Cette
page parle d’un lieu actuellement en cours de réhabilitation : le Château
de la Forêterie, situé à Allonnes, dans le département de la Sarthe
(juste au sud du Mans). Si je me permets de donner son vrai nom, c’est
qu’il est en réhabilitation depuis 2016, et qu’il ne sert donc à rien
d’y aller pour l’explorer comme j’ai tenté de le faire en 2015, année
où furent prises les photos que vous verrez plus bas.
Histoire du lieu tirée
de la page Wikipédia
: à la fin du XIXe siècle, Gustave Avice, banquier d’affaires parisien,
souhaite construire une résidence familiale dans la région d’origine
de sa famille. Il acquiert ainsi le domaine de la Forêterie et confie
à son ami Georges
Darcy, architecte en chef des Monuments Historiques, les plans
et la direction de la construction en style Renaissance de ce qui
va devenir le Château de la Forêterie, en lieu et place de la bâtisse
existante. |
Comme
une grande partie du territoire français, la ville d’Allonnes se trouve
en zone occupée et les troupes Allemandes réquisitionnent la demeure
à la fin de l’année 1941. Le château et les communs sont alors occupés
jusqu’à la fin des hostilités, en plusieurs périodes distinctes et par
des corps différents. Ainsi un Général Allemand en fait son quartier
général en 1942 et des blindés (chars-tigres) y sont parqués en 1944.
En mars de la même année, la propriété essuie des bombardements américains
en raison de sa proximité géographique avec des sites stratégiques tels
que la gare de triage du Mans ou encore l'usine Renault, situés sur
l’autre rive de la Sarthe. Plusieurs dépendances sont détruites ou gravement abimées, et l’on compte de nombreux cratères dans les bois alentours, mais le château est miraculeusement épargné. Le répit est de courte de durée puisque dans la nuit du 8 au 9 Août 1944, une unité de la funeste division Waffen SS «Das Reich» met le feu au château à partir du 1er étage. L’incendie ravage alors l’intérieur de la demeure et emporte également la toiture. Pendant 70 ans, le château est à l’abandon et subit d’importants dommages. Le toit ayant brûlé lors de l’incendie de 1944, la pluie contribue à dégrader et fragiliser le bâtiment, qui est progressivement envahi par la végétation. La première vue aérienne existante (à ma connaissance) date de 1949, ci-dessous. |
Ci-dessous,
d’autres vues aériennes allant de 1951 à 1992. |
Au
début des années 2000, un arrière petit-fils de Gustave Avice, François
Avice, initie un important projet de restauration avec l’aide de l’architecte
Niclas Dünnebacke, et l’architecte des Bâtiments de France Nicolas Gautier,
et ce, en dépit de l’état de dégradation avancé de l’édifice. À ce stade,
deux phases importantes de travaux se sont succédé, financées par le
propriétaire avec le soutien de la DRAC Pays de la Loire, du Conseil
Départemental de la Sarthe et dans le cadre du label de la Fondation
du Patrimoine. Ci-dessous, des vues aériennes allant de 2006 à 2013. |
Nous
arrivons alors au 26 Avril 2015, année à laquelle je décide d’explorer
ce lieu. Il pleut pas mal ce matin. Il pleut pas mal et il fait un peu
froid. Même avec mes bottes, ça gêne un peu. Mes amis et moi espérons
que nous pourrons entrer dans le château et y faire des photos au sec.
Nous avançons le long d’un chemin, et au loin, on distingue un petit
rond rouge posé sur un portail vert : le rond rouge qui indique «Propriété
Privée» n’indique en général rien de bon. Ici, pas de «Propriété Privée»,
mais quelque chose de pire : «Attention au Chien». On fait quoi ? Est-ce
qu'il y a vraiment un chien ? Est-ce qu’il est en liberté ? Est-ce que
les gens habitent là où n’y a-t-il qu’un vigile, qu’on peut possiblement
éviter ?
C’est en passant par la forêt située à côté du château que nous pensons à tout ça, en imaginant que l’exploration risque de ne pas être facile, voire pas possible du tout. Et là seule façon d’en avoir le cœur net, la seule façon de ne rien regretter, c’est d’y aller. Nous empruntons donc un sentier bien mouillé, croisons quelques fraises des bois, escargots grimpant aux arbres et autres limaces, puis parvenons à une clairière, où au loin, devant nous, apparaît le château. Nous repensons au chien : la pluie couvre nos bruits de pas, et le gène peut-être au niveau de l’odeur. Nous voyons le bâtiment de plus près, en le contournant par la gauche car plus loin, sur la droite, nous apercevons une ferme, rénovée, avec deux ou trois voitures garées : il va falloir rester discret. |
La
première chose qui frappe, c’est la propreté du château. L’édifice en
lui-même est assez propre, on voit quelques traces de lierre (mort)
qu’on s’est occupé à enlever, et surtout, pas mal de ménage : arbres
et arbustes sont coupés tout autour du château, et un grillage est posé
avec moult panneaux éloquents, histoire que tout le monde comprenne
bien qu’en s’approchant du bâtiment, on met sa vie en danger. Note :
J’ai fait ce que j’ai pu pour ne pas obtenir de halo à cause de la pluie
: perdu ! Pas mal de mes photos ont un vilain halo bleu. La prochaine
fois je prendrais un parapluie. Désolé pour le coté amateur des photos. |
Les
informations que j’ai pu avoir prennent vie en observant la toiture
: un incendie est bien la cause de la disparition du toit et de la noirceur
que l’on devine à l’intérieur en regardant à travers les nombreuses
fenêtres. Sachant que le lieu n’est plus habité depuis la fin de la
Deuxième Guerre Mondiale, je suis étonné qu'il ne soit pas couvert de
tags, la personne m’ayant rencardé sur ce spot m’ayant dit que les enfants
jouaient souvent dans ce «château brûlé» dans les années quatre-vingt.
