Important : Pour des raisons de confidentialité, de conservation, de sécurité (etc) je ne donnerais pas la localisation de cet endroit. Merci de votre compréhension.

Voici une maison repérée par hasard au cours d’une promenade à vélo avec des amis. La lugubre maison aux fenêtres ouvertes m’avait tapé dans l’œil avec son lierre et son portail rouillé entrouvert, comme une invitation... Pour autant, ayant une mémoire de poisson rouge, j’oubliai de la noter sur ma carte le jour-même, et finissais par l’oublier.

Et puis, trois ans plus tard, l’ami avec qui nous étions passé devant en vélo m’envoie des photos de l’intérieur de la maison, prises lors d’une autre promenade en vélo. Les photos montraient un intérieur ravagé, squatté, en vrac, mais aussi incendié. Voyant que la bâtisse risquait (probablement) de finir démolie dans un futur proche, je décidai de m’y rendre en compagnie de mon camarade de vélo afin de documenter ce qu’il en restait.

Une fois garé à dizaine de mètres, la maison a le même aspect que lors du premier repérage. Toujours cet aspect un peu lugubre, et ce lierre grimpant sur la bâtisse. Si cette première vision semble prometteuse en termes d’exploration, la deuxième photo montre un arrière tagué, signe que la maison a dû subir d’innombrables visites pas forcément bien intentionnées... Mais qu’importe, je suis venu là pour documenter un lieu qui va disparaitre, alors allons-y.

C’est par le portail entrouvert que nous entrons. A ce moment mon camarade me fait remarquer que lors de sa récente visite (celle où il prit les photos qu’il m’envoya par la suite) il était entré par un pan de mur effondré donnant sur la rue. Et effectivement, c’est plus simple que de passer par le portail ! Une fois entré dans la propriété je prends donc un cliché (première photo ci-dessous) depuis cet accès. A l’époque de cette visite nous sommes au printemps mais la végétation camoufle déjà un peu la maison. L’été elle doit être complètement invisible depuis le point de vue du mur effondré. Quelques pas plus loin, je documente la façade avant, et arrière. Des tags, des feuilles mortes, des détritus, le décor typique de l’exploration urbaine...

La visite débute par la véranda, datant probablement des années 80, et jurant méchamment avec le reste de la maison. Curieusement, tout a été tagué dans cette véranda, mais rien n’a été cassé. Probablement pour ne pas que les voisins (habitant juste à côté) appellent la Police. Peut-être aussi que, la maison ayant été squattée, ça n’aurait pas été très malin de briser la véranda et laisser entrer le froid…

Mais c’est par la cuisine que débute «vraiment» la visite. Une cuisine qui donne accès à la pièce principale, et, curieusement, à une salle de bain ! C’est la première fois que je vois ça. Le reste n’est pas bien original : tout a été vandalisé dans les règles. Bien sûr, il reste encore divers objets sur place, et c’est d’autant plus triste : voir qu’elle a été retournée et qu’il reste encore énormément d’objets liés aux personnes ayant vécu ici, c’est perturbant.

Chose originale : sur la table, au milieu de livres, magazines et autres documents personnels, je tombe sur une maquette du satellite «D2B» du CNES. L’inscription dit aussi «Maitrise d’Œuvre Matra Expériences du LAS et LPSP». Est-ce que la personne qui vivait ici travaillait à Matra ? Histoire d’apprendre quelque chose, le satellite en question (D2B, également appelé «Aura») fut lancé le 27 Septembre 1975 par une fusée Diamant BP4. Sa fonction : «mesurer le rayonnement ultraviolet lointain émis par le Soleil et des sources diffuses telles que le milieu interplanétaire et interstellaire ainsi que les galaxies.» Source : Wikipedia. «Aura», parfait pour donner un nom fictif à cette maison.

Le temps de gravir quelques marches, et me voici à l’étage. A pas lents, j’évolue dans la pièce ayant subi un grave incendie, et dont mon camarade de vélo m’avait envoyé une photo. Sentant que le plancher n’est pas très sécure, je prends quelques clichés et ne reste pas longtemps sur place…

Enfin, la visite de cette maison au triste destin se termine par un grenier, qui recèle quelques trésors inavouables, entreposés ici par l’ancien occupant j’imagine. Pêle-mêle, des revues érotiques, pornographiques, cinématographiques, photographiques etc. Mais si tout cela est vite lassant, il faut dire que la couverture psychédélique du Playboy «Gala Christmas Issue» n’est pas inintéressante d’un point de vue graphique. Tout comme ce Pariscope de 1983 avec «Le Retour du Jedi» en couverture, plutôt collector ! De quoi avoir la célèbre musique du film dans la tête pendant que je range mes affaires et que je quitte les lieux… Quel sera le futur de cette maison ? Aucune idée. Je doute qu’elle soit rénovée un jour, mais on ne sait jamais ?

Je n’ai pas réussi à connaitre l’histoire de cette maison, mais une chose est sûre, elle est très ancienne : la première vue aérienne où elle apparait date de 1953, ci-dessous.

Ci-dessous, des vues aériennes allant de 1959 à 2018 :