29 Juin 2016 : Une fois la visite de la Maison au Xylophone terminée, mon camarade d'exploration du jour et moi-même nous sommes dirigés vers notre prochaine destination, un ancien restaurant, situé à une quinzaine de minutes de là. Comme pour le premier lieu, ce deuxième lieu ne m'intéressait pas des masses. Je connaissais son existence depuis un but de temps, mais n'avait jamais pris le temps d'y aller. Pourquoi y aller aujourd'hui dans ce cas ? Parce qu'une lectrice m'avait informé une semaine avant qu'une plaque «Permis de Démolir» avait été apposée sur la façade. Le restaurant risquait de ne pas passer l'été� Ca suffisait pour faire un petit déplacement.

Une fois sur place, le lieu semble très accessible. On m'avait déjà dit qu'il était vide et qu'il n'y avait «plus rien à voir à l'intérieur», mais c'est toujours mieux de le voir par soi-même, et le «plus rien à voir» est parfois subjectif. Une fois un petit muret enjambé, nos pas nous mènent à ce qui ressemble à un ancien parking en béton. Au loin, derrière une véritable forêt d'ailantes, se cache le restaurant que nous sommes venus visiter. Tournant la tête de l'autre coté, j'admire la vue qui s'offrait aux clients du restaurant, et elle est diablement belle.



Puis, baissant la tête, quelle n'est pas ma surprise d'apercevoir... un renard ! Et même deux, puis trois ! Nous sommes fin juin, il fait bien chaud, et les trois boules de poils dorment paisiblement à l'ombre du petit bois en contrebas du restaurant. Deux des trois renards m'aperçoivent depuis le parking et s'enfuient. J'ai juste le temps de prendre une photo celui qui reste le temps d'un face à face distant de quelques secondes. N'ayant pas de téléobjectif, il est très petit sur la photo ci-dessous. Après avoir vu des moutons, des biquettes, des chiens, voilà que je vois des renards en me promenant dans un endroit abandonné. Vision à la fois poétique et sauvage.

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Ci-dessous à gauche, une vue du parking. Les photos suivantes présentent l'intérieur du restaurant, qui est comme on me l'avait dit «complètement vide, il n'y a plus rien à voir». Les faux plafonds ont été arrachés, des tags et des grafs décorent beaucoup de murs, et alors que la visite semble être réellement promise à un profond ennui, surprise ! Il reste encore quelque chose, et quelque chose d'imposant : un grand double escalier métallique. Ne possédant pas de super grand angle, j'ai du mal à vous le montrer dans son entièreté, mais rien que pour lui je suis content d'être venu. Malgré les tags, malgré le vide autour, je le trouve fabuleux.














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La visite continue, et au bout de quelques minutes, je me fais la réflexion que ce lieu est de toute évidence trop grand pour n'être qu'un «simple» restaurant. Les surfaces sont réellement impressionnantes, il y a trois ou quatre étages, l'organisation dans ce lieu devait être quelque chose de complètement fou, et pour le coup, le lieu possède quelque chose d'intéressant grâce à ça. On ne se promène pas en s'imaginant des clients à tables : on se promène en imaginant combien de personnes pouvaient être là un samedi soir, et ça file un peu le tournis.



Ci-dessous, d'autres étages, d'autres ambiances permettent de se faire une idée un tout petit plus précise de l'utilité des pièces. Rien de transcendant, on devine l'emplacement du grill mais rien de plus explicite. Un balcon au sommet permet de regarder d'un peu plus haut la magnifique vue, et surtout d'apercevoir un autre restaurant (dernière photo à droite ci-dessous), plus vieux et plus petit, collé à celui que nous venons de visiter. Dirigeons-nous vers cet autre restaurant !













Une fois redescendus sur le parking que nous avons traversé tout au début, nous passons une palissade défoncée, enjambons quelques détritus, puis nous rendons compte que nous venons de trouver un accès bien plus simple que celui que nous avons emprunté en arrivant. C'est via cet accès que nous nous dirigeons vers l'autre restaurant.

Après avoir grimpé le long d'un petit sentier, nous nous retrouvons «sous» le restaurant, dans une zone qui était invisible aux clients : les fondations en béton. Cette impressionnante forêt de piliers n'est pas moche à observer, et un détail vaut le coup d'�il. Sur la photo ci-dessous, l'arbre sur la gauche «traverse» le plafond. Il devait être là avant le restaurant et on a pris soin de construire cette terrasse sans le faire disparaitre. Une attention sympathique qui donne presque un aspect humain à cette triste et austère structure en béton.

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Juste à coté de cet arbre, la lumière : c'est par là qu'on entre ! Cette entrée est plutôt cool, merci à Mat pour la photo ! C'est marrant comme on ne se doute pas du tout que sous cette immense dalle de béton il y cette forêt de piliers.



Ci-dessous, la découverte du deuxième restaurant est bien plus rapide. Le bâtiment est plus petit, assez ancien, et l'accès à l'étage est bloqué tellement la structure en bois est dangereuse. Sur place, de très rares objets témoignent de l'activité passée du lieu. Le seul intérêt est à mes yeux le grand arbre autour duquel la terrasse en béton fut construire. Ici et là, la végétation s'installe...

















