le temps d’une photo, afin de mieux montrer l’étroitesse de cette partie de l’hôtel. Après le couloir, des photos prises dans les chambres. Même chose que pour le rez-de-chaussée : moi qui pensait visiter un lieu complètement vide, tagué et dévasté, quelle surprise de trouver encore autant de matériel, d’objets (certains petits, fragiles et beaux) et de restes. Gros coup de cœur pour le petit chalet aperçu dans une des chambres, et dont le thermomètre indiqué une température de seize degrés. Marche-t-il encore ? Ou le liquide est-il figé ? |
La météo se fait alors plus clémente. Tout autour de nous les nuages semblent décidés à aller voir ailleurs si le ciel est plus bleu. Passant la tête par une des fenêtres je regarde la petite maison située en face de l’hôtel et aperçue quelques instants auparavant. Proposant à Cafarnaom d’aller la visiter, celui-ci me suit, et la visite se termine en documentant (très brièvement) cette petite maison ne présentant pas un grand intérêt. Mais quelle belle couleur ! Et surtout, depuis une des fenêtres je peux prendre une jolie photo de l’hôtel. |
Visite terminée ! Rangeant notre matériel, je suis vraiment ravi d’être passé visiter cet hôtel que je pensais (pardon de me répéter) complètement dévasté vu qu’un site très connu l’avait mis en avant. Et finalement, non ! Un beau bâtiment, une superbe couleur, de nombreux objets, quel plaisir de s’évader hors du temps dans cet endroit… Une fois revenus à la voiture, je sors le drone pour immortaliser le lieu depuis les airs. Ce qui est chouette avec les photos ci-dessous, c’est qu’elles montrent bien à quel point l’hôtel est un peu perdu au milieu de nulle part, mais est aussi très beau de par sa teinte pourpre qui tranche bien avec la végétation environnante. |
Comme indiqué à plusieurs endroits sur cette page, c’est en compagnie de Cafarnaom que cette visite eut lieu, et je vous invite à lire son reportage en cliquant ici ou sur l’image ci-dessous. |
Pourquoi ne pas avoir publié ce reportage en 2022 ? Parce que ce lieu était tellement beau que j’ai décidé de le «réserver» pour mon troisième livre, «Glauque Land» (2023) et sans en publier la façade pour ne pas qu’il soit identifiable. Mais après avoir vu début 2025 qu’il avait été racheté, je me suis dit que ce serait bien de faire cette page et faire passer l’information comme quoi ce lieu n’est plus à visiter. J’ai contacté le nouveau propriétaire qui m’a indiqué que j’avais le feu vert pour créer cette page, et faire passer l’information. Important : le nouveau propriétaire possède deux bâtiments, et c’est le deuxième (pas l’hôtel figurant sur cette page) qui est mis en valeur sur les réseaux sociaux. Pour tout savoir, rendez-vous sur Facebook ou Instagram ou Linkedin. |
Niveau histoire, je n’ai pas réussi précisément à savoir quand cet hôtel avait été construit, mais les cartes postales anciennes fleurent bon le début du XXème siècle. Ci-dessous, des cartes postales de cette époque, avec d’autres datant des années 40/50 puis 60 vu les véhicules. Pour la petite histoire, le dernier propriétaire du lieu était le troisième de sa génération à faire tourner l’hôtel. Avant lui, c’était son père et sa grand-mère qui en étaient les propriétaires. Mais quand le site a-t-il fermé, ça je n’en suis pas certain… |
En me promenant sur Google Maps j’ai trouvé quelques photos Street View assez sympathiques montrant le lieu en activité sur les trois premières images (2009, 2011 et 2012). La quatrième vue est une photo faite au drone en 2022, et la dernière date de 2024, année où le lieu fut racheté, et déboisé, ce qui m’a suggéré de faire cette page pour vous montrer à quoi ressemblait l’hôtel en 2022, mais surtout vous dire qu’en 2025 il revit ! |