Un beau jour, alors que ça faisait un bon moment que l'on m'avait indiqué d'aller voir cette maison, je me suis dit «Bon, une baraque située en pleine zone pavillonnaire, elle aura très certainement été visitée de nombreuses fois, taguée, dégradée etc», mais il n'y avait qu'une seule façon de le savoir : se déplacer ! Un petit espoir subsistait cependant quant à l'intérêt d'une telle visite : la maison était située au milieu d'une sorte de tout petit bois, lui-même situé dans la zone pavillonnaire. Une sorte de petite zone touffue, qui devait très certainement appartenir au propriétaire de la maison, et qui rendait cette dernière totalement invisible pour les gens ne connaissant pas son existence. Ainsi camouflée, la baraque pouvait avoir été un peu préservée... Ce vague espoir me motiva pour faire la route.

Une fois sur place, comme je l'avais vu sur Street View, l'accès au petit bois était d'une simplicité enfantine. Passer par un trou de grillage large de un mètre est à la portée de tout le monde. Mais cela voulait aussi dire que la maison avait dû être visitée pas mal de fois, et ce depuis longtemps : resterait-il quelque chose à voir ? Une minute plus tard, après avoir marché une centaine de mètres dans le petit bois, la maison fit son apparition.





Faisant le tour de la bâtisse, j'aperçois l'entrée principale, étonnamment modeste vu la taille de la maison. Quelques tags, une carcasse de vélo, des chaises cassées, étonnant de propreté pour un lieu aussi facile d'accès.





Une fois gravies les marches menant à l'entrée, bonne surprise : moi qui m'attendais à ne trouver absolument rien et que ce soit très tagué ou dégradé, je suis heureux de constater que le déplacement valait le détour : chaise, antique compteur électrique, escalier très photogénique, quelques objets ici et là... Vraiment étonnant de tomber là-dessus en pleine zone pavillonnaire.







Ci-dessous, une photo de l'entrée, zone assez difficile à photographier dans son entièreté (c'est pas très grand) quand on n'a pas un maxi grand angle. L'intérêt visuel de cette modeste entrée est multiple : la végétation que l'on voit au dehors me plait pas mal, tout comme l'escalier assez pittoresque. Mais surtout, si on fait un peu gaffe, on découvre sous l'escalier un piano (dans un état lamentable). Ces trois éléments réunis dans une même photo, ça me plait bien. A gauche sur l'image, une bonbonne d'eau, signe que le lieu a été squatté à un moment, peut-être récemment ?





Les autres pièces du rez-de-chaussée sont dans le même état de dégradation. Plusieurs objets et meubles trainent par terre, et il faut un peu faire attention où l'on met les pieds car les petits trous permettant d'apercevoir la cave à travers le plancher ne sont pas rares. Pendant que je faisais ces photos, j'ai ressenti une grande sérénité, la même que l'on peut éprouver lorsque l'on est en pleine campagne et qu'on est sûr qu'on ne va pas être dérangé. Ressentir ça alors qu'on est en pleine zone pavillonnaire montre bien à quel point ces lieux permettent de partir mentalement à des centaines de kilomètres de la civilisation tout en état en plein dedans.



















Une fois la visite du rez-de-chaussée finie, je me dirige vers l'escalier en me demandant si je vais trouver quelque chose là-haut. Après avoir monté quelques marches grinçantes, je m'arrête un instant, lève le nez en l'air et constate que les tuiles de la toiture ont tout simplement disparues. A priori il n'y a donc pas eu d'incendie, donc pourquoi les tuiles ne sont-elles plus là ? Récupération ? Intempéries ?

Une fois à l'étage, rien de bien intéressant comme on pouvait l'imaginer. Passant d'une pièce à l'autre en faisant bien attention à ne pas marcher sur les endroits où le plancher semble bien craignos, je parcoure les pièces sans rien voir de bien original. Mention spéciale quand même à cette lampe pendant du plafond et assez chouette visuellement.













La cave étant trop sombre et trop inondée pour être explorée, me voilà à la fin de ma visite. Après avoir pris en photo un morceau de papier peint (miraculeusement préservé) je tourne les talons en direction de l'escalier quand mon regard est attiré par une forme colorée à un mètre de là, à moitié cachée par les gravats.



M'approchant de plus près, je découvre alors un Tricky Bille ! En piteux état, évidement, mais un Tricky Bille quoi ! M'accroupissant, je regarde avec fascination ce jeu que je n'ai pas eu étant enfant mais auquel j'ai souvent joué à l'école ou chez des amis dans les années quatre vingt dix. Le jeu semble être dans la maison depuis très longtemps vu les feuilles mortes, les gravats, la poussière, le papier peint le recouvrant un peu.

N'osant pas le toucher, mes yeux parcourent les différentes étapes qu'il fallait passer pour réussir le jeu. Je crois que je n'ai jamais réussi à passer les petites barres métalliques. Je me souviens que pas mal de gens enlevaient la coque de l'étape «labyrinthe» pour plus de facilité (oui je sais, c'est de la triche). Ci-dessous, la publicité originale pour Tricky Bille (cliquez sur l'image pour la regarder) et juste après, une vidéo de quelqu'un qui finit le jeu en 20 secondes (respect). Source.



Repartant vers l'escalier, je m'arrête un instant sur les vitres colorées à coté de l'escalier, ainsi que sur les vêtements déposés sur l'escalier (probablement pour sécher) et qui semblent être là depuis longtemps, mais encore une fois c'est très difficile de savoir depuis quand les objets que l'on trouve dans ces lieux sont ici, vu la vitesse à laquelle le temps fait son oeuvre quand un endroit est exposé aux intempéries.



Ci-dessous, des vues aériennes de 1949, 1954 et 1967. Avant l'abandon, il y avait des jardin, une entrée sympathique avec deux chemins partant de chaque coté etc. la troisième vue (1967) donne une idée de la taille du bois à coté de la maison.





Ci-dessous, des vues aériennes de 2011, 2014 et 2016. On remarque que c'est entre 2011 et 2014 que les tuiles de la maison ont disparues. Le squelette de la toiture étant encore intact, il ne s'agit d'une récupération (légale ou non, impossible à savoir).





Ci-dessous deux vues en 3D de la maison via Google Earth.





La maison fut rasée entre 2019 et 2020.