Visite terminée ! Nous redescendons vers la palissade séparant les deux restaurants et tombons sur deux Policiers Municipaux nous demandant si nous n'avons croisé personne dans le premier restaurant. Nous répondons que non, nous expliquons notre présence, et la discussion devient rapidement cordiale, les Policiers Municipaux comprenant rapidement que nos motivations sont uniquement photographiques. J'apprends quelques informations : le premier restaurant était un établissement très chic qui ferma à la fin des années deux mille. Détail sympa : un des policiers y dina même une fois. Nous quittons les lieux en observant les Policiers se diriger vers le restaurant, à la recherche de «Jeunes du coin» qui selon les Policiers ne se privent pas de «lancer des cailloux sur eux depuis la terrasse.»


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Ci-dessous, des images trouvées ici et là sur Internet. On y découvre un établissement plutôt classique, bien propre, assez kitch par endroits, avec en prime une photo datée, ce qui est rare pour des lieux pas trop connus dans ce genre. L'établissement était-il déjà fermé le 5 Aout 2009 ? Plus loin, deux autres photos, non datées, permettant de se faire une idée de la taille des lieux.






Début mars 2022 je suis retourné faire des photos sur place. Toujours aussi vide et tagué, le lieu n’avait pas trop changé, mais c’était intéressant de le documenter avec un angle plus grand que lors de ma visite de 2016. Un mois après que je sois venu faire mes photos, le lieu fut victime d’un incendie (19 Avril 2022). La partie en bois (le restaurant «L’Ermitage») partit en fumée, tandis que la partie en béton (le restaurant «Le Panoramic») ne fut pas touchée. Ci-dessous des photos de ma visite de mars :





























Ci-dessous deux photos de l'incendie du 19 Avril 2022. La deuxième photo date du lendemain.





Ci-dessous une vue Street View de Septembre 2022 montrant que tout a désormais disparu :



Ci-dessous des photos (non datées) trouvées sur Facebook suite à l’incendie.





















La première vue aérienne que j’ai pu trouver date de 1931. Sur celle-ci on voit que tout est déjà en place : l’Ermitage et le Panoramic sont présents. Mais est-ce qu’ils portaient ces noms-là à l’époque ? Difficile à dire, car l’Ermitage fut «rapporté» de l’Exposition Universelle de 1889. A l’époque il s’appelait «L’Auberge Espagnole» puis devint «La Guinguette du Grand Arbre» une fois installé à son nouvel emplacement. Une autre source parle du «Grand Robinson», ce qui donnera apparemment son nom à la commune (Plessis Robinson). Un peu plus tard (sans savoir quand exactement) un autre nom est utilisé : «Les Salons de l’Ermitage», qui devient par la suite «L’Ermitage» tout court. Source.

La vue de 1950 ci-dessous est intéressante, car on voit que des terrasses ont été construites pour les deux restaurants, ceux-ci offrant une magnifique vue sur la Vallée aux Loups et plus loin le Parc de Sceaux. C’est de cette époque que datent donc la structure en béton vue plus haut sur cette page, et qui soutient la terrasse de l’Ermitage. Sur la photo on voit même les tables installées. (En haut, le Panoramic, en bas, l’Ermitage.)

Sur les vues suivantes (1958 et 1963) on voit qu’une partie de la terrasse du Panoramic est couverte.



La vue ci-dessous (1966) est intéressante. Bien que de mauvaise qualité, on voit bien que le site du Panoramic est en train d’être modifié. C’est très probablement de cette époque que date l’installation du grand escalier.

Ci-dessous, une vue de 1968 montrant la nouvelle apparence du Panoramic, qui est désormais plus grand que l’Ermitage. Même si la photo est sombre on distingue bien les trois terrasses, toutes de tailles différentes. La toiture a également changé.

Ci-dessous une vue de 1969 montrant bien le site. On distingue bien les tables installées sur la terrasse de l’Ermitage. En contrebas, on voit qu’il y a eu du débroussaillage : ce sera pour accueillir le parking l’année suivante.

Ci-dessous, une vue du site en 1976. Pas de changement notable à l’Ermitage, mais le parking semble terminé en contrebas du Panoramic. On distingue également des poteaux en béton posés à droite du restaurant. Peut-être pour un parking couvert ? Difficile à dire, mais une chose est sûre : cette partie du site ne sera jamais terminée.

Ci-dessous une jolie vue de 1982. Tout semble bien se passer à l’Ermitage (on voit bien les tables) comme au Panoramic. Trois voitures sont garées sur le parking.

Ci-dessous, nous voilà en 1983. Si j’en crois les tables visibles, l’Ermitage fonctionne encore, tout comme le Panoramic.

Ci-dessous, 2004 :

Les vues suivantes montrent le lent abandon du site. Elles vont de 2007 à 2020. Si vous avez la moindre information qui pourrait améliorer cette page, n’hésitez pas à m’écrire !



















Rappel : les deux restaurants n'existent plus, il ne sert à rien de se rendre sur place.

Ci-dessous, un grand merci à Matthieu pour m'avoir envoyé vers cette page présentant de très belles photos anciennes des deux restaurants. Grâce à ces images j'ai pu apprendre que début 1900 le "Panoramic" portait le nom de "Pavillon de la Tour" avant de s'appeler "Terrasse du plus beau point de vue de Robinson" vers 1930.









Pour ce qui est de "L'Ermitage", voici de très belles photos datant de début 1900, 1930, 1940 et 1950. Photos extraites de cette page. Un grand merci à Matthieu !