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Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension. |
Cela faisait deux ou trois années que je voyais passer «la» photo à prendre dans cette ancienne décaperie. Voyant qu’à priori il n’y avait rien de vraiment intéressant à documenter dans ce lieu à part cette fameuse vue (mon but est de proposer des reportages, pas poster une unique photo) je ne cherchais pas l’emplacement de ce lieu… Puis, en 2025, à l’occasion d’un road trip, une de mes camarades de voyage, Aude Le Gallou, proposa d’explorer cette ancienne décaperie abritant la fameuse «vue à ne pas rater». Situé entre deux lieux à l’abandon, nous ajoutâmes ce lieu sur la liste d’endroits abandonnés à visiter, en nous disant que nous pouvions bien prendre une petite heure pour bien photographier la fameuse vue à ne pas rater… Car comme vous le verrez plus bas, la vue en question est une perspective qui vaut effectivement le coup d’œil. Une fois garé, c’est sous une petite pluie fine que nous nous dirigeons vers la décaperie. Par où entrer ? Il y a bien une route tout ce qu’il y a de plus officielle, mais après être arrivé au bout, à quelques mètres d’une grille bien fermée, nous apercevons trois caméras sur le site. Fonctionnent-elles ? Impossible à savoir. Mais le reste du site n’est peut-être pas surveillé, alors nous bifurquons vers la droite, longeant la clôture, et c’est tout naturellement que nous nous mettons à suivre un chemin tracé par d’autres visiteurs avant nous. Deux fois je vois des lapins s’enfuir à notre approche. Il faut dire que le site est entouré d’une assez grande zone verdoyante composées de petits arbustes et autres ronces. Idéal pour nos amis les lapins ! Quelques instants plus tard, comme je l’avais espéré, nous voici dans la place. Des caméras en vue ? Pas le moins du monde. Je ne me souviens plus si lors de la préparation du road trip nous avions pris le temps de repérer où était située la fameuse perspective, mais au bout de quelques pas, contournant le bâtiment principal, elle s’offre à nous ! Ci-dessous, deux photos prises au drone montrant l’ouverture par laquelle on la découvre : |
Ci-dessous, la fameuse perspective. Vertigineux est le mot pour cette sublime cathédrale de béton. Au point que, au moment de sortir mon appareil photo, j’en viens à me demander comment faire pour documenter cette partie de la décaperie sans faire «la même photo que tout le monde». Et puis quelques instants plus tard je m’en fiche : faisons la même photo ! Et si possible en posant dessus pour se rendre compte de la taille du truc. Niveau profondeur, la perspective fait environ 160 mètres de long, sur cinq ou six étages de haut. Plus loin lors de la visite nous tomberons sur une autre perspective tout à fait idetique, située symétriquement à la première, et moins éclairée. Celle présentée sur cette page est «le» point de vue le plus photographié, et ça se comprend. La question est : à quoi servait cette partie de la décaperie ? Et bien je n’ai pas de réponse documentée à apporter, si ce n’est que si l’on regarde bien on voit que de nombreux éléments ont été dessoudés, ce qui implique qu’il y avait cinq ou six niveaux en caillebottis les un au-dessus des autres, où j’imagine que l’on décapait les pièces métalliques. L’eau utilisée lors de l’opération tombait alors par gravité tout en bas, ce qui explique la quinzaine de centimètres d’eau qui empêche d’aller voir ce qui se passe tout au fond de la perspective. |
Si l’on regarde au-dessus de soi face à la perspective, on aperçoit un immense ascenseur monte-charge. Les pièces étaient sûrement acheminées depuis l’extérieur, posées sur le monte-charge, puis amenées aux différents niveaux où elles subissaient le décapage. (Encore une fois, je ne fais que supposer tout cela.) |
Ci-dessous, d’autres photos prises dans la même «pièce» afin de ne pas juste monter la perspective. Un peu partout, des gravats, des déchets, et surtout une eau à priori bien sale, où Aude a néanmoins pu apercevoir un têtard ! La vie suit toujours un chemin… |
La visite de la décaperie continue en visitant d’immenses halls où (pour le coup) je me demande vraiment ce qui s’y passait. A première vue, il semble que c’était de grands entrepôts dans lesquels étaient stockés les pièces à décaper. Peut-être que c’était aussi là où l’on entreposait les pièces après le décapage, je ne sais pas trop. En tout cas on peut constater que le vent à fait pas mal de dégâts dans cette partie du site… |
Aude, Guillaume et moi continuons notre visite en allant tout au bout du grand entrepôt, ce qui nous amène à l’entrée du site où nous découvrons les caméras vues en début de visite (elles ne fonctionnent pas) et la deuxième perspective, identique à la première, mais dans l’autre sens. Revenant sur nos pas, il semble bien que l’exploration de la décaperie est terminée, quand tout à coup, une porte nous mène à une partie que je ne pensais pas du tout contempler en venant sur place. Que se passait-il dans cette partie de la décaperie ? Je n’en ai pas, mais alors vraiment pas la moindre idée. Mais quelle beauté que ce grand bassin photogénique ! Ce mariage de turquoise et de pourpre, un régal pour les yeux. Pour ce qui est de l’eau, j’imagine que mieux vaut ne pas y tomber, car, outre qu’elle ait l’air sale, tout ça pourrait bien être toxique : |
Ci-dessous d’autres photos prises au niveau supérieur de cette partie de la décaperie. A quoi servait ces immenses volumes ? Je n’en ai aucune idée, et c’est vraiment ce que j’aime avec les sites industriels : le cerveau tourne à toute vitesse pour tenter de comprendre ce qui se jouait ici. Sans avoir de réponse, certes, mais quel plaisir d’être dans un «autre» monde ! On n’oublie cependant pas que ce monde fascinant à visiter est aussi le résultat d’emplois disparus… |
Fascinés par le site que nous avons visité, nous revenons sur nos pas et commençons à chercher sur nos téléphones l’histoire du site. Rapidement nous trouvons quelques informations : la décaperie démarra (semble-t-il) son activité au début des années 80. Surprise : on n’y faisait pas que décaper, on y produisait aussi de l’acier tendre, au carbone ou inoxydable. Au printemps 2009 le site fut mis en sommeil en attendant un repreneur. C’est au milieu des années 2010 que la décaperie fut vidée. Tout partit vers d’autres sites industriels, et ce qui restait fut rapidement pillé par les récupérateurs. Aujourd’hui, la décaperie est toujours là, complètement vide, et les seuls sons que l’on y entend sont les gémissements des tôles tordues se balançant dans le vent. |


