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Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension. |
Cette visite se déroule par un beau matin avec juste ce qu’il faut de nuages et de ciel bleu. A peine quinze minutes de route et nous voici déjà devant l’objectif : une ancienne papeterie à l’abandon depuis sa fermeture au début des années 2000. Sur Google Maps j’ai prévu deux accès possibles, mais une fois sur place ceux-ci se révèlent bien inutiles : le portail est ouvert ! Nul cadenas cassé, aucune dégradation, c’est tout simplement ouvert. D’un pas décidé Cafarnaom, Guillaume et moi pénétrons alors sur l’ancien parking de la papeterie. En fond sonore, nous entendons la rivière circulant autour de l’usine. Nous la verrons un peu plus tard à la fin de ce reportage. Depuis le parking de l’usine nous repérons trois zones à explorer : un bâtiment sur notre droite, le pavillon du directeur (du moins, ce qui semble l'être) au fond à droite, et enfin le gros morceau : la papeterie en elle-même. Sentant que «tout va bien», nous sortons tranquillement notre matériel photographique et entrons dans le premier bâtiment. D’emblée, je me sens serein et heureux de pouvoir enfin documenter ce lieu que j’avais sur ma carte depuis des années. Une localisation donnée par des amis eux aussi explorateurs urbains. Une des particularités de cette papeterie est qu’un de mes amis l’avait visité peu après la fermeture au début des années 2000. Au moment du début de cette visite je me demande donc à quoi ressemblait l’usine avant que le temps et les dégradations fassent leur œuvre. Est-ce que tel couloir était déjà encombré de documents éparpillés au sol ? Est-ce que l’escalier était en bon état ? Avait-il encore sa rambarde ? Plusieurs questions que je cesse de me poser pour me focaliser sur une chose un peu plus importante : ayant subi un incendie, ce premier bâtiment est très dangereux. C’est donc à pas lents et en prenant mille précautions que je déambule au rez-de-chaussée, mais également à l’étage. Voici un aperçu de la visite de ce premier bâtiment : |
La visite du premier bâtiment terminée, nous nous dirigeons vers le pavillon du directeur. Même dans son état de ruine il en impose avec sa belle façade qui a su garder une certaine classe malgré l’abandon. Et surtout, malgré un incendie (début des années 2020 selon des articles de presse) qui a emporté la toiture. Pénétrant lentement dans ce bâtiment qui a l’air encore plus dangereux que celui visité avant, nous découvrons un paysage apocalyptique où il n’y a plus grand-chose à sauver... Les points de vue sont exigus avec ces pièces encombrées de débris, poutres et autres gravats. Pourtant, une pièce reste assez belle, avec ces deux colonnes de part et d’autre. Ci-dessous des photos de ce qui reste du pavillon du directeur : |
Une fois ressortis, il est temps d’explorer l’usine en elle-même. Par où entrer ? Où aller en premier ? En fait c’est un peu au hasard que nous progressons. Une porte mène à une salle, qui contient une porte menant à une autre salle… J’aime beaucoup cet aspect labyrinthique des choses, c’est une des raisons qui font que j’adore les sites industriels. On ne sait pas trop où aller, on se perd, on perd de vue ses camarades d’exploration, on les retrouve plus loin, on passe de pièces en pièces sans jamais savoir ce que l’on verra au détour d’une porte... Un vrai plaisir d’exploration, plaisir toutefois en demi-teinte puisque si nous nous trouvons là, c’est car la papeterie a dû fermer ses portes, et les histoires de plan sociaux ne sont jamais heureuses. Le plaisir de l’exploration et la tristesse via à vis du monde ouvrier : deux sensations typiques (et paradoxales) de l’exploration urbaine. Ci-dessous des photos de cette première approche : |
Un peu plus loin je découvre des espaces plus grands, plus vides, plus lumineux aussi. Dans cette partie de la papeterie les graffeurs semblent avoir élu domicile : un peu partout, des grafs ornent ce qui semblait être la partie «entrepôt» de l’usine. On y retrouve pêle-mêle des revendications politiques, Barbie, Jason Voorhees (de la série des «Vendredi 13»), Songoku, Bob l’Eponge, le Joker, et même Akira Toriyama ! Le décès du mangaka le 1er mars 2024 indique que ce graf est récent au moment de cette visite (fin mai 2024). |
Mes yeux sont alors attirés par une teinte verte. A pas lents j’arrive dans un hall dont les ouvertures sont quasiment toutes recouvertes de lierre. Une image bien sympathique qui mérité un petit arrêt photographique. Mais ce n’est pas tout : juste à côté je distingue un accès vert un petit pont couvert menant à une autre partie de la papeterie. Me dirigeant vers celle-ci je documente la lente invasion du lierre, chose dont je ne me lasserais jamais. Et ce son de la rivière juste sous mes pieds, un bonheur ! Quelques pas plus tard je me rends compte que le joli pont plein de lierre mène à une impasse. Je retourne alors vers la papeterie, me dirigeant vers une zone pas encore explorée. |
Changement d’ambiance ! Ici, point de rivière, point de lierre, mais de grands volumes à perte de vues. Des volumes où étaient installées les immenses rotatives nécessaires à l’activité de la papeterie. En 2024, plus de vingt années après la fermeture, c’est le vide qui prédomine. Ne reste que la charpente en béton armé, à moitié brisée par endroits, et bien sûr, un grand silence qui ne devait certainement pas exister du temps du fonctionnement de l’usine… |
Un peu plus de deux heures après avoir crapahuté dans l’ancienne papeterie, la fatigue se fait sentir, tout comme un petit sentiment d’enfermement après avoir déambulé dans toutes les différentes pièces traversées. Je décide donc de me promener du côté du pont enjambant la rivière (qui n’est pas le même que celui, couvert, recouvert de lierre, vu avant). Ici, le son est vraiment fort, au point d’en être presque gênant. Pour autant, la vue est sublime. Au bout du pont, des gravats m’indiquent qu’un bâtiment fut rasé à cet endroit. Était-il intéressant ? Nous ne le saurons jamais. |
La visite étant terminée, Cafarnaom, Guillaume et moi nous abritons sous un arbre, un peu à l’abri des regards. Tranquillement, je sors mon drone et le fait décoller pour immortaliser le lieu que nous venons d’explorer. Et vu les différents bâtiments explorés, il y a de quoi documenter. Ci-dessous les photos réalisées en fin de visite. |
Si la date exacte de la construction de la papeterie n’est pas connue, on sait qu’une des premières machines à papier modernes en continu fut installée sur place au début du XIXème siècle. Une deuxième machine sera installée quelques années plus tard. La papeterie sera modernisée au milieu du XIXème siècle, période où elle acquerra sa forme «finale», employant plus de 200 personnes. |
C’est au début des années 2000 que la papeterie ferme. Sur sa fin, c’est 30.000 tonnes de papier qui sortent chaque année de l’usine. En septembre 2023 une page Facebook associative est créée dans le but est de réfléchir à une possible reconversion du site. Certains bâtiments sont qualifiés de «potentiellement valorisables», d’autres «à conserver», d’autres «à démolir». Le but serait de développer de nouvelles activités (artisanat, ateliers, lieux de transformations etc) mais aussi de l’hébergement, le tout en profitant (si possible) du potentiel hydroélectrique du site. Ci-dessous le site en 2011, 2013 et 2014 : |