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Petite
précision : ce spot est un des lieux les plus connus de
l'exploration urbaine, si ce n'est le plus connu je pense ? J'ai
bien conscience qu'il est ridicule de ne pas dire où il se situe,
de ne pas l'appeler par son vrai nom et de le nommer «Croiseur
sur la Colline» alors que tout le monde sait de quoi il s'agit,
mais je ne le ferais quand même pas, n'étant pas très
fan de la méthode «Tout le monde dit où c'est, alors
ça ne change rien si je dis où c'est à mon tour.»
J'aime bien inventer des noms, c'est rigolo. Ceci dit, comparé
à d'autres spots, sur cette page je me permettrais de parler
un peu de l'histoire du site vu sa renommée. Fin de la petite
précision. |
Cela fait bien
une dizaine d'années que je vois passer ce lieu, mais je n'ai
jamais vraiment pris le temps de m'y déplacer. Pourquoi ?
Parce que même au début des années 2000 j'avais
vu des photos et le lieu était tellement ravagé que je
l'avais mis de coté, préférant visiter des endroits
moins destroy (et plus proches, aussi). Le hasard a fait que j'ai rêvé
que je venais visiter ce lieu, et à ma grande surprise il était
démoli. Ne restaient plus que les deux grands escaliers, probablement
car c'est la seule chose encore intéressante sur ce site... Je
ne sais pas trop quoi penser des rêves prémonitoires, mais
ce rêve me motiva pour aller voir ce sanatorium avant qu'il ne
soit complètement rasé et que je regrette de ne pas l'avoir
fait. Cette visite commence par un peu de marche dans la forêt. Pas bien longtemps, juste une vingtaine de minutes. J'aurais pu me garer bien plus près et passer par une voie plus facile, mais j'ai préféré rester un peu discret au cas où, et arriver par le bas de la forêt a un certain charme (ah, l'odeur de la forêt en automne). On emprunte un chemin de randonnée, on passe par-dessus un vieux mur de béton pas du tout infranchissable, quelques barbelés rouillés. Une mise en bouche sympa. Mais le sanatorium (car il s'agit d'un sanatorium) serait-il toujours là ? S'il avait été démoli je pense qu'on m'en aurait parlé, mais on ne sait jamais. |
Même si je ne crois pas trop aux rêves
prémonitoires, ni au paranormal en général (il
ne m'est jamais rien arrivé d'étrange durant mes visites),
j'avais quand même un peu d'appréhension. Mais une fois
la montée terminée je respire : une masse grise
se dessine peu à peu : c'est bien ça, le sanatorium
est toujours là. Et c'est avec un peu d'émotion que
je le découvre, car il me ramène plus d'une dizaine
d'années en arrière, lorsque je regardais ce lieu avec
des yeux de novice, et qu'il me paraissait impressionnant. Qu'en sera-t-il
aujourd'hui ?
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La forme qui se dessine sous nos yeux (lorsqu'on arrive par là où je suis arrivé) est fascinante. Oui il y a des tags, oui c'est ruiné, etc, mais quand même, il a de la gueule, ce bâtiment. Le couloir en courbe sur la gauche est cool, l'escalier est magnifique (il y en a un autre identique à l'autre bout du bâtiment) et les balcons en escalier sont originaux. On dirait presque une ancienne usine, ou un vaisseau Star Wars écrasé ici il y a bien longtemps... |
Le fait d'être venu en automne
me plait également beaucoup : pas trop de feuilles aux arbres,
idéal pour mieux appréhender la taille du site, et lumière
rasante de fin de journée... Allez, on va faire le tour et commencer
par le petit bâtiment sur la gauche. |
Toutes les vitres sont brisées. Le lieu étant abandonné depuis la fin des années 80, il a du en voir de toutes les couleurs, et pas qu'au niveau des tags. Un peu partout au sol, des billes d'airsoft et de paintball. C'est vrai que c'est le lieu parfait pour ce genre de chose. Le petit bâtiment que je visite en premier est littéralement ravagé. |
Au détour d'un couloir, j'entends un son étrange qui fait un peu peur. Passant timidement la tête par l'entrée de la pièce, je constate que ce n'est que le vent qui fait danser des bâches plastiques (installées ici dans un but inconnu). Vidéo ci-dessous. |
Aucun meuble ou objet, juste des pièces dont le plafond est complètement noir. La lumière rasante est cependant un bon atout, elle donne un peu de chaleur au lieu. Après une rapide visite, j'aperçois par une fenêtre le grand escalier : il est temps d'aller visiter ça ! |
L'intérieur du sanatorium est un peu moins
ravagé que le petit bâtiment par lequel je suis entré.
