![]() |
|
Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension. |
Voici un lieu bien connu de l’exploration urbaine que j’ai eu l’occasion de visiter lors d’un road trip avec des amis. Repéré rapidement en fin de journée, c’est le lendemain matin que la visite s’est faite. Après s’être garé assez loin, Aude et moi nous engageons dans la friche industrielle. De quoi s’agit-il ? De ce qui reste d’une ancienne mine, dont l’exploitation s’est étendue du début du XXème siècle à la fin des années 90. Pourquoi tout n’a-t-il pas été démoli à la fermeture ? La page Wikipédia du site indique que certains éléments (présentés sur cette page) ont été préservés pour «témoigner de la présence de la mine et de son exploitation passée». Je m’interroge sur cette conservation sans aucune sécurisation, car le site est aussi accessible que (très) dangereux. Mais c’est aussi grâce à la préservation de ces bâtiments que je peux documenter ce qui reste de cette exploitation minière. Ma visite débute par une petite salle où nous découvrons des énormes roues. Leur utilité est un mystère pour moi, mais visuellement c’est magnifique. Documentant en silence la pièce je me demande si le volume du bruit des roues était élevé, ou si c’est un simple ronronnement. Est-ce qu’elles tournaient en permanence ? Seulement à certains moments ? Niveau matière et textures, cette pièce est fantastique. En venant ici je ne m’attendais pas à ce qu’il reste tout cela sur place. En fait de ce lieu je n’avais vu qu’une seule photo qui m’avait motivé à venir. Situé derrière les roues se trouve une cabine, avec un fauteuil toujours en place ainsi que quelques leviers permettant (un peu) de se faire une idée du travail de la personne qui était affectée ici. Le poste était-il permanent ? Fallait-il rester assis là toute la journée ? Encore un mystère qui serait facilement résolu avec une visite patrimoniale ou le témoignage d’une personne ayant travaillé ici. Ci-dessous des photos de ce premier bâtiment visité : |
Sortant de salle aux roues, je me dirige vers un autre bâtiment, visiblement bien plus grand, et dans lequel je ne m’attends pas (là encore) à trouver grand-chose à documenter. Je m’aperçois alors que je me trouve dans les douches. Nul besoin d’expliquer ce qui se passait ici. L’ambiance y est assez paisible lors de ma visite, mais impossible de ne pas penser au fait que les mineurs étaient recouverts de charbon de la tête au pied et que les eaux partant dans les canalisations devaient rarement être transparentes. Je pense aussi aux maladies liées au charbon, à Germinal, aux conditions de travail… |
Bifurquant à une intersection, je découvre un couloir me menant à une autre partie du bâtiment, assez impressionnante je dois dire : les bureaux. Je vous laisse contempler la majesté de la grande salle ci-dessous. De part et d’autre des couloirs partent, desservant diverses pièces à la fonction administrative aujourd’hui passée. Murs de briques, revêtements de plâtre s’effritant au contact de la main, papiers peints effilochés qui bougent avec le vent, l’ambiance ici est assez prenante. Au sol je découvre un document témoignant du passé du site émouvant. Date-t-il de quand la mine était en activité ? Ou est-ce un document distribué lors d’une visite patrimoniale ? Je ne saurais dire. Je ne l’ai pas pris dans mes mains pour vérifier, je l’ai laissé là, dans la poussière, les gravats et les feuilles mortes. |
Revenant sur mes pas, je traverse à nouveau les douches et me dirige vers l’autre partie de ce grand bâtiment. Quelle n’est pas ma surprise de découvrir la salle des pendus ! En venant ici je pensais que le site était complètement vide, et en fait ce n’est pas du tout le cas : du plafond pendent des milliers de chaînes. Celles-ci servaient à y suspendre le matériel des mineurs (tenue, casque etc). Quelle sensation étrange de déambuler dans cet espace où les chaînes continuent toujours à se balancer tranquillement, comme elles devaient le faire quand la mine était en activité. S’il y a quelque chose qui n’a pas changé ici ce doit être ça : cet éternel balancement. Ci-dessous des photos : |
Quelques pas plus loin, me voici dehors. Je prends en photo un petit aperçu de la façade du bâtiment comprenant le beau et grand hall puis me dirige vers le chevalement toujours debout situé face à la salle des roues vues en début de visite. Gardant le chevalement pour plus tard (je suis venu avec mon drone) je me dirige vers ce qui est l’endroit le plus photographié du site. |
