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Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension. |
Automne 2024. Quelques jours avant cette visite j’avais prévu de visiter un hôtel à l’abandon situé à une heure de route de chez moi. Mais au cas où le lieu serait fermé je n’avais pas de plan B. Une heure de route pour rien (sans parler de celle pour le retour) ça aurait été dommage… Ouvrant Google Maps, je commence donc à fouiner, à regarder s’il n’y a pas de lieux à l’abandon à proximité au cas où l’hôtel serait inaccessible. Des champs, des champs, des champs, un peu de forêt, mais nulle ruine à l’horizon… Et puis, quinze minutes plus tard, à force de recherches, je trouve trois lieux situés à vingt minutes de l’hôtel. On dirait bien des lieux abandonnés. Bon, ils n’ont pas l’air fantastiques, mais on ne sait jamais ? Le jour J, je décide de commencer par aller inspecter ces trois lieux, et je me réserve l’hôtel pour l’après-midi… Le premier lieu repéré est une sorte de château/bâtisse. Lorsque je passe devant, surprise, c’est en réhabilitation. Trois engins de chantier sont garés devant, le terrain est défriché, de toute évidence ce n’est plus un lieu à explorer (et tant mieux). Retour à la voiture… Prochaine étape : une ancienne usine. Après cinq petites minutes de route je découvre un panneau sur le grillage du site industriel indiquant que celui-ci est en rénovation… Nouveau chou blanc, mais, comme pour la bâtisse vue avant, tant mieux pour le lieu. A ce moment-là j’espère quand même que le troisième lieu (présenté sur cette page) sera accessible, et sympa, sinon ça fera un peu léger pour une journée d’exploration urbaine… (Bon, après, c’est le «jeu», des fois quand ça veut pas, ça veut pas, mais quand même, c’est frustrant.) Une dizaine de minutes de route plus tard j’arrive en vue de mon objectif, qui est une simple maison abandonnée. Me voici dans un petit village constitué d’une trentaine de pavillons plus ou moins récents, le tout entouré de champs. Nul endroit discret où se garer à part devant les maisons des habitants. Cette visite se passant en semaine, je me dis qu’avec de la chance le village est désert. Et il semble que ce soit le cas en ce froid matin automnal : personne dans la rue principale. Les gens sont surement soit au boulot, soit au chaud chez eux : dans les deux cas, je ne risque de croiser personne, et c’est tant mieux, je n’ai aucune envie qu’on me prenne pour un cambrioleur. Pour autant, je ne suis pas complètement tranquille : si une personne me voit et pense que je suis un cambrioleur, il n’est pas impossible qu’elle appelle la Police (et elle aura raison). Une fois garé à une centaine de mètres de la bicoque que je compte explorer j’enfile mes chaussures de marche et me dirige vers le terrain en croisant les doigts pour que tout se passe bien. Si tout le village est plongé dans le silence, au loin j’entends le ronronnement d’un tracteur occupé à labourer le champ situé derrière la maison abandonnée. L’engin passe et repasse à une dizaine de mètres de la bâtisse. Moi qui comptais passer par le champ, il va falloir trouver autre chose... Je me dirige donc vers l’abribus situé devant le mur qui ceinture le terrain où est située la maison. Un abribus situé au milieu du village. Coup de chance, je découvre que le mur situé derrière l’abribus est largement effondré : il n'y a qu’à se faufiler dans la brèche, ce que je fais immédiatement en priant pour qu’aucune voiture ne passe à ce moment-là (et heureusement pour moi, c’est le cas). Quelques dizaines de secondes plus tard, me voici sur le terrain. Celui-ci est envahi de ronces et autres arbustes, signe que le site n’est (à priori) plus entretenu depuis un bon moment. Du fait de cela, ma progression est relativement simple, mais lente. Ecartant les arbustes au fur et à mesure, je me dis que j’ai de la chance de ne pas venir en été : aujourd’hui, en plein automne, nul moustique pour me dévorer, nulles orties pour me piquer à travers le jean, pas trop de feuilles aux arbres : je peux voir vers quoi je me dirige ! Bon, il reste tout de même le sol trempé et le froid, mais ça va, rien de méchant. Le stress de ne pas être vu anesthésie tout ça… Allez, plus que quelques pas… Et voilà ! Me voici enfin devant cette maison abandonnée repérée tout seul. Je dois avouer que je suis assez fier de l’avoir trouvée sans regarder les photos des autres, ou sans qu’on me l’ai indiqué. La visite sera-t-elle intéressante ? Aucune idée. Me dirigeant vers l’entrée principale, je constate que tout est assez petit : petite porte, plafond bas… Signe que la bâtisse est relativement ancienne ? Peut-être. La première pièce que je visite semble être la salle à manger principale. Sur les murs, des tags. Même ici, en pleine campagne, loin de tout, des tags ?! Etonnant. Enfin, ce ne sont pas vraiment des tags, plutôt des inscriptions. Des phrases comme : «Les anciens gentils sont devenus détraqués» ou «J’écris sur les murs car je suis un artiste»… Rien de bien transcendant, mais ça donne une certaine ambiance. Au sol, divers détritus indiquent que des gens viennent de temps en temps squatter ici, probablement pour fumer ou boire, passer le temps, comme tant d’ado le font. |
