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Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension. |
Voilà une immense friche industrielle qui figurait sur ma carte depuis des années. Je l’avais déjà visité très rapidement avec des amis quelques années auparavant, après un week-end chargé, juste pour voir si elle était accessible. C’était le cas. A peine dix minutes dedans et nous repartions. Ci-dessous quelques photos souvenir : |
Quelques années plus tard, retour sur place, en deux temps. D’abord en fin de journée, après avoir visité d’autres lieux abandonnés pas loin, afin de voir si le site était toujours accessible depuis la dernière fois (coup de chance, il l’était) puis le lendemain matin, pour le documenter «proprement». Pour cette première approche en fin de journée j’ai sorti le drone afin de mieux voir ce qui nous attendrait le lendemain. Merci à la belle lumière de fin de journée pour les clichés ci-dessous : |
Anecdote : il faut croire que le bruit du drone dérangea un groupe d’ados qui étaient occupés à visiter le lieu (où à le squatter tranquillement). Ci-dessous une photo de trois des sept ados aperçus lorsque je prenais mes photos au drone. J’étais dans le site en prenant ces photos, et je me souviens que, passant pas loin de moi, à une vingtaine de mètres, ils avaient tous leur capuche sur la tête, comme pour ne pas que je les identifie. Avec le recul j’aurais du leur dire que je n’étais pas un gardien ou autre chose. Peut-être aussi qu’ils craignaient que le bruit du drone fasse venir la Police. En tout cas désolé du dérangement ! |
Le lendemain matin, c’est parti pour la deuxième visite, la «vraie», à l’appareil photo (et le drone dans le sac à dos pour la fin). Une exploration faite en compagnie de Cafarnaom. D’habitude je raconte l’histoire du site visité en fin de page mais là ça me semble pertinent de la dire au début car je n’ai pas trouvé grand-chose : ce site est une ancienne usine textile, d’un peu plus de 7 hectares ou 11 hectares selon les articles qui en parlent. 1200 ouvriers travaillaient ici dans les années trente. Depuis quand est-elle à l’abandon ? Depuis 2003. C’est tout ? Malheureusement, oui. Ci-dessous, une photo non datée du site à l’époque où il était en activité : |
Très facilement entrés sur le site, Cafarnaom et moi nous abritons à l’abri des regards dans l’ancien petit préau où les employés posaient leurs bicyclettes ou vélomoteurs. Le site est vaste que nous ne savons pas trop par quoi commencer. Pourquoi pas par le beau bâtiment principal, situé à quelques pas de là ? Enfin, non, dirigeons-nous plutôt vers les locaux situés juste derrière le bâtiment principal, afin de balayer le site du nord au sud. Derrière nous, la (probable) maison du gardien fait peine à voir. Elle est si vandalisée et taguée que nous n’y entrons même pas. Ci-dessous, une photo de la «maison du gardien» puis du préau : |
Entrant dans le bâtiment principal, nous filons directement à travers lui pour explorer les locaux situés derrière. La visite débute… A un endroit je reconnais le tag «Le vendalisme c’est mal !» (avec une belle faute d’orthographe) vu en 2019. Mais tout le reste me semble nouveau. Il faut dire qu’en 2019 nous n’étions restés que 10 minutes. Les volumes sont intéressants, et je suis surpris que certaines pièces ne soient pas plus ravagées que ça. Certains grafs ne sont pas déplaisants non plus. Ils apportent un peu de vie à ce lieu déserté. Enfin, déserté… Vu les tags, pas tant que ça ! Quelques éléments sont toujours là, datant de l’époque où l’usine tournait, mais au sol, nul document intéressant, nulle archive. On dirait que le lieu a bien été vidé. Et puis, cette visite se déroule en 2024, soit 21 ans après la fermeture, dans un lieu qui a été plus que visité, retourné et pillé… Le lierre a eu le temps de se faire une place, tout comme les arbustes qui ont poussé dans les sortes de petits jardins situés dans les locaux. Un paysage post apocalyptique typique des friches industrielles, et dont je ne me lasse pas. Aucun bruit à part celui des oiseaux. Aucun stress. Nous progressons lentement, documentant ce qui nous parait intéressant de l’être. |