Elle est belle cette salle des machines. Elle est même très belle. Pas étonnant que tout le monde la prend en photo vu la classe de cette façade, magnifique vue de l’intérieur, orientée sud, parfaite pour des photos en lumière rasante. En voici l’extérieur : |
Et voici la vue lorsqu’on y entre : |
C’est une fois à l’intérieur, lorsque l’on se retourne, que la magie opère. «Sublime» est un mot trop faible pour décrire la beauté de cette architecture. Bien sûr, ce n’est pas le bâtiment tout entier qui est fantastique, c’est «juste» sa façade, et encore, vue de l’intérieur, mais pardon, on ne voit pas ça tous les jours en explorant des lieux abandonnés ! Admirez-moi cette verrière, cette perspective, qui devait être encore plus belle quand les machines étaient installées de part et d’autre de la salle… Je ne résiste pas au plaisir de me placer dans l’image le temps d’une photo, afin de montrer l’échelle humaine. Quelle beauté, cette verrière. |
Dans un autre style, le reste de la salle des machines est tout aussi plaisant : petit dédale de béton, certains recoins sont franchement photogéniques avec ces escaliers et cette ambiance froide et brutale qui en me laisse pas indifférent. Comme pour beaucoup de sites industriels, ce qui me fascine c’est de ne pas savoir à quoi servait telle ou telle partie. Je me promène donc sur place à l’improviste, me perdant parfois, revenant sur mes pas dans cet «autre monde» qui devait être parfaitement logique et compréhensible pour les gens qui y travaillaient, mais qui demeure un (beau) mystère pour moi. |
La visite n’est pas terminée : après la salles des roues, les douches, les bureaux, la grande pièce, la salle des pendus et la salle des machines, j’arrive à la salle de contrôle, accolée à la salle des machines. Encore une fois, avant de venir je n’avais vu que la verrière en photo, donc tout ce que je découvre lors de cette visite est une surprise pour moi. Toute la «beauté» de l’exploration urbaine est là : des machines endormies, rouillées, taguées et cabossées au fil des années, des débris de faux plafond rendant le sol spongieux et glissant par endroits, des boutons, des leviers, des manettes, des manivelles, du verre brisé, et bien sûr, de la mousse et des plantes un peu partout. Un parfum de fin du monde dont je ne me lasse toujours pas. |
Après avoir passé un petit moment dans la salle de contrôle, je me dirige vers un des deux chevalements toujours debout. L’un d’eux étant grillagé, je me dirige vers l’autre, ouvert. L’intérieur est intéressant, on peut encore très bien s’imaginer le trajet des mineurs s’engageant dans les ascenseurs et descendre dans le puits (recouvert d’une grande dalle de béton aujourd’hui). Détail sympa : il reste toujours du matériau sur place. L’occasion de faire quelques photos rapprochées… |
La visite est-elle terminée ? Non, il reste encore deux bâtiments à explorer, mais je dois avouer qu’à ce stade de la visite la fatigue se fait un peu sentir, alors je file dans un coin du site et je décide de me reposer les jambes en prenant des photos avec le drone. Ci-dessous le résultat de mon survol du site, en espérant que cette visite vous aura plu. |
Comme indiqué en début de page, ce site minier date du début du XXème siècle. L’activité s’arrêta à la fin des années 90, et c’est au début des années 2000 que furent démolis de nombreux bâtiments. Même si ce lieu est très connu, je n’en dirais pas plus sur son histoire, je vous laisse la découvrir par vous-même en effectuant vos propres recherches. C’est aussi ça l’exploration urbaine : chercher (et trouver) par soi-même. Ci-dessous une vue du site en 1947 vraiment chouette. J’ai colorié en vert les bâtiments toujours debout lors de ma visite : c’est fou comme le site était bien plus occupé à cette époque ! On distingue bien d’autres installations : citerne, tours de refroidissement, tant de choses dont il ne reste aujourd’hui plus aucune trace. |
Ci-dessous, trois vues aériennes montrant le site en 1961, 1982 et 1989. Comme la vue de 1947 ci-dessus elles permettent bien de se faire une idée de l’activité du site. |
Enfin, ci-dessous, deux vues montrant le site à l’abandon
en 2009 et 2012. |