Le fait que le château soit situé dans un domaine à priori gardé l’a
probablement préservé au fil des années. |
Me
promenant autour du bâtiment, je croise plusieurs fenêtres/entrées murées.
J’ai beau regarder un peu partout, faire le tour deux fois : aucun moyen
d’entrer. Et vu le ton des panneaux croisés juste avant, d’un coté c’est
pas mal. Je n’ai jamais vu d’écriteaux aussi explicites, le lieu est
certainement très dangereux. |
On
remarque que les débris sont tout de même réorganisés une fois tombés.
Bien rangés les uns à coté des autres, c’en est presque rassurant (sauf
quand on touche les débris et qu’on se rend compte de leur poids…)
|
Ci-dessous,
une vue de l’escalier menant au promontoire menant à l’entrée est du
château. Il y aurait bien moyen d’entrer par le trou que l’on voit en
haut, au milieu, mais bon, faut revenir avec une échelle, et… Et les
panneaux donnent en fait plutôt envie de ne pas trop rester si près
du château : mes photos sont prises dans la zone située entre le grillage
et l’édifice, pile là où l’on risque de se prendre une grosse pierre
sur la tête. |
Ci-dessous,
une vue de l’entrée principale du château, coté ouest. Il semble y avoir
écrit «AR» ou «RR», en tout cas rien qui ne colle avec les informations
que j’ai. On remarque que le château est bien décoré, c’est un endroit
magnifique. |
Ci-dessous
une vue générale qui permet de mieux voir le bâtiment. En bas à gauche
de l’image on voit des rondins qui donnent une idée de la taille des
arbres qui devaient pousser autour du château (qui du coup doit être
presque invisible en été). |
Ci-dessous,
ce qui a l’air d’être l’ancien paratonnerre. Tombé à terre ou enlevé
manuellement ? Aucune idée, mais il est beau, comme le reste. |
Ci-dessous,
l’intérieur bien sombre du château… |
En
exploration urbaine, il existe des lieux impossibles à visiter (à moins
d’employer certains moyens comme des échelles, des cordes etc). Lorsque
nous avons vus qu’il était impossible d’entrer, nous sommes repartis,
et à peine après avoir marché quelques minutes, nous avons entendu un
chien, apparemment situé près de la ferme où étaient garées des voitures.
Château instable, panneaux éloquents, chien, gens vivant à côté (on
est quand même sur une propriété privée), voilà un bâtiment qu’il ne
sera pas possible d’explorer. C’est quelque fois ça l’exploration urbaine
: se déplacer pour rien. Enfin pas pour rien, puisque si l’on n’était
pas venus, on aurait jamais su qu’il était impossible d’entrer… |
Nous
arrivons alors à 2016. Toujours via Wikipédia : cette année débute un
important travail de défrichement et afin de préserver la structure
du bâtiment, la première grande phase de travaux consiste à redonner
une toiture au château. Une nouvelle charpente en bois fidèle à
celle d’origine est ainsi inaugurée à l’Automne 2018. Cette même année,
l’association des Amis du Château de la Forêterie voit le jour afin
de participer au projet de réhabilitation du château, ainsi qu’à la
mise en valeur artistique et culturelle et au développement des publics.
C’est elle qui gère les différentes animations organisées sur la propriété
en lien avec le propriétaire, les porteurs de projets et les collectivités
partenaires comme la Ville d’Allonnes. Ci-dessous, le lieu en 2017 : |
Toujours
via Wikipédia : depuis que le bâtiment a été libéré de la végétation
et sécurisé, il ouvre ponctuellement ses portes au public dans le cadre
de visites guidées, notamment pour les Journées
du Patrimoine. Depuis 2017, la ville d’Allonnes organise chaque
été une séance de cinéma en plein air, devant le château. En 2018, la
municipalité installe un panneau d’information consacré au Château de
la Forêterie, visible depuis le Boulevard Nature situé en contrebas
de la propriété, le long de la Sarthe. Ci-dessous, une visite officielle
du lieu (2018) : |
Depuis
2019, une deuxième phase de travaux se poursuit dans la continuité de
la première, afin de protéger définitivement l’édifice des intempéries.
Cette nouvelle étape consiste à restaurer ou remplacer les pierres d’encadrement
des ouvertures selon leur état, puis à réinstaller des menuiseries sur
chaque ouverture. Au terme de cette étape qui devrait s’achever début
2021, le château sera totalement protégé de l’environnement extérieur.
Ci-dessous, le lieu en 2019 : |
Ci-dessous,
deux photos tirées de cet article. |
Ci-dessous,
une photos tirée de cet article. |
Pour
faire un don et aider à la réhabilitation du Château de la Forêterie,
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