Devant le triste spectacle de la salle principale, je me dis que la suite de la visite sera similaire. C’est donc sans grand enthousiasme que je me dirige vers une autre pièce, et là, surprise, un vieux lit ! Enfin, ce qu’il en reste, mais quelle beauté ! Pourquoi n’est-il pas complètement vandalisé ? Aucune idée, mais il a une sacrée allure. Je reste un petit moment à l’admirer, et à contempler le travail d’ébénisterie. Plus loin, je découvre deux autres pièces : une deuxième salle à manger, et une salle de bain. Assez délabrées, il reste cependant quelques petites choses à voir. Des choses que je ne pensais pas apercevoir en découvrant la première pièce : ballon d’eau chaude, bidet, meubles divers... Peut-être qu’ici tout est plus préservé car c’est dans le noir ? Peut-être bien. En tout cas il y a là une vraie ambiance de maison abandonnée «depuis bien longtemps» réellement fascinante. Inspectant le plafond, je vois que celui-ci est effondré à certains endroits. Il faudra faire attention en visitant le grenier… |
Petite originalité : le grenier n’est pas accessible depuis l’intérieur de la maison. Pour y accéder il faut sortir de la maison, gravir quelques marches situées à côté de la porte d’entrée, ouvrir une porte puis emprunter un petit escalier grinçant. Une fois en haut, l’ambiance y est particulière : cet espace, majoritairement vide, possède un charme certain. Pourquoi ? A cause des nombreux vieux documents éparpillés un peu partout à côté d’une vieille malle qui a connus des jours meilleurs. Pêle-mêle, des reçus de commandes, des publicités pour des produits, pour des cuisines, pour une pièce de théâtre, quel fouillis ! «Le Voyage» eut un immense succès lors de sa création en 1937. Pour en savoir plus, lisez la page Babelio. A côté, une vieille réclame pour les cigarettes «Naja» (Tabac d’Orient). Impossible de ne pas être fasciné par le visuel qui peut faire (un peu) peur avec ce visage derrière le cobra... Le point commun de presque tous les documents éparpillés ? Ils datent tous plus ou moins du milieu des années 30. Au moment de ma visite (2024) ils ont donc tous à peu près 90 ans. S’il y a bien quelque chose dont je ne me lasserais jamais en visitant des lieux abandonnés, c’est cette sensation de voyager dans le passé via de vieux documents. |
Une fois redescendu, je bifurque à droite et me dirige vers la suite de la visite. Je découvre alors la partie «atelier» de la maison : vieilles pierres, outils antiques et rouillés, vieux matériel décrépi… J’ai déjà vu tout cela tant de fois mais là encore je ne m’en lasse pas (trop). La toiture étant endommagée, une jolie lumière (et un peu de végétation) compose un joli tableau de l’abandon. |
Tournant les talons, je me dirige vers ce qui m’apparait être la dernière étape de ma visite : une deuxième partie «atelier», qui s’avère en fait être le garage. Mais à peine ai-je le temps de me demander si je trouverais dedans quelque chose d’intéressant que cette chose me saute aux yeux : une voiture ! Et pas n’importe laquelle : une Mercedes W126. (Merci Stéphane pour cette information.) Autant je ne suis pas vraiment fasciné par les voitures, autant là c’est une jolie surprise que de se prendre ces belles lignes métalliques dans les yeux quand on ne pensait pas trouver quoique ce soit d’intéressant dans cette partie de la maison. De toute évidence la voiture n’a pas roulé depuis un bout de temps... Plus de vignettes d’assurance, plus de pare-brise, plus grand-chose, mais le charme de cette belle épave remplit tout le garage. D’ailleurs à propos de ce garage, je regrette de ne pas m’y être plus attardé car il est encombré de tout ce qu’on peut imaginer trouver dans un garage, mais également de vieux meubles et de livres. Un fouillis que je n’ai pas trop exploré, préférant me focaliser sur la Mercedes. |
Mon exploration étant terminée, je range mon matériel et sourit : je suis heureux de m’être déplacé. Le lit dans la chambre à coucher, le grenier et ses vieux documents, le garage et sa Mercedes… Vraiment une chouette petite visite sympathique comme je les aime. Est-ce que j’y reviendrais ? Oui, mais alors en été, comme ça j’aurais moins froid aux pieds. Ci-dessous des vues aériennes de la maison de 1993 à 2020. |