Moins de plafond cramés, et aussi pas mal d'ouvertures qui
illuminent le lieu et le rendent un peu moins flippant. Oui, flippant,
car mine de rien, il fait un peu peur cet immense couloir que l'on
trouve à chaque niveau. Deux cent mètres de perspective,
et à chaque fois la flippe de voir quelqu'un au bout, qui se
mettrait à courir dans ma direction. J'ai beau visiter ce genre
de lieux depuis un petit moment, je regarde encore et toujours derrière
moi toutes les trente secondes, et je passe la tête timidement
par l'encablure de la porte quand j'arrive dans une nouvelle pièce.
On ne sait jamais. Surtout que vu la grandeur du lieu, une personne
pourrait très bien s'y promener sans que je l'entende.
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Je découvre
le grand escalier, chose que j'avais le plus hâte de voir - et
dont j'avais rêvé. Et je ne suis pas déçu,
il valait vraiment le déplacement. Desservant les quatre niveaux
du sanatorium, il tourne jusqu'au sommet, sublimement percé de
centaines de fenêtres, laissant entrer une jolie lumière
qui met en valeur les nombreux tags bien colorés présents
sur place. Bien massif, je suis surpris qu'il soit toujours encore en
aussi bon état, vu qu'il date quand même des années
trente ! Sur le coté, l'ascenseur ne fonctionne évidemment
plus depuis le temps. Hors d'usage, il est encombré de débris
jetés dans le vide depuis la fin des années 80. A l'autre
bout du bâtiment, il y a un autre escalier, identique, mais moins
bien éclairé par le soleil. |
Le reste de
la visite sera un peu moins intéressant. Je visite les anciennes
chambres des patients, avec les fameux balcons disposés devant.
Tout est dévasté comme le reste, mais ces balcons/terrasses
sont assez sympa à prendre en photo. Et toujours ce silence un
peu oppressant dans le grand couloir, que je ne traverse pas trop, préférant
passer par les chambres, pour ne pas me faire voir. Encore une fois,
on ne sait jamais. Plus je parcours le site, plus je me dis que j'aurais
bien aimé jouer à l'airsoft là-dedans, quand j'en
faisais un peu avec des amis il y a une dizaine d'années. La
dernière fois que j'ai vu des airsofteurs, j'ai joué au
photographe de guerre, il y a des photos ici
et là.
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Après avoir parcouru le site une petite dizaine de minutes, je fais une petite pause le temps d'apprécier ce qu'il y a (pour moi) de mieux dans les explorations par temps frisquet : un thermos de thé. Je m'assois tout en haut du grand escalier, profitant que le soleil se soit caché quelques instants, et je profite de la belle vue en écoutant le silence. C'est vraiment cool ce silence dans les lieux abandonnés. Sauf quand il est interrompu par quelque chose qui fait peur : en bas j'entends des traces de pas dans les feuilles mortes. Des airsofteurs ? Des tagueurs ? La Police ? Les Pompiers ? Rien de tout ça en fait : juste un type qui promène son chien. Il passe à coté du sanatorium, n'entre même pas dedans, puis passe son chemin. Le soleil ressort un peu des nuages, je finis mon thé et file profiter de la lumière dorée pour immortaliser cette forteresse, ce croiseur intergalactique écrasé en haut de la colline. |
Ci-dessous, l'autre grand escalier, situé à l'opposé de l'autre. |
En descendant le grand escalier, j'aperçois
un liquide rouge sur deux ou trois marches. Il est encore tout frais.