Rebroussant chemin, nous nous attaquons alors au plus grand bâtiment de la friche. Il n’est haut que de deux étages, mais quels étages ! Quelle hauteur sous plafond ! Ici, les espaces vides me rappellent pourquoi j’aime visiter les sites industriels : car l’imagination travaille. A quoi servaient telle ou telle pièce ? Pourquoi étaient-elles si vastes ? Qu’est-ce que l’on entreposait ici ? Difficile à dire, mais tellement chouette. Un vent léger crée de petits courants d’air, agitant les feuilles de lierre. M’approchant des fenêtres brisées, j’aperçois un château d’eau au loin. Quelques pas plus loin, je lis un tag qui dit «Luka je t’aime». Impossible de ne pas avoir dans la tête la chanson «Luka» de Suzanne Vega (1987), dont la pop enjoué cache des paroles assez sérieuses. N'hésitez pas à lire la page Wikipédia ici. |
Cafarnaom et moi quittons le grand bâtiment et passons à la suite : un grand entrepôt où la pluie s’est invitée un peu partout. Le résultat : une ambiance sonore sympathique comme tout. Visuellement ce n’est pas mal non plus, avec toutes ces nuances de vert kaki, ces reflets, et même du mobilier encore présent, pas trop vandalisé. Je ne pensais pas tomber dans cette usine sur un fauteuil, des tables… Bon ok elles sont abîmées, mais en venant ici je pensais voit un site 100% vide. Après un graf «Vivement le RSA» (dit par Cletus Spuckler, personnage des Simpsons qui donne son nom fictif à ce lieu) je tombe sur un panneau «la propreté facteur de qualité», puis juste dessous «SVM» puis «SVF». Que signifient ces termes ? Aucune idée. |
Quelques pas plus loin, nous entrons dans l’autre «grand» bâtiment de l’usine. Ici, c’était de toute évidence plus technique que pour le premier bâtiment. A quoi servaient les petits silos/entonnoirs de béton ? Aucune idée. En tout cas j’imagine que cet endroit du site abritait des générateurs, des machines, ce genre de choses. Peut-être que c’était la chaufferie, je ne sais pas... En tout cas j’aime comme les deux «tubes/cheminées» ressemblent à des missiles avec ces «ailerons» au sol. J’aime aussi le fait que dans la plus grande salle du bâtiment (à l’étage) on puisse contempler le bâtiment exploré auparavant (et dont le toit est bien plus moderne que le reste). |
Quittant ce deuxième bâtiment, la visite continue en traversant des entrepôts vides et humides. Seul léger intérêt : les jeux de reflets, et la mousse poussant ici et là. Durant ce moment de la visite je discute avec Cafarnaom du fait que le site semble avoir été défriché. Signe d’une probable démolition ? Dépollution ? Pas moyen de le savoir. |
Ci-dessous d’autres photos des locaux traversés lors de la suite de l’exploration. Rien de particulièrement surprenant ou original au début, et puis, tout à coup, une toiture différente (plus ancienne à priori) et tout à la fin, surprise, une magnifique façade tout en carrelage qu’il aurait été difficile de voir si la visite se déroulait en été, avec toute la végétation masquant le bâtiment. Ainsi se termine la longue visite de cette immense friche industrielle à l’avenir incertain. Plusieurs articles parlent de réhabilitation de revalorisation, de dépollution, mais ça fait apparemment des années que ça dure. Les récents défrichages semblent augurer d’un changement à venir. Affaire à suivre… |
Revenant tout au fond de la friche, à un endroit relativement discret, Cafarnaom et moi sortons nos drones, et prenons l’un après l’autre des clichés de l’usine. Ce matin-là la lumière n’est pas la même que la veille en fin de journée, mais pas grave, cela permet des clichés à l’atmosphère différente. |
Ci-dessous des photos du site entre 1948 et 1984, période où l’usine est en activité : |
Ci-dessous des vues aériennes allant de 2005 à 2020. La lente reprise du lieu par la végétation est parlante. |
Cette visite vous a plu ? N'hésitez pas à lire le reportage de Cafarnaom ! |