Aucune idée de ce que c'est, peut-être du faux sang pour
un shooting zombie ? M'approchant d'une des petites flaques,
je constate que l'un d'elle a une forme particulière... L'affiche
du film "The Wall" de Pink Floyd ? Ou "Le Cri"
de Munch ? A vous de décider.
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Quelques parties du sanatorium sont un tout petit
peu humides, l'occasion de photographier le grand couloir, et son
reflet, ci-dessous.
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La visite est terminée. Je fais une dernière photo de ce (majestueux) croiseur posé en haut de la colline, et repart tout content d'avoir enfin visité ce spot que je connaissais depuis tant d'années, et que je n'avais jamais pris le temps de faire. Oui ce lieu est ravagé, oui il n'y a plus rien, oui il est tagué, mais il conserve tout de même beaucoup de charme de part sa forme originale et sa fonction qui donne un petit coté flippant au lieu (des gens sont morts ici).
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En début de page je vous avais dit que je vous parlerais un peu de l'histoire du lieu. Voilà un résumé : le bâtiment fut construit au début des années trente, avec pour fonction d'accueillir des malades atteints de tuberculose. Sur la colline, il y a un deuxième sanatorium, situé un peu plus bas, identique, mais symétriquement inversé au premier (actuellement loué pour des tournages.). Il y a également un autre bâtiment, encore en activité. Ci-dessous, deux images de la construction du bâtiment que j'ai visité. La deuxième est cliquable pour la voir en plus grand. |
Au milieu des années
trente, le sanatorium, alors en pleine «gloire», accueillait
plus de quatre cent patients. Début 1940, situé en pleine
zone de guerre, le sanatorium dut évacuer ses patients ailleurs.
Quelques mois plus tard, le lieu fut réquisitionné pour
devenir le premier «Camp d'Internement Administratif de la Zone
Nord». En tout, environ 1500 prisonniers (hommes et femmes) furent
détenus sur place, et une centaine furent déportés.
La quatrième photo ci-dessous (avec les barbelés) date
de l'époque où le lieu était un camp d'internement.
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Ci-dessous des photos de l'interieur du sanatorium.
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De 1942 à 1943,
le sanatorium devint un centre d'entrainement pour les miliciens. Il
rouvrit ses portes en 1946, mais l'arrivée des antibiotiques
et le recul de la tuberculose (combinés au fait que le bâtiment
n'était plus aux normes) firent que le lieu fut quelque peu modifié.
Ainsi, au début des années soixante-dix, c'était
un centre médical «normal». Le lieu ne tint malgré
tout pas le coup face aux normes toujours plus exigeantes de la médecine.
Ainsi, les deux bâtiments principaux du site fermèrent
à la fin des années quatre vingt. Trente ans plus tard,
ne reste qu'une carcasse, au demeurant assez belle. |
Aparté : Bien moins tagué, et pas destroy, le deuxième sanatorium situé sur le même domaine sert de décor à des films. Le final du film "Le Serpent" (2007) a été tourné sur place. On pourrait presque penser que ça a été tourné dans celui que j'ai visité.
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Je n'ai trouvé
aucune vue aerienne montrant le bâtiment lors de sa construction.
Ci-dessous des images allant de 1946 à 1987, c'est à dire
des vues montrant le site en activité. |
Et maintenant, des vues
allant de 1988 à nos jours. Pour connaitre l'année de
la vue, il vous suffit d'enregistrer l'image. On constate bien la vegetation
recouvrant le site peu à peu... |
Ci-dessous une vue de 1999, année à laquelle le lieu fut classé Monument Historique. |
Ci-dessous une vidéo
tournée le 21 Mars 2022 : |
Ci-dessous des photos
faites le même jour que la vidéo ci-